fbpx → Passer directement au contenu principal
The Pan African Music Magazine
©2024 PAM Magazine - Design par Trafik - Site par Moonshine - Tous droits réservés. IDOL MEDIA, une division du groupe IDOL.
Le lien a été copié
Le lien n'a pas pu être copié.
PAM Rewind : l’univers de De Schuurman en 10 sons
De Schuurman © Dasilvio P. Bizenga, courtesy of ElectrAfrique

PAM Rewind : l’univers de De Schuurman en 10 sons

Tous les mois, Cortega vous invite à découvrir un DJ ou un producteur à travers la playlist exclusive des 10 sons qui ont façonné son univers musical. Aujourd'hui, le Hollandais d'origine surinamaise De Schuurman.

Né à La Haye, Guilermo Schurman a grandi dans un grand bain de culture familiale surinamaise. Il a commencé à produire du son à l’adolescence, lorsqu’il a rencontré un certain Rishi, qui lui a fait découvrir le bubbling – une musique très énergique créée par DJ Moortje et ses potes de la diaspora antillaise, qui mélange dancehall et house music. Selon ses propres termes, « le bubbling est une arme secrète des Caraïbes. Cette musique a d’abord résonné dans les rues et s’est peu à peu fait remarquer au niveau international. C’est un moyen de mettre les gens du Suriname et de Curaçao sur la carte. » Guilermo doit son nom de scène – De Schuurman (qui signifie « le gars qui grind », qui danse en moulinant du bassin) aux mouvements exécutés sur le dancefloor dès que sa musique passe. Son parcours musical le voit plonger ensuite dans les profondeurs de la trap music, qu’il explore sous le nom de Godfulleffect, inventant un univers musical fait de douces mélodies orchestrales posées sur des beats féroces mais beaucoup plus lents que ses morceaux antérieurs aux rythmes frénétiques. Avec le soutien de Nyege Nyege, il ramène aujourd’hui le bubbling sur le devant de la scène, enflammant les dancefloors de toute l’Europe – et plus récemment du Sénégal – en récoltant au passage des récompenses bien méritées, notamment une place dans la liste des meilleures musiques de club de Bandcamp en 2021, ou dans notre sélection des meilleurs albums de musique électronique de 2021.

Cameo – Candy

C’est probablement la chanson qui me ramène le plus loin dans le passé, genre à l’époque où j’avais peut-être quatre ans. J’avais l’habitude de l’entendre à la radio, ma mère et mes cousins l’écoutaient, et je peux encore nous imaginer en train de viber sur ce son. Elle évoque les moments heureux de l’enfance, quand tout n’était que bonheur et innocence.

Aptijt – Boeke

Aptijt est un groupe de Paramaribo (capitale du Surniame, NDLR). Ils font de la musique traditionnelle surinamaise avec des tambours typiques et tout le reste, et pourtant, ils ont été joués dans la plupart des clubs néerlandais à l’époque. Les gens attendaient que ce morceau pour que la fête soit vraiment lancée ! C’est drôle parce que dès les premières mesures, tous les gars se mettaient à courir partout à la recherche d’une fille avec qui danser… La chanson parle d’une sorte de danse surinamaise bien chaude, un peu comme le daggering jamaïcain, genre très très collé-serré (rires). Les clubs aux Pays-Bas étaient trop marrants à l’époque. J’ai jamais été un grand clubbeur, mais mes potes et moi sortions quand l’ambiance était bonne. Par exemple, il y avait cette soirée Bubbling Beats au Hollywood Music Hall de Rotterdam, où on allait quasi religieusement. Je pense qu’aujourd’hui, le clubbing a perdu une partie de son ambiance. Ce n’est plus qu’un DJ qui balance des grosses basses et des gens qui s’isolent dans leur bulle… C’est plus aussi joyeux ou convivial qu’avant.

Drake – Buried Life Interlude (feat. Kendrick Lamar)

Changement complet de vibe. Cette chanson est décontractée, mais super ambiante, avec une structure qui diffère des standards du hip-hop. Elle est trop originale et parvient à créer toute une atmosphère, ce que j’essaie de faire dans mes propres productions. Et la façon dont Kendrick rappe est géniale… c’est comme un état d’esprit tordu, sombre mais agréable. J’aime aussi le fait que ce soit une chanson de Drake mais qu’on ne l’entende pas du tout. Il n’y a que Kendrick au micro, qui parle du fait qu’il a fréquenté les mecs qui pèsent sur la scène et que c’était une initiation. Cette chanson a beaucoup d’importance pour moi, parce qu’elle correspond à ma vie et à mes expériences. Je l’ai souvent écoutée les jours où je me demandais si je faisais bonne route, en essayant de réfléchir à mes prochaines étapes.

Drake – 7am on Bridal Path

Cette chanson est le reflet parfait de ce que j’ai vécu ces deux dernières années. Son rap est profond, mais le rythme est trop détendu et l’ambiance trop bonne. Ça sonne comme une bande son pour moi, en renforçant ce que je vois en imagination. C’est cinématographique. Mes potes et moi on a passé cette chanson en boucle lors de notre récent voyage en Crète, qui était en vrai la première fois que j’ai pu voyager aussi loin avec ma team, grâce à ma musique. C’était une véritable étape pour moi, et cette chanson nous accompagnait dans l’avion, et partout où nous allions pendant le voyage. Avec le recul, c’était la première fois que l’un de mes plus grands rêves se réalisait dans la vraie vie ! Je pouvais le vivre. Je pouvais le ressentir. Donc, chaque fois que j’entends ce son, ça me rappelle direct que les rêves deviennent possibles. Magnifique.

Drake – Fair Trade

En tant que beatmaker, la première chose que j’écoute dans un morceau, c’est le beat. Et c’est vrai ici, mais au-delà, ce sont les paroles qui me captent sur ce son. Vous savez, avant de signer avec Nyege Nyege (un collectif basé en Ouganda qui promeut la musique électronique par le biais de festivals et d’un label), j’ai perdu de nombreux amis proches. On s’est simplement brouillé. Beaucoup d’entre eux n’avaient pas une bonne influence sur moi, et avec le temps, les ponts se sont coupés entre nous, en partie à cause d’erreurs que j’ai aussi commises. Mais je pense qu’au final, c’était mieux comme ça. Comme le dit Drake sur ce morceau : « j’ai perdu des amis et trouvé la paix… Mais honnêtement, ça me semble être un échange équitable ». C’était une année de transition pour moi, une période où mon environnement social se nettoyait autour de moi. Je suis passé à autre chose, j’ai recommencé à faire du skate et je suis maintenant entouré de mecs top, comme mes frangins 13bringsgoodluck et Locks Vegas. Eux et moi, on rêve de faire de grandes choses depuis des années, et elles commencent à se produire maintenant : c’est tellement dingue !!!

Bruce Faulconer – Palace In The Clouds

Ce titre vient de la bande originale de Dragon Ball Z. Tout ce manga est très important pour moi, car son message est profond. Elle montre comment rester fidèle à soi-même, comment être une bonne personne. Son Goku (le personnage principal, ndlr) est dangereux parce qu’il est balaise, mais en même temps il est innocent. Il est super fort, mais il n’essaie jamais de faire du mal à qui que ce soit. Il a un cœur d’or. Les gens se concentrent sur les combats et l’action, mais au final, c’est ça le vrai message de la série. Quand j’entends ce morceau, je m’imagine en train d’accumuler de l’énergie. C’est super méditatif, ça m’aide à canaliser ma force.

De Schuurman – Nu Ga Jen Dansen

J’ai composé cette chanson il y a environ 10 ans et elle a connu un succès fou à l’époque. C’est de loin mon morceau de bubbling le plus connu, même avant qu’il ne sorte sur le label Nyege Nyege Tapes. J’avais même été payé pour qu’il soit au programme de la Burberry Fashion Week, par exemple. C’était vraiment dément. Les DJ le passaient sur Boiler Room et tout. La chanson dit « Non, tu vas danser » d’une manière assez exigeante… genre c’est pas une question, tu vas danser, un point c’est tout (rires). Pour moi, cette chanson incarne le fait qu’il est possible de percer avec du son qui n’est pas trop commercial… J’étais juste un gosse, je ne savais pas comment mixer et masteriser correctement, et pourtant, le morceau a quand même explosé. Ce qui compte, c’est la musique, la laisser parler d’elle-même. Si le public kiffe, c’est bon. Moi, je ne fais pas de la musique pour les autres producteurs. Je la fais pour les auditeurs, qui s’en tapent de la dimension technique.

Kanye West – God Breathed

Ce morceau représente beaucoup de choses auxquelles je crois, et la façon dont j’interagis avec les autres. Comment je m’efforce d’être un bon gars, tu vois ? Je ne juge pas ce que les gens portent et leur apparence, rien de tout ça n’a d’importance pour moi : je parle avec n’importe qui. C’est évidemment pas comme ça que les musiciens populaires se comportent aux Pays-Bas. Mais j’ai choisi une voie différente, en essayant d’être cool et ancré. Je sais que la simplicité est la bonne voie. En fait, j’ai toujours eu en moi l’envie de partager de bonnes vibes avec tout le monde. Au fil des ans, j’ai prié et médité sur ce que je voulais dans la vie. Tout ce qu’on fait et dit est une prière, donc il faut le faire en pleine conscience. Un esprit fort, c’est trop puissant, quand on reste fidèle à soi-même. Le concept et les paroles de ce morceau captent bien tout ça. Et bien sûr, j’aime aussi le beat… En fait, c’est probablement 55% des raisons pour lesquelles je kiffe ce son (rires).

UnoTheActivist – Wake Up

Je suis depuis longtemps un gros fan de trap, et cette chanson dit qu’on peut devenir ce qu’on veut si on s’en donne les moyens. Mais c’est un genre spécial de trap qu’ils appellent jug trap. En bref, jug veut dire un truc comme « voler d’une manière furtive ». Dans ces morceaux on parle normalement toujours de gros deals, de casses et tout ça. Je sais pas pourquoi, mais ça crée une certaine ambiance qui passe trop bien avec les vidéos de skate. Ça colle parfaitement. Et dans ce morceau, Uno répète que tu dois « être toi ». J’ai commencé à l’écouter au moment où je sortais de relations toxiques. J’ai recommencé à me focaliser sur moi d’abord, sans me soucier de ce que les autres pensent. Je trouve ça trop bon qu’il pose de telles paroles sur ce type de beat, parce que c’est pas du tout le répertoire habituel du jug trap. Il me rappelle de m’en tenir à ma mission : continuer à prier et à me concentrer sur moi-même.

Playboi Carti – One Day (inédit)

Sur cette chanson, l’ambiance générale est plus importante pour moi que les paroles. Même si je kiffe le sujet « un jour, on va y arriver » bien sûr. C’est exactement le genre de morceaux que je mets quand je me lève, prêt à aller faire du skate dehors. Ce beat me semble joyeux et l’ambiance générale est très positive! Je me sens trop prêt pour la journée… Écoutez ça : « dimanche, tôt le matin » (rires). La cadence et le flow et le style qu’ils ont mis dans ce morceau ! Une autre raison pour laquelle je kiffe, c’est que Carti n’écrit pas ses paroles. Il se pointe au studio, entend le beat dans la cabine et il se lance. C’est de l’improvisation pure. Ça a l’air facile mais c’est super dur à faire. Comme quand moi et mes potes on freestyle et qu’on déchire, on est trop excités et on ne peut pas vraiment maintenir l’effort (rires à nouveau). Les paroles de Carti ne sont peut-être pas toujours logiques mais il est super créatif. Et la créativité n’est pas toujours logique, elle peut être abstraite, comme s’il ne s’agissait pas de ce que vous voyez, mais plutôt de ce que vous ressentez quand vous le voyez. Les mots ne veulent pas forcément dire ce qu’ils veulent dire. Tu vois ce que je veux dire ? (fou-rire).

© courtesy of De Schuurman
Chargement
Confirmé
Chargement
Confirmé