Alors que nombre d’artistes nigérians mènent les manifestations #EndSARS au pays, le chanteur est passé par les studios allemands pour diffuser sa décharge antisystème.
C’est un Prettyboy D-O survolté que l’on retrouve dans cette session Colors. Sautillant sur place les yeux exorbités, teintures flashy, Converse en feu aux pieds et la voix sautant de l’aigu au lugubre, le chanteur semble possédé par le message de son titre. Un message profondément ancré dans les manifestations actuelles des Nigérians contre le Sars, cette police antiterrorisme ayant basculé dans le rackets et les abus de pouvoir. Le SARS et le système politique nigérian, D-O le critique depuis ses débuts.
En 2018, dans son hit « Chop Elbow », il rappait déjà prophétiquement « SARS chop elbow » (« le SARS se bouffe mon coude »). Il a gardé la même colère lors des soulèvements populaires de 2020, étant extrêmement actif sur ses réseaux sociaux et dans les manifestations. La critique continue sur « Jungle Justice », où l’artiste expose crûment les problèmes de suspicion auxquels fait face la jeunesse nigériane branchée : « pretty mothafucka I be problem » (« je suis un joli enfoiré, je suis un problème »).
En raison de son style, Prettyboy D-O a en effet souvent été classé parmi les artistes Alté, cette communauté artistique alternative et stylée ; pourtant, « Jungle Justice », est une preuve de plus que le chanteur reste fidèle à la rue. Dans cette jungle qui fait office de justice dans son pays, l’artiste a définitivement gardé la même folie que sur son génial EP « Wildfire » sorti en 2019. Peut-être même avec la rage en bonus.