Le 14e Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Abidjan), renoue avec sa saison et propose encore, du 10 au 15 mai d’Abidjan à San Pedro, une très belle affiche cette année.
Le festival fondé par A’salfo et ses amis Magiciens il y 15 ans, alors au beau milieu du marasme de la crise socio-politique ivoirienne, est devenu une véritable institution dédiée à la jeunesse à laquelle, outre les concerts géants, les organisateurs proposent des forums de réflexion destinés à les aider dans leur orientation. Les parenthèses Covid n’ont pas eu raison de la détermination des Magic System qui ont réussi à maintenir – en septembre dernier – leur édition 2021, et renouent cette fois-ci, pour 2022, avec la saison habituelle où se tient cet évènement qui n’a pas d’équivalent. Si dans les « carrefour jeunesse » – ces rendez vous de discussion – on parlera « entrepreunariat et employabilité des jeunes », une fois encore, le Femua Kids sera dédié une journée entière à l’enjaillement des plus petits.
Côté musique, sur la grande scène de l’INJS (Institut national de la jeunesse et des sports), le public – gratuitement convié – devrait se régaler du défilé de pointures qui se succèderont, et dans les genres les plus variés. Le zouglou d’abord, que le festival n’oublie jamais, avec cette année – outre les Magiciens qui jouent à la maison, le duo de « vieux pères » Yodé et Siro dont quelques-uns des tubes ont fait date dans l’histoire musicale du pays (qu’on repense à « Victoire » et au combat façon jeu vidéo que Satan et Jésus se livrèrent dans les rues d’Abidjan pour le contrôle des maquis et cinémas). Les deux compères ont d’ailleurs signé leur grand retour en 2020 avec l’album Héritage. Le rap lui aussi sera de la partie, avec Suspect 95, une des étoiles montantes du rap ivoire, le Malien Iba One, mais aussi Youssoupha venu en voisin puisqu’il est installé depuis quelques années au bord de la lagune Ebrié. Il représentera à la fois le rap français et aussi, peut-être, ses origines congolaises car cette année, c’est la RDC, pays de la rumba, qui est l’invité d’honneur du Femua. Innos’B est ainsi convié avec ses danseuses et danseurs pour faire bouger le public abidjanais, histoire de montrer aux adeptes du coupé-décalé que les Kinois demeurent très forts quand il s’agit de danser. Le Cameroun lui aussi sera là, avec Coco Argenté et son bikutsi déchaîné, et même la Tanzanie représentée par sa star Diamond Platinumz, qui autrefois chanta avec Papa Wemba. Pour lui, ce sera un voyage plein de sens sur les terres où le « pape de la sape » rendit l’âme il y six ans déjà. Sa présence hante toujours le Femua, comme pour dire : « je ne suis plus là, mais je compte sur vous pour l’enjaillement ».
À bon entendeur… rendez -vous à Abidjan !