fbpx → Passer directement au contenu principal
The Pan African Music Magazine
©2024 PAM Magazine - Design par Trafik - Site par Moonshine - Tous droits réservés. IDOL MEDIA, une division du groupe IDOL.
Le lien a été copié
Le lien n'a pas pu être copié.

Oxlade : après le Nigeria, le monde?

Le chanteur nigérian à la voix de tête est passé de l'obscurité à la célébrité internationale grâce à une poignée de titres. PAM s'est entretenu avec le jeune artiste pour faire un point d'étape.

L’ascension d’Oxlade, qui en l’espace d’un an est passé de l’obscurité à la sérénade devant environ 20 000 personnes à l’O2 Arena de Londres, est l’une des plus belles réussites de la musique nigériane. Il s’est imposé comme l’une des têtes d’affiche de la pop naija contemporaine. Le chanteur de « Away » rejoint un groupe d’artistes comme Wizkid ou Simi, dont les débuts ont été marqués par leur jeunesse passée à Surulere, commune populaire située au cœur de Lagos. Oxlade s’est fait connaître du grand public après que « Mamiwota », une collaboration avec Blaqbonez, soit devenue virale sur les réseaux sociaux. « Je n’étais pas actif musicalement lorsque cette chanson est sortie ; je travaillais dans un cybercafé parce que j’avais besoin de me nourrir », explique-t-il. Ce morceau, dont les paroles étaient scandées mot pour mot par la foule lors du concert de l’O2 Arena, a changé la donne pour le chanteur. « Cette expérience m’a permis de croire en moi et de voir l’étendue de mon potentiel. »

Ikuforiji Olaitan Abdulrahman de son vrai nom, a commencé à s’exercer à la musique dès 10 ans au sein de la chorale de son église. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’Alpha Ogini qui lui présentera plus tard Blaqbonez. Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’Oxlade, armé de sa voix de fausset et de son élocution envoûtante, ne devienne l’artiste de prédilection de tout le gratin de la musique. Parmi ses morceaux on peut compter « Non-Living Thing » avec le chanteur ghanéen Sarkodie, « All My Life » avec le nigérian MI, « Slow Down » avec le jamaïcain Skip Marley, « Saralm » avec le turc Umut Timur et bien d’autres encore.

En 2020, le chanteur sort son premier projet, Oxygen, dont la sortie coïncide avec le début de la pandémie. « J’étais frustré et rien n’avait vraiment de sens pour moi, mais la beauté de la musique c’est qu’une chanson qui est destinée à exploser finira par le faire. » confie l’artiste. Le projet est une suite de ballades pop qui évoque la douleur, la romance, et invitent la danse. On y trouve des sons plébiscités par le public comme « Hold On », « O2 » et « Away » devenus pour certains des morceaux parmi les plus populaires au Nigéria cette année-là. En 2021 il fait monter la barre avec un projet quasi surprise baptisé Eclipse qui donne naissance au viral « Ojuju ». Selon le chanteur qui cite Wande Coal comme sa plus grande influence, « C’est comme si j’étais passé par les aléas et désagréments du voyage de la vie. C’était important pour moi de chanter sur ma douleur, ma situation, ma santé mentale et ma perception de l’amour à ce moment-là. »

Après avoir navigué dans l’industrie musicale en tant qu’artiste indépendant depuis ses débuts, il a récemment signé avec Epic et Columbia Records, deux filiales de Sony Music. Dans cette interview, il se confie à PAM sur cette nouvelle phase de sa carrière.

 Parle moi d’Olaitan avant qu’il ne devienne Oxlade

Olaitan a commencé à chanter à l’église et a passé toute sa vie à faire de la musique. Il a grandi avec sa grand-mère après la perte de sa mère à 3 ans. C’était dur d’en arriver là parce que ma famille ne voulait pas que je devienne musicien, donc j’ai dû quitter la maison et le reste appartient à l’histoire. Je suis heureux d’avoir priorisé mon bonheur, et d’avoir fait ce que je voulais faire avant de faire ce que les autres voulaient que je fasse. C’est ce qui a permis que j’en sois là aujourd’hui. 

Est ce qu’il y a un moment ou tu as réalisé que la musique était ta vocation ?

Quand « Mamiwota » est sorti, je n’étais pas actif musicalement. Je taffais dans un cyber café parce qu’il fallait bien que je me nourrisse. La musique a un but pour moi, elle m’a rappelé et c’est pour ça que ça marche pour moi aujourd’hui. La musique s’est montrée comme une évidence à maintes reprises. Par exemple, j’ai chanté à la O2 Arena aux côtés de Wizkid en 2019 avant même d’avoir un hit à mon actif. Beaucoup de gens remueraient ciel et terre pour une telle opportunité mais dans mon cas c’était une requête directe de l’artiste. Ce genre de moment m’ont permis de croire en moi et de voir l’étendue de mon potentiel. Je n’oublierai jamais. 

C’est phénoménal. Tu as dit que quand « Mamiwota » est sorti tu n’étais pas exactement un artiste ?

Ouais. J’ai dû arrêter la musique pour chercher un taf qui me permettait de me nourrir. C’était dur d’être dans la rue après avoir quitté ma famille parce que je ne voulais pas retourner à l’école. La musique m’a donné une vie, le succès, la confiance, une identité, et tout le reste. 

Incroyable. Comment es-tu devenu pote avec Blaqbonez ? 

J’étais dans un groupe de chanteurs a cappella qui faisaient des sérénades. Un des leaders du groupe nous a présenté Alpha Ogini pour enregistrer. Il travaillait avec Blaqbonez à l’époque . Après notre session, j’attendais derrière et je l’ai supplié de me faire des beats, mais il était sceptique parce que je n’avais encore rien fait dans l’afrobeats. Finalement, il a cédé et on a fait un son qui est parvenu jusqu’à Blaqbonez, ce a amené ce dernier à me contacter. Il m’a dit qu’il voulait collaborer avec moi et c’est comme ça que « Mamiwota » a vu le jour. C’était énorme pour moi – et ça l’est toujours – parce que j’ai toujours été un grand fan de Blaqbonez. C’était un des plus gros rappeurs de l’Université Obafemi Awolowo (OAU) et les gens disaient toujours à quel point il était bon sur Facebook et dans les communautés 2Go (une application de partage de fichiers et d’échanges au départ destinée aux étudiants). Je regardais ses freestyles comme un fan, donc travailler avec lui est un rêve devenu réalité et je suis heureux que nous puissions avoir un impact l’un sur la carrière de l’autre.

Oxlade_portrait
Tu as aussi une histoire avec Fireboy sur « Sing » en 2018. Comment s’est fait la connexion ?

J’ai rencontré Fireboy dans le studio d’un de mes amis producteurs. Il était calme, donc nous n’avons pas beaucoup parlé ou communiqué. Plus tard, je discutais avec Zamorra et je lui ai demandé quels étaient ses artistes préférés. Il a mentionné Kizz Daniel, Davido, et Fireboy. Je me suis demandé qui était Fireboy et pourquoi il était dans la liste. Il m’a répondu « Fireboy n’est pas spécialement connu mais c’est l’un des plus talentueux, et l’un des meilleurs compositeurs que j’ai rencontrés ». Ça a éveillé mon intérêt pour Fireboy, donc quand on s’est rencontré après qu’il ait aussi écouté ma musique, on avait un respect mutuel l’un pour l’autre et ça a matché. On s’est découvert beaucoup de points communs et tout s’est mis en place avant même que « Sing » ne se fasse. 

Ta voix a quelque chose d’unique. Tu dois le savoir maintenant…

Je l’ai toujours su (rires). Je ne savais juste pas que j’atteindrai le stade où il serait possible d’en vivre. Même si je n’ai pas toujours été confiant parce que je ne voyais pas encore les chiffres, les streams, l’amour, ou la fanbase. 

Tu es devenu l’un de ces artistes qui est sur toutes les lèvres sans même sortir tes propres morceaux. Est ce que c’était une stratégie ? 

Je n’avais personne, pas de parrain, pas de label, ni de structure quand je suis entré dans l’industrie de la musique. Donc j’ai essayé de faire des collaborations stratégiques qui me bénéficieraient à moi mais aussi aux artistes avec qui je collabore. « Mamiwota » m’a donné l’inspiration pour faire plus de collaborations stratégiques et depuis, j’ai réussi à être un contributeur important de la scène rap africaine. Il y a « Kolo » avec Ice Prince, « Non-Living Thing » avec Sarkodie, « All My Life » avec MI, « African Girl Bad » avec Zoro, etc. Ces collaborations étaient prévues parce qu’elles étaient stratégiques pour moi et les autres artistes, c’était super de travailler avec chacun d’entre eux. 

L’année dernière « Ojuju » a créé beaucoup d’engouement sur les réseaux sociaux. Quel était ton but avec ce son ? 

A cette période, l’industrie était inondée d’amapiano, donc j’ai tenté autre chose. C’était audacieux parce que mon équipe n’était pas entièrement convaincue mais j’ai tenu bon et je suis heureux que ça ait porté ses fruits. « Ojuju » a rendu les artistes plus confiants, on peut sortir des chansons lentes et douces. J’ai voulu explorer une nouvelle facette d’Oxlade qu’on avait pas encore vue, parce qu’il parle toujours d’amour mais l’insécurité ou la toxicité sont des choses sur lesquelles les gens chantent rarement, bien qu’on sache tous que l’amour n’est pas toujours tendre. Il y a toujours un revers de la médaille et je suis assez chanceux d’être celui qui en parle. 

Tu as sorti Oxygen a un moment plus qu’incertain mondialement mais « Away »  est tout de même apparu comme un des plus gros sons de 2020. Tu as dû en tirer quelque chose non ? 

C’était une bénédiction et une malédiction parce que je ne pouvais pas promouvoir ma musique avec la pandémie. J’étais frustré et rien n’avait vraiment de sens pour moi, mais la beauté de la musique c’est qu’une chanson qui est destinée à exploser finira par le faire. Au début, j’avais l’impression de rater une occasion parce que les morceaux marchaient bien mondialement mais que je ne pouvais pas faire de concerts. Je ne suis pas sûr du succès final qu’a eu le projet mais ce que je sais c’est que j’ai donné au monde mon meilleur et qu’il l’a accepté sans question. 

Ensuite t’as enchaîné avec Eclipse, une sortie surprise …

Je n’ai pas envie d’attendre trop longtemps avant de sortir un disque. Je sors juste de la musique parce que j’ai l’impression que l’anticipation tue l’authenticité et la qualité du son. Quand les gens ne s’attendent pas à quelque chose et que tu leur donnes, ils n’ont plus le choix. Je crois que c’est ma formule et que ça à marché jusqu’à présent. 

Il y a quelque chose d’étrange dans l’esthétique de ces deux projets. J’imagine que ce n’est pas une coïncidence ?

Les deux projets dépeignent deux phases de ma vie. Oxygen représentait un Oxlade pur et entier qui faisait de la musique pour l’amour de la musique. C’est pour ça que des sons comme « Hold On », « O2 » montrent mon côté vulnérable, tandis que « Away » me montre comme un lover, mais Eclipse est un mélange des facettes lumineuses et sombres d’Oxlade. C’est comme si j’étais passé par les aléas et les nids de poules du voyage de la vie. C’était important pour moi de chanter sur ma douleur, ma situation, ma santé mentale et ma perception de l’amour à ce moment-là. 

Maintenant que tu as accumulé de l’expérience, comment décrirais-tu le nouvel Oxlade ? 

Oxlade est à deux doigts de dominer la scène internationale. Moi et les équipes d’Epic, de Columbia et de Sony on est optimistes quant aux projets à venir. En plus, c’est l’année de sortie de mon album après des années d’enregistrement. J’ai l’impression que le monde n’a même pas entendu la moitié de ce qu’Oxlade a à offrir.

Chargement
Confirmé
Chargement
Confirmé