Le groupe phare de l’île, né dans les années 70, a traversé vents et marées. Le label Bongo Joe a entrepris de rééditer ses plus grands succès dans le premier volume d’une anthologie. En attendant sa sortie (1er avril), PAM en dévoile un des redoutables tubes.
« Vence Vitória », voilà un des grands tubes de l’orchestre África Negra qui a lui seul pourrait représenter l’excellence de la musique de São Tomé. D’ailleurs, c’est l’un des rares à avoir défendu les couleurs de cette île colonisée par les Portugais, qui servit de lieu de relégation et d’exploitation de la main d’œuvre de tout l’empire. Au reste, lorsque le groupe formé par Horacio, boucher de son état, et son ami Emidio Pontes décide de changer de nom, en s’appelant África Negra (« Afrique noire ») en 1974, le pouvoir colonial le prend très mal et l’orchestre, qui s’appelait depuis 1972 le Conjunto Milando, devra quelques mois durant adopter le nom bien plus fleur bleue (ou fleur jaune) de Girasol (« Tournesol »). Car l’indépendance arrive à grand pas, comme dans le reste des colonies portugaises, précipitée par la Révolution des œillets. À São Tomé, c’est Africa Negra qui incarnera – comme en Guinée Bissau le Super Mama Djombo, l’euphorie et les espoirs de ces années-là.