Le 7 août 1960, la Côte d’Ivoire gagnait son indépendance. Étienne Tron célèbre ce soixantenaire historique à sa manière avec un PAM Club d’exception concocté à partir de sa collection de vinyles personnelle.
Dans l’interview qu’il nous accordait l’année dernière, Etienne Tron nous racontait sa passion inébranlable pour les musiques afro-caribéennes qu’il partage sur sa propre webradio depuis 2006. Entre deux galettes de zouk ou de gangsta rap en musique de fond, le Parisien gère aussi son label en rééditant soigneusement des disques qu’il considère comme essentiels, qu’il s’agisse des œuvres de Neba Solo, Sammy Massamba ou Touré Kunda. En attendant la sortie de l’EP de remixes du titre « Nduzangou » de la diva comorienne Zaza, Etienne se pose derrière les platines le temps d’un DJ set pour mettre en lumière quelques sons qui représentent la genèse de la musique ivoirienne moderne. Pour l’occasion, il a interviewé pour nous l’un des protagonistes de cette époque : David Edson Tayorault aka Totorino, membre du groupe Woya !
« Les années 80, c’est l’ère de la musique moderne africaine. On parlait à l’époque de musique ‘fanfare’, ou de musique ‘variété’. En 1985 sort le premier album de mon groupe Woya, déclenchant cette nouvelle vague. Le succès est immédiat chez les jeunes. Nous sommes les premiers à utiliser les ordinateurs et les synthétiseurs comme le DX7 (voir la photo), et à revendiquer une influence afro caribéenne. Nous sommes soutenus par le plus grand producteur de l’histoire de la musique ivoirienne, François Konian. Un avant-gardiste, qui a notamment produit le tube « AMi O » pour Bébé Mangah, et qui côtoyait beaucoup de stars comme James Brown. C’est lui qui nous a trouvé notre matériel, et qui a lancé notre carrière. C’est grâce à lui qu’Abidjan s’impose à cette époque comme LA plaque tournante de la musique africaine, l’endroit où tous les plus grands musiciens viennent jouer. L’entente entre les artistes est très bonne, et tout le monde collabore beaucoup. Malheureusement, à partir des années 90, la politique culturelle du pays ne s’adapte pas à cette créativité, et très vite les pays anglophones comme le Ghana et le Nigeria vont devancer la Côte d’Ivoire.
En 1996, je réalise les arrangements du premier album de Magic System, puis en 1999, ceux de leur célèbre chanson « Premier Gaou ». Nous sommes très loin de nous imaginer qu’elle s’imposera parmi les musiques africaines les plus connues au monde dans les années qui viennent. Je n’en suis pas resté là, puisqu’en 2002 j’ai créé la rythmique du coupé décalé, en arrangeant les premiers titres d’Erickson le Zoulou et DJ Mackenzie. Aujourd’hui le groupe Woya est toujours soudé, nous nous apprêtons à fêter les 35 ans de notre premier album dont est tiré le titre « Marguarita » de ce mix, en le rééditant avec de nombreux inédits et remixes réalisés par la nouvelle génération de musiciens ivoiriens. »
Tracklist :
1. Tantie Oussou – Aoublé
2. Woya – Marguerita
3. John Johngos – Amilele
4. Anoman Brouh Felix – Sacoche
5. Blissi Tebil – Tata
6. Le Groupe Ajaco – Abidjan City
7. Daniel Gnaza – Zotche Kanahi
8. Le Grand Abenan Louis d’Anyama – Wul La Ye
9. T.P. Audiorama – Aye Wo Alemin
10. N’Guess Bon Sens – Ton Pied Mon Pied
11. Magic System – Magic Ambiance
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