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The Pan African Music Magazine
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Banlieues Bleues s’annonce fort 
Rocé @Ryadh_Roublev

Banlieues Bleues s’annonce fort 

Le festival francilien présente, du 26 mars au 22 avril, un programme aussi riche que varié dans lequel le jazz et les musiques d’Afrique et des diasporas jouent les premiers rôles. PAM est partenaire et vous en donnera des nouvelles.

Après une édition printanière 2021 où le public était convié derrière ses écrans, restrictions covidiennes oblige, après la série de concerts d’été en plein air dans les quartiers de Seine-Saint-Denis, la 39e édition du festival Banlieues Bleues a des airs de revanche joyeuse sur la morosité de la période, et d’appel au bonheur de retrouver les concerts debout, en salle. La programmation a de quoi donner envie de se lever, d’écouter, de réfléchir et de danser. Qui dit mieux ? 

On y retrouvera Kutu, le fameux groupe franco-éthiopien, qui mêle chants et machines de transe emmenés par le violon fou de Théo Ceccaldi et les voix incandescentes de ses sœurs d’Addis (le 8 avril, Pantin). Mais aussi ce bon vieux Sam Mangwana, preuve vivante que les doyens de la rumba sont toujours là, plus classe et distingués que jamais. Le maestro jouera certainement, ce 16 avril à Pierrefitte, un mélange de ses grands classiques, et des derniers morceaux qu’il a publiés sur l’album Lubamba. Si vous ne connaissez pas suffisamment l’histoire de ce monument, suivez le guide. Et pour le reste de la programmation, qui est trop riche pour qu’on la détaille ici, en voici quelques éclats bien choisis

Ka-danses rebelles 

« On réunit en Seine-Saint-Denis, autour du mot jazz, beaucoup de familles musicales, y compris des gens qui ne font pas du jazz, ce qui ne plaît pas à tout le monde… c’est de la musique non formatée ! »

Xavier Lemettre, directeur du festival

Banlieues Bleues, qui se refuse visiblement à enfermer le jazz dans une case, s’aventure vers ses terres de cousinage, celle des infinis possibles dont accouche partout la créolisation. Le tambour ka de Guadeloupe, et la musique dont il est le roi auront la part belle, deux soirées durant. D’abord avec le groupe ExpéKa, qui autour du batteur et percussionniste Sonny Troupé, de la rappeuse Casey et de la chanteuse et flûtiste Célia Wa, profiteront des vibrations de ce tambour qui a accompagné toutes les révoltes guadeloupéennes, pour raconter les rages et les orages d’aujourd’hui. Les textes acérés de Casey seront servis par l’ampleur du band, car ExpéKa qui joue souvent en trio sera ce soir-là en sextette (le 9 avril, Montreuil). 

ExpéKa (Teaser)

Le ka, qui décidément infuse de plus en plus la création musicale d’aujourd’hui, est aussi l’un des piliers de la nouvelle création de Magik Malik (20 avril, Pantin). Il ne faudrait pas oublier que ce flûtiste touche à tout, féru de rencontres et d’improvisations, a découvert son instrument en Guadeloupe où, après être né à Abidjan, il a passé son enfance et son adolescence. Le ka lui a sans doute tapé dans l’oreille à l’époque, au point de consacrer un répertoire entier au mariage de la musique gwoka et de l’afrobeat. Les deux réunis forment le couple « ka-frobeat », un mot qui sonne peut-être aussi comme un hommage aux noirs de la Réunion qu’on appelle « cafres », en créole de là-bas. En tout cas, Malik et ses 10 musiciens joueront pour la première fois sur scène leur créations originales qui sont autant de voyages dans leurs sources d’inspiration car, Africains ou non, tous ont été biberonnés aux sons de la Great Black Music. Pour ne rien gâter, la chanteuse Sandra Nkaké et le rappeur Gaston Bandimic viendront les rejoindre sur scène, histoire d’enchanter un peu plus cette soirée. 

Des révoltes portées par le ka aux mots qui galvanisent, il n’y a qu’un pas que le rappeur Rocé à coup sûr, franchira le 9 avril à Montreuil. Car celui qui s’était fait connaître en 2006 avec le magnifique Identités en Crescendo (No Format) a, ces dernières années, travaillé à faire découvrir le patrimoine des chansons qui ont rythmé les luttes d’émancipation des pays francophones. Une autre histoire, méconnue, contée Par les damné.e.s de la terre, pour reprendre le titre de cette compilation fort bien documentée parue chez Hors Cadre. Elle visait à nourrir, en racontant l’histoire des luttes d’hier, les combats d’aujourd’hui. Et c’est bien ceux-là que Rocé chantera, en découvrant pour le public les morceaux de son nouvel album à paraître bientôt.

Melissa Laveaux © Adeline Rapon
Vaisseau mère et filles

Sans ka mais avec sa guitare, Mélissa Laveaux sera elle aussi du festival pour une escale – le 5 avril, Cichy-sous-Bois dans la tournée qui accompagne Mama Forgot Her Name Was Miracle, son nouveau disque qui paraît demain. Elle y rend hommage à des figures féminines, de la papesse des tarots à la divinité Lillith, ou encore à la poétesse et militante féministe Audrey Lorde. Pourquoi ? « Car changer les légendes, c’est changer le présent », dit l’artiste. Et si elle brûle de l’encens pour nous shooter aux héroïnes de toujours, d’autres consœurs également invitées à se produire au festival interrogent les rapports de genre et la place des femmes. D’ailleurs, pour ce qui est de la place des femmes, elles font mieux que l’interroger : elles la prennent, point. C’est le cas d’Ami Yerewolo, qui a réussi à émerger de la scène rap malienne, tout aussi masculine qu’ailleurs. Elle déploie d’ailleurs, comme sur scène et dans ses clips, la même énergie pour soutenir ses sœurs rappeuses. Car c’est bien à Ami « l’authentique » que l’on doit le festival qui leur est dédié, baptisé « le Mali a des rappeuses ». 

À Bamako toujours, et le même soir du 22 avril sur la scène d’Aubervilliers : Rokia Koné. Elle aussi a un parcours de (com)battante, et si sa voix a séduit Jacknife Lee (producteur au long cours qui a collaboré avec R.E.M ou U2), c’est peut-être justement parce qu’elle porte en elle les fêlures, les tristesses et les joies d’une vie faite d’obstacles, où l’indépendance a son prix. Toujours est-il que les arrangements électroniques de l’Irlandais serviront de belle manière la voix de la chanteuse, au cours d’une soirée que viendront conclure les Kokoroko. Le trépidant collectif londonien emmené par Sheila Maurice-Grey sera de la partie, pour faire bouillir le dance floor au son du plus groovy des jazz-fro-beat qui soit : le leur.

Rokia Koné & Jacknife Lee – Kurunba (Official Video)

Enfin, le festival, qui s’est fait une spécialité des grandes créations collectives, en a cette année donné les clefs à la rappeuse, productrice et artiste visuelle T.I.E. Celle-ci a imaginé un « vaisseau mère » qu’elle voit comme « un espace de conversation entre le féminin et le masculin, afin d’asseoir l’équilibre entre ces deux pôles, et d’aller vers une utopie, un imaginaire au sein desquels on pourrait construire de nouveaux types de relations entre hommes et femmes ».. En renfort, pour construire cet ambitieux vaisseau, une équipe qui réunit des musiciennes, une chorégraphe, une artiste visuelle, une comédienne et l’association Femmes Sauvages qui encadre déjà des ateliers de chant, de danse et d’écriture auprès des participants amateurs. « Ces créations, explique Xavier Lemettre, sont assez spectaculaires parce que les groupes de non professionnels qui participent décident de plein de choses, ça se fabrique vraiment de manière collaborative. Les participants — en tout près de 70 — se transforment en artistes, certes non professionnels, mais ils s’expriment. » Un spectacle toujours en gestation à l’heure où ces lignes sont écrites mais qui devrait être total puisqu’il associe chant, musique, danses et arts visuels le temps d’une soirée, le 2 avril à la Courneuve. À ne pas manquer. Si avec tout cela, et tous ceux qu’on a oubliés, on ne vous a pas donné envie d’aller à Banlieues Bleues… 

Et pour ceux qui ont compris, restez branchés : on vous fera gagner des places pour certains concerts, puisque PAM est partenaire de cette 39e édition. Retrouvez le programme complet.

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