Dub polyrythmique avec Azu Tiwaline, transe industrielle avec le noiseux en exil François Cambuzat ou musique de possession avec les activistes digitaux d’Arabstazy… La Tunisie sonore, pulsionnelle et expérimentale fait feu toute la semaine dans le club du Trempo, à Nantes. Tunisie, Go !
Longtemps repoussé pour cause de pandémie mondiale, le pont sonore entre Nantes et la Tunisie est enfin activé : toute la semaine, à travers l’événement Tunisie, Go !, l’industrieuse scène bruitiste tunisienne s’installe au cœur du Trempo, scène musicale nantaise.
Ce mardi dès 19 heures, le lieu accueille Paroles d’Insoumuses, reportage photographique d’Anouk Durocher. Réalisé en 2020, cette série met en lumière les engagements de personnalités du milieu hip-hop féminin et des arts urbains en Tunisie. Accessible jusqu’au vendredi 29 octobre, cette exposition est présentée ce soir aux côtés de Fathallah TV – 10 ans et une révolution plus tard, de Wided Zoghlami. Prix du jury du Festival Panafricain de Cannes en 2020, ce film-documentaire retrace le parcours de cinq jeunes tunisien·nes sur une période de douze ans, et éclaire les désillusions d’une génération face à une révolution empêchée.
Le 14 octobre, le binôme franco-italien François Cambuzat et Gianna Greco fera hurler son Ifriqiyya Électrique au cœur de Trempo. Conceptualisé au cœur de la communauté musicale de la « Banga », entre Nefta et Tozeur, le projet oscille entre noise débridée et cette fameuse Banga, un rîte de transe thérapeutique extrêmement vivant dans le Djérid, au sud-ouest de la Tunisie.
Un concert de « transe industrielle » d’après François Cambuzat lui-même, qui sera également accompagné ce jeudi soir d’Arabstazy. Arabstazy dont les membres joueront masqués, comme à leur habitude : « on testera à Trempo une nouvelle version du live band, avec l’ajout cette fois-ci d’un batteur », nous a confié Amine Metani, le fondateur du groupe. Cette configuration en trio, avec guitare, machines et batterie, devrait définitivement faire glisser la formation lyonnaise vers ses premières amours, surprenantes d’ailleurs, le métal : « Certes Arabstazy fait le crossover entre groove tunisien, musique de possession ou électro… Mais, comme beaucoup de Tunisiens qui ont découvert la musique dans les nineties, on ne peut échapper à nos influences originelles, qui se trouvent plus dans le métal extrême, le thrash ou le grunge que dans le malouf », s’amuse Metani.
Enfin, samedi dès 20 heures, c’est une autre résidente du grand sud tunisien qui s’installe sur les planches nantaises : nouveau projet de la productrice Loan, Azu Tiwaline trouve ses racines dans le sable du désert et les transes berbères du Sahara. La musicienne, installée aux portes de Tozeur, jouera ce samedi en duo avec le multi-instrumentiste franco-iranien Cinna Peyghamy. Ils égrènent ensemble techno modulaire, bass music et boucles organiques subsahariennes. La soirée sera clôturée par Simo Cell, un des grands parrains européens d’une bass music teintée de flexions dubs et de motifs trap revisités.
Tunisie, Go ! du 12 au 16 octobre 2021, à Trempo, 6b Léon bureau, 44200 Nantes.