Un pied en Suisse et l’autre au Sénégal, le quatuor Siselabonga entre dans l’ère électrique avec Warnama, un EP dans lequel cohabitent la kora et le rock psychédélique. PAM s’est entretenu avec le groupe, qui nous offre le clip de « Yow Me De » en avant-première.
2014. Fabio Meier rencontre Tarang Cissokho au Sénégal par l’intermédiaire du grand frère de ce dernier. Le courant passe entre les deux hommes, qui voyagent ensemble à Madagascar l’année suivant dans le cadre du projet Forest Jam. Ils y rencontrent Glauco Cataldo aka Blind Boy De Vita et commencent à jouer ensemble, écrivant sans le savoir les premières lignes de l’aventure fusionnelle Siselabonga. « Idéologiquement, nous aimons la fusion parce qu’elle l’emporte sur la division », nous explique Fabio, batteur et percussionniste du groupe. « Puisque notre groupe est culturellement diversifié, nous sonnons naturellement comme un collage musical ou un remix. »
Ensemble, ils se construisent par la force des choses une identité purement acoustique définie par la kora, la guitare et la calebasse. « Nous étions souvent sur la route donc c’était bien de voyager light pour être capable de répéter, jammer ou donner un concert n’importe quand, même sans électricité », explique le groupe, qui sortira de cette manière leur premier EP Binta, résultat de nombreux allers et retours entre la Suisse et le Sénégal. Au fur et à mesure, les musiciens amplifient leur son, et le trio acoustique devient quartet électrique, rejoint par le bassiste Gregory Schärer. Capables d’adapter leur setup en fonction de l’audience et du lieu, ils se laissent envahir par l’énergie de la scène et signent enfin les cinq titres de Warnama, digne successeur de leur premier EP. « Maintenant, nous explorons notre son en utilisant une batterie, une guitare électrique, en ajoutant une basse électrique et en expérimentant avec delays et distorsions », souligne Fabio. « Sur cet EP, nous présentons notre palette sonore complète. »
Tout en malmenant les 22 cordes de son instrument, Tarang -arrière-petit-fils du roi de la kora Sudjoulou Cissokho- chante en Mande et en Wolof, affirmant sa personnalité ouest-africaine au sein de ces structures rock et folk psychédéliques. Dans une atmosphère qui oscille sans prévenir entre berceuse et bombe à retardement pour festival, il transmet des messages sur l’infidélité ou la politique clandestine et rend hommage à des personnages tels que la danseuse sénégalaise Germaine Acogny, ou le grand marabout Serigne Saliou Mbacké. Sur l’imparable « Yow Me De », qui signifie « toi aussi », Tarang se met dans la peau de son alter-ego et s’adresse à la mémoire collective. « Il parle également de certaines personnes qui ont une énorme influence sur la société », complète Fabio. « Le public ne les voit pas vraiment ou ne les connaît pas vraiment, mais elles font toujours les choses de manière furtive. Il parle de la façon dont nous vivons dans le nouveau monde où tout changera. L’ancien monde mourra et nous créerons quelque chose de nouveau. »
L’EP est disponible depuis le 18 septembre 2020, commandez-le ici.