Le jeune producteur luso-angolais basé entre Reims et Lisbonne nous invite à puiser le meilleur de nous-mêmes sur son nouvel EP Crazy Times, publié sur le label parisien Boukan Records. Le prodige de la batida a répondu à nos questions à l’occasion de cette sortie.
Vanyfox a parcouru du chemin depuis notre première rencontre à l’été 2020. C’était au moment du lancement de la compilation Enchufada Na Zona Vol. 2 de Branko et son nom commençait alors à gagner de la reconnaissance au-delà de la sphère Soundcloud, qu’il agitait depuis plusieurs années maintenant. Depuis le producteur originaire de la banlieue de Lisbonne s’est émancipé et à accélérer la cadence. A bientôt vingt-deux ans, il enchaîne les lancements de singles à la pelle, se voit inviter sur des compilations de choix aux castings internationaux (SMS for Location Vol.4 de Moonshine et MÜGUU de 99Ginger) et a sillonné les scènes des festivals lors d’une intense tournée cet été, avec en point d’orgue sa Boiler Room mi-septembre à Paris, où il a offert un set ténébreux d’une rare intensité. Pour confirmer un peu plus l’essor de sa carrière prometteuse, il rejoint désormais la société des ambianceurs de Boukan Records dirigée par Bamao Yendé avec un nouvel EP, Crazy Times. Une collection de cinq titres tonitruants conçus pendant le premier confinement comme un exutoire pour son auteur, où sa batida revêt de nouvelles couleurs et dont il revient sur la création pour PAM. Interview.
Ton EP s’appelle Crazy Times, qu’as-tu voulu transmettre au travers de ce projet ?
Le titre n’a pas beaucoup de signification en soi, c’est juste pour dire que pendant le COVID, tout le monde avait des « crazy times », des moments de pétages de câble. L’EP commence par « Butterfly », sur ce track j’ai voulu dire que même pendant le COVID, le confinement, on reste libre. Il ne fallait pas beaucoup penser, il fallait quand même être actif et faire des choses pendant cette période. Vous pouvez vous exprimer et dire ce que vous ressentez, avant le COVID comme maintenant. Je voyais que les gens se sentaient tristes, personne ne pouvait sortir, les artistes ne pouvaient plus travailler, moi même j’ai connu ça.
Mon message c’est que même si on était dans cette situation, il ne fallait pas penser aux problèmes. Il fallait écouter de la musique parce que pour moi, la musique c’est une médecine, c’est comme une thérapie. Il y a un autre morceau de l’EP qui s’appelle « Sonapista », ça veut dire qu’il faut danser sur le dancefloor pour oublier ses soucis, jusqu’au matin s’il le faut, il faut vivre dans l’instant présent. C’est ça mon message : ne vous inquiétez pas, ça va aller mieux. C’est un message d’espoir.
Qu’as-tu voulu explorer musicalement sur ces cinq nouveaux titres ?
Il n’y a pas beaucoup à dire sur les morceaux, c’était juste une sélection de tracks très mélodiques. Ça reste aussi percussif. C’est toujours de la batida mais c’est moins sombre, c’est plus dans un mood « feel good ». Mes beats fonctionnent comme des émotions. Tu peux être énervé et en même temps rester doux. C’est une histoire d’équilibre, de balance. Et je mélange ça dans ma musique : des percussions énervées avec des mélodies très soul, très douces. C’est un équilibre de moods. Il y a beaucoup d’ambiances et d’atmosphères différentes dans l’EP, c’est comme un voyage. Il ne faut pas penser sur cette planète, il faut penser d’une autre planète. Ça va vous emmener ailleurs (rires).
Dans quel état d’esprit étais-tu lors de la conception ? Comment as-tu trouvé l’inspiration pendant ces périodes de confinement ?
Pendant le COVID, j’étais trop enfermé chez moi. Je n’ai pas fait grand chose à part faire des beats, jouer aux jeux vidéo ou regarder des films donc on va dire que l’inspiration est plus venue dans le fait de rester positif. Se dire qu’après tout ça, ça ira bien. Cet EP c’est une thérapie. Parce qu’il faut faire en sorte d’aller mieux mentalement, c’est très important. Donc l’inspiration c’était de penser à toutes ces personnes qui sont tombées en dépression, qui ont perdu leur travail, qui ont perdu des proches, c’était un peu tout ça. Il n’y a pas de paroles dans l’EP, il n’y a que mes mélodies, c’est tout ce que je peux donner.
Comment s’est faite la connexion avec Boukan Records ?
Bamao (Yendé, ndlr) m’a contacté en novembre 2019, il connaissait déjà mon style et ma musique, il kiffait déjà ce que je faisais. Il m’a demandé si je voulais faire un EP avec eux, et puis ça s’est fait naturellement. On en a parlé fin 2019 et on s’est organisé pour l’EP : on a fait une sélection de tracks, on a parlé d’artwork, de lancement. C’était il y a déjà deux ans, on a pris du temps pour réfléchir dessus. Normalement, l’EP devait sortir l’année dernière mais comme j’avais trop de singles à sortir, je ne pouvais pas faire tout ça en même temps.
Donc j’ai vu avec Bamao pour mettre en stand-by l’EP l’année dernière. Ce début d’année j’avais pas mal de choses à faire aussi, il ne fallait pas tout mélanger. Finalement, il sort maintenant pour le mois de mon anniversaire parce que je suis né le 11 octobre. Et là je pars à Lisbonne où je vais jouer avec Moonshine et pour moi ça sera une sorte de release party de l’EP.
Crazy Times de Vanyfox, disponible partout via Boukan Records.
À écouter dans notre playlist afro + club sur Spotify et Deezer.