Universal Music Africa publie une compilation pour mettre en valeur les talents de la scène rap de Côte d’Ivoire.
On ne cesse de le répéter dans nos colonnes, les rappeurs ivoiriens sont en feu depuis quelques années. La branche africaine du label Universal Music, installée à Abidjan, a rassemblé dix d’entre eux dans un même studio pendant une semaine ainsi que sept des meilleurs beatmakers du pays. Le résultat : un album de quinze titres d’une grande qualité où chaque artiste a pu exprimer son style. Une parfaite introduction au genre.
Le titre du projet a été donné en référence à l’album L’école du micro d’argent, le chef-d’œuvre du groupe marseillais IAM, paru en 1997. La volonté était donc de produire un disque qui fasse date dans l’histoire du rap ivoirien et d’offrir une photographie de l’effervescence actuelle dans toute sa diversité. Les morceaux qui ont été produits donnent une bonne idée des styles et des influences qui infusent cette scène : de la trap dure qui fait bouger la tête, de l’afrotrap, de l’afrobeats, mais aussi des rythmiques plus lentes.
Pas de guerre d’égo ici. Tous les petits frères de Kiff No Beat ont donné leur meilleur niveau pour faire avancer ensemble le rap ivoirien et l’alchimie fonctionne sur chaque chanson. On assiste à un festival de punchlines de la part des kickeurs J-Haine et Bmuxx Carter (« Policier », « Vient en pisse »). Comme d’habitude, Himra est à l’aise sur tous les terrains et brille tout au long de l’album, dans la trap côté obscur (« Abidjan enjaillement ») comme dans un registre plus dansant et ensoleillé. Le morceau « Dans la caisse », où se retrouvent ces trois rappeurs, est le premier à être clippé.
Les autres artistes ne sont pas en reste. Dès qu’on entend un bon son brut, on peut compter sur le duo Payne Industry (« OFRAC »). L’ambianceur en chef, Fior de Bior, amène son côté festif et on peut parier que « Tu te connais pas » va devenir un tube de l’été à Abidjan. Andy S, la seule femme présente, n’oublie jamais de nous impressionner par son talent. Dans « Petite Aminata », elle remet les hommes à leur place en défendant une jeune femme qui donne son corps avant son nom. Chinois l’Apocalypse continue ses expériences aux frontières entre rap et chant (« Mood »). Enfin mention spéciale pour les deux révélations de l’album. D’un côté, Youngi avec son flow addictif et sa voix éraillée (« Dabagaou »). Et de l’autre, Paulo, artiste-chanteur à suivre, qui signe probablement avec « Mon bébé » l’un des hits du projet.
En écoutant cette compilation de haute facture, on se dit que demain n’est peut-être pas si loin pour le rap ivoire. On attend avec impatience la suite de la saga.
Écoutez L’école du micro ivoire (Vol. 1) en streaming.