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The Pan African Music Magazine
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Cuba honore Ray Lema, et Franco Luambo !

Le disque hommage que le pianiste Ray Lema a consacré au sorcier de la guitare Franco Luambo vient de recevoir le prestigieux prix international de Cubadiscos, la fête cubaine du disque. Quand un pays de rumba rend hommage à un pays de rumba…

« On entre KO, on sort OK » : cette devise qui renverse malicieusement celle de l’OK jazz de Franco est le sous-titre du merveilleux disque que Ray Lema et son orchestre de choc enregistrèrent en live au festival Jazz Kiff de Kinshasa, en juin 2019. Pam y était, et a eu l’occasion de vous faire partager quelques éclats de ce moment de grâce extraordinaire où le grand maestro Ray Lema rendait hommage au Grand Maître Luambo dont il avait été, dans sa prime jeunesse, le nguembo – entendez la chauve-souris, soit le nom qu’on donne à ceux qui grimpent aux arbres pour assister aux concerts. Certes, comme nous l’avouait Ray, il aura fallu du temps pour que mûrisse et s’épanouisse en lui toute la portée de ce héros populaire, aux antipodes du très distingué Kabasele qu’on lui offrait en modèle. Voici d’ailleurs ce que le pianiste qui fut directeur du ballet national du Zaïre en disait, après que Stephanie Suffren, la directrice du Jazz Kif, lui a proposé de rendre hommage au “vénérable Yorgho” (l’un des multiples surnoms de Franco) :

« Donc, quand on m’a reparlé de Franco et que j’ai commencé à revisiter son répertoire, je me suis rendu compte que c’était le musicien moderne congolais qui avait fait une transposition des rythmiques traditionnelles sur la guitare. Du coup, ça a complètement changé l’image que j’avais de Franco et c’est devenu un mec que je conseille aux jeunes Congolais d’écouter attentivement. S’il était le maître de ce qu’on appelle aujourd’hui le sebene (qui est devenu une signature officielle du Congolais), c’est parce qu’il a fait cette transposition des rythmiques traditionnelles sur sa guitare. Donc ça m’a émerveillé quand j’ai compris pourquoi Franco avait une telle empreinte sur moi : c’est que je me retrouvais dans ce qu’il faisait, et qui était déjà en moi. »

Franco lui, n’a jamais mis les pieds à Cuba. Mais on l’entend encore, dans les premiers disques de l’OK jazz, chanter dans un espagnol aussi fleuri que libre (un yaourt au demeurant très digeste) de magnifiques boléros ou encore le fameux Café qu’avait popularisé Johnny Pacheco. Comme d’autres, Cuba et ses disques – notamment la série GV- l’avaient bercé. Sam Mangwana nous a d’ailleurs confié que Luambo devait son sens du boléro à cette copine, fille d’un responsable politique brazzavillois, qui lui faisait passer les disques de son père… Bref, Franco bientôt allait lâcher l’espagnol pour le lingala, mais n’allait jamais renier pour autant son goût pour les classiques de Cuba (écoutez donc « A moins que namikosa »). Avec cette récompense, une des mecques de la musique honore le fantastique cousinage, qui par delà les siècles et l’océan, réunit le Congo et Cuba. Surtout, elle honore celui qui, passé par le classique,  devenu aventurier du jazz et pionnier des expériences sonores sans frontières, puis revenu comme Ulysse au sebene nourricier, incarne le mieux l’excellence et le cosmopolitisme congolais. Qui ressemble à s’y méprendre à son cousin cubain. Il ne reste plus à Ray et les siens qu’à faire voyager l’héritage de Franco, en live, à Cuba. Histoire de boucler encore une fois la boucle afrocubaine que rien n’a jamais pu couper.

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