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The Pan African Music Magazine
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Les artistes sud‑africains rendent hommage à Hugh Masekela

PAM célèbre le 4e anniversaire de la disparition du musicien en discutant de son héritage avec une jeune génération d'artistes sud-africains.

Né en 1939 à Emalahleni, dans un pays racialiste connu à l’époque sous le nom d’Union d’Afrique du Sud, Hugh Masekela était tombé amoureux de la trompette et trouvait son inspiration aussi bien dans l’agonie et l’oppression de l’apartheid que dans les romances légères et la vie de township. Son rôle dans la musique militante aux côtés d’Abdullah Ibrahim, Jonas Gwangwa et Miriam Makeba, ses collaborations avec les plus grands musiciens américains comme Monk Montgomery et Paul Simon et ses incursions panafricanistes à Lagos avec Fela Kuti ou à Kinshasa avec Stewart Levine contribuent à son statut légendaire, qui ne cesse d’inspirer une jeune génération d’artistes africains. 

Ce dimanche à 20 heures sur Skyroom, le Hugh Masekela Heritage Festival célèbre l’héritage du trompettiste avec des performances de Msaki, Langa Mavuso, Mandisi Dyantyis, Berita, Muneyi, Gcina Mhlophe et Tsogang Bana Dance Group.

PAM s’est entretenu avec Mandisi Dyantyis, Berita et Langa Mavuso à propos de l’influence de Bra Hugh sur leur musique. 

Mandisi Dyantyis

Né et élevé à Port Elizabeth, Mandisi Dyantyis est trompettiste. Musicien, compositeur, arrangeur et producteur, sa musique est ancrée dans le jazz, le classique occidental et les genres africains indigène. 

Je ne me souviens pas de ma première rencontre avec la musique de Bra Hugh, mais je me souviens du premier spectacle auquel j’ai assisté. Je devais avoir 11 ou 12 ans, ma mère m’a donné 100 rands pour aller voir le concert. Il a commencé très tard. Pendant les deux heures qu’il a jouées, il avait un public qui aurait pu être très en colère contre lui pour son retard. Mais comme c’était lui, dès qu’il a commencé à jouer, ils se sont dit « ok, ça valait le coup d’attendre ». Je me souviens que son groupe était génial, mais même avec ce super groupe, on n’avait d’yeux que pour lui. 

Dès que j’ai pu m’offrir un lecteur CD, l’un des premiers disques que j’ai acheté était son album, et c’est la première fois que je me suis assis pour écouter sa musique. Je l’avais évité depuis mon plus jeune âge, car lorsque j’ai commencé à jouer de la trompette, je savais qu’à un moment donné on allait me comparer. Je voulais que son influence soit aussi naturelle que possible, et ne pas être considéré comme quelqu’un qui le copiait. En tant que musicien sud-africain, vous ne pouvez pas échapper à son influence. Je me souviens que lorsque Hugh est décédé, les gens voulaient que je fasse des hommages, et j’ai dit non. Vous me demandez de faire un hommage parce que vous pensez que je vais l’imiter. Et Bra Hugh n’aurait pas voulu que quelqu’un l’imite. Il aurait voulu que quelqu’un vienne avec son propre style. 

Il était un livre, il était une carte. Une carte à propos d’authenticité, d’identité. Bra Hugh, jouant dans un club chic en Amérique, était le même Bra Hugh que vous verriez à Moretele Park, ou au Jazz Fest du Cap. Il n’a jamais changé, et il a porté l’Afrique du Sud et qui il était jusqu’à ses derniers jours. 

« Market Place » est ma chanson préférée de lui. Il y raconte l’histoire de la fille qu’il rencontre sur la place du marché, et il la raconte super bien. Vous êtes là, vous êtes dans ce village, il marche avec vous. C’est super beau. 

Berita

Berita est une chanteuse, auteure-compositrice, productrice de musique et guitariste primée, née au Zimbabwe et basée en Afrique du Sud. Sa musique est une fusion de soul, de jazz, de pop contemporaine et de dance music sud-africaine.

J’ai découvert la musique de Hugh Masekela par l’intermédiaire de mon père. Il avait l’habitude de passer le DVD Graceland Tour de Paul Simon, où l’on retrouve Bra Hugh, Ladysmith Black Mambazo et Miriam Makeba. Plus tard, j’ai rencontré l’homme, j’ai collaboré avec lui et j’ai appris à le connaître, pas seulement en tant que musicien. Bra Hugh était un homme de renaissance. Il avait beaucoup voyagé, beaucoup lu et il pouvait vous parler de n’importe quoi. Je l’ai rencontré pour la première fois lors d’un festival dans le Western Cape, j’étais vraiment nouvelle à l’époque et normalement je jouais tôt. Mais ce soir-là, j’ai fini par être mis sur scène juste après lui. Lorsque je suis descendue, il s’est approché de moi et m’a dit : « J’aime beaucoup ce que tu fais. Connais-tu mon ami Oliver Mtukudzi? » Je lui ai répondu : « Oui, il m’a invité à son concert à Harare ». Il m’a dit « Super ! On se voit à Harare ! ». 

Je ne sortais que des chansons soul ou des ballades, et la plupart de ma musique était assez lente. Il m’a dit : « Il faut que tu fasses danser les gens ». Ma chanson « Jikizinto » existe justement grâce à ce conseil, sachant que sa musique, bien que faisant des commentaires sociaux sur ce qui se passait, nous fait aussi danser. Et il m’a donné son secret : « Assure-toi de consacrer une heure par jour à ton instrument une heure par jour ». C’est quelque chose que j’ai essayé de pratiquer aussi régulièrement que possible. 

De lui, j’ai appris à vivre une vie fière, forte et pleinement africaine. Il voulait que nous, Africains, soyons vraiment fidèles à notre héritage et à la façon dont nous nous exprimons à travers notre musique. J’ai lu son autobiographie et je me suis rendu compte que c’était un homme qui vivait à fond. Il a eu une chanson numéro 1… dans les années 1960 ! Bra Hugh était un livre ouvert. Il vous parlait de sa vie de gangster, de sa vie de musicien… il vous parlait de tout, et son héritage est vraiment de vivre haut et fort et fier. 

Je pense que « Nomalungelo » (alias « Thanayi ») est ma chanson préférée de lui, car on y comprend vraiment le caractère malicieux de Bra Hugh. Il avait toujours l’habitude de faire des blagues, et avec cette chanson, on le comprend dans sa musique et dans son comportement. 

Langa Mavuso

Langa Mavuso est un chanteur, auteur-compositeur et interprète de Johannesburg. Sa musique peut être qualifiée de soul et de R&B, avec de fortes influences de jazz et de musique électronique sud-africaine. 

Lorsque j’étais au lycée, j’ai eu l’incroyable opportunité de me produire devant lui alors que j’étais à la National School of the Arts. Il disait les choses les plus dingues, je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un qui ait juré autant que Ntate Tshepo et Bra Hugh – ils étaient vraiment très drôles. 

Je pense que la plus grande influence de Hugh Masekela pour moi a été le style d’expression qu’il a dans sa musique. Il était très émotif, et on peut sentir son cœur et son esprit dans chaque note. Des chansons comme « Stimela » vous font entendre un récit, vous font sentir le train en marche par les notes jouées à la trompette. Dans mes propres interprétations, j’essaie aussi de garder cette narration assez claire, et de lui donner de l’émotion et de l’âme. 

Ce que nous pouvons apprendre de la carrière d’artistes comme Hugh Masekela, c’est que nous pouvons toujours être nous-mêmes sans nous compromettre. Il a eu des occasions de devenir un artiste international, mais il est resté entièrement Sud-Africains, racontant l’histoire de son peuple. En tant qu’Africains, le monde est prêt à nous écouter : est-ce qu’on s’assimile ? Non. Au contraire, on continue à faire preuve d’audace et à partager les histoires que nous connaissons mieux que quiconque. Et aussi la longévité. En lisant Still Grazing, j’ai compris le genre de résilience que Bra Hugh avait, quels que soient les défis. Il est resté un musicien professionnel et prolifique jusqu’à son dernier souffle. 

Mon morceau préféré de Hugh Masekela est « Stimela ». Il raconte l’histoire de ses origines et celle de nombreux ménages africains qui ont dû perdre leur base au profit du nouveau système qui les obligeait à aller travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. Mais j’adorais aussi la façon dont il l’interprétait. Il faisait un énorme « tchuu tchuu » au début de la chanson, c’était électrique. Et aussi « Thanayi » avec Thandiswa Mazwai. Je pense que tous les foyers noirs jouent cette chanson à l’époque de Noël, des mariages…

Assupol et la Hugh Masekela Heritage Foundation célèbrent l’héritage culturel de Bra Hugh à l’occasion du 4e anniversaire de sa disparition le 23 janvier 2022, avec le Hugh Masekela Heritage Festival 2021, en ligne sur Skyroom à 20 heures (heure Sud-Africaine). 

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