Le bassiste sud-africain et son groupe dévoilent Finish The Sun, un deuxième album inspiré par la musique africaine des années 70, une envie d’expérimenter et une bonne dose de soleil.
« Fin 2020, je commençais chaque journée en prenant une tasse de café et en jouant de la guitare », se souvient Shane Cooper dans une note vocale qu’il nous envoie depuis Johannesburg. « Comme je n’en avais pas joué depuis des années et que je n’avais pas d’habitudes en la matière, je me sentais très libre et je me laissais aller. Sans trop y réfléchir, j’ai fini par m’orienter naturellement vers le groove, le funk et des choses qui tournaient autour de divers styles africains que j’avais entendus au fil des ans ». La liberté, le confort et le plaisir de commencer la journée avec un café et une guitare sont contagieux dans Finish The Sun, le deuxième projet du bassiste et de son groupe Mabuta. Les compositions sonnent libres et sans contraintes, et les morceaux passent sans effort d’un genre à l’autre, passant d’un groove malien à un schéma afrobeat, référençant le hip-hop pour finir dans des rythmes maskandi, le tout enrobé d’une atmosphère estivale et joyeuse. « Je ne faisais qu’explorer », résume Shane.
Explorer est depuis le début le credo de Mabuta, fondé en 2019 par le musicien sud-africain aux côtés de Bokani Dyer aux claviers, Sisonke Xonti au saxophone, Robin Fassie à la trompette et Reza Khota à la guitare. Bien que tous les membres soient connus pour leur rôle dans la scène jazz locale, Shanes assure qu’il a « toujours voulu que ce groupe soit un groupe qui puisse jouer pour n’importe quel public, que ce soit 30 personnes dans un club intime ou 2000 sur un séjour en festival ». Sur Finish The Sun, il a décidé de canaliser cette énergie expérimentale dans un son groovy et funky, avec un focus particulier sur le psychédélisme des années 70. « Nous avons réutilisé les synthés analogiques et la musique africaine de cette époque, lorsque les gars mélangeaient les éléments traditionnels de ces régions particulières avec l’influence de la musique funk de l’ouest », explique-t-il. « Des trucs qui venaient du Sénégal, du Bénin, du Cameroun… ». Les membres du groupe Mabuta ont immédiatement adhéré à cette idée : « On écoute tous beaucoup de musique du continent et nous en sommes de grands fans. Cela fait partie de l’ADN du groupe ! »
Pourtant, le son mis en avant dans Finish The Sun, au-delà des références évidentes sur des titres comme « Where The Heart Is » et « Kucheza », reste profondément ancré dans le jazz sud-africain, prouvant une fois de plus l’incroyable capacité de la scène à se réinventer. « Parce que tout le monde dans le groupe vient d’un jazz vraiment profond, on joue tous les rythmes et les harmonies d’une certaine manière, on a des solos prolongés, de longues intros… », dit Shane. D’une certaine manière, Mabuta n’est jamais aussi proche du jazz de Johannesburg que lorsqu’il tente d’expérimenter, d’y apporter de nouvelles sonorités et, ironiquement, de s’éloigner le plus possible de la scène et de ses standards. Une démarche cohérente, dans un environnement musical dynamique et bouillonnant. « Il y a une vitalité et une énergie créative particulières à Joburg, beaucoup d’expérimentation et de volonté de repousser les limites », ajoute Shane. « Les sons du jazz sud-africain évoluent et beaucoup de gens essaient de trouver ce qui va suivre. » Dans nos écouteurs, c’est définitivement Mabuta.
Finish The Sun de Shane Cooper et Mabuta, disponible le 13 mai.
Écoutez « Finish The Sun » dans notre playlist Songs of the Week sur Spotify et Deezer.