Le label AfroSynth réédite quatre titres essentiels de Condry Ziqubu, figure incontournable de la scène disco « bubblegum » locale à l’aube de l’abolition de l’apartheid.
Condry Ziqubu a appris la guitare sous l’influence de son grand frère, dans le township d’Alexandra au Nord de Johannesburg. Il décharge son talent précoce sur la scène soul locale dès la fin des années 60 en jouant pour des groupes tels que The Flaming Souls, The Anchors ou The Flaming Ghettoes. Après la mort inexpliquée de son fils en 1980, il accélère son initiation en tant que Sangoma (guérisseur spirituel) et rejoint le groupe Afro-rock fusionnel Harari, l’un des groupes les plus importants de l’époque en Afrique du Sud.
Cette belle expérience derrière lui, il monte le groupe Lumumba pour tourner avec Caiphus Semenya et sa femme Letta Mbulu, enchaînant les voyages hors de son pays, au point de se faire un nom dans les petits papiers d’un gouvernement encore punitif. Finalement, Condry décollera en solo au milieu des années 80 avec « Gorilla Man », son premier véritable hit, qui raconte l’histoire d’un homme s’attaquant aux femmes dans le centre de la capitale. Pour compléter cet EP, AfroSynth a pioché trois autres titres de ses différents albums parus entre 1986 et 1989, pour représenter le son disco bubblegum de Condry Ziqubu. On y retrouve le politique « Confusion (Ma Afrika) », le festif « Everybody Party », et « Phola Baby » qui dénonce les violences envers les femmes.
Dans une triste époque où les autorités radiophoniques griffaient les pistes des vinyles avec un clou pour censurer les paroles anti-apartheid, Condry Ziqubu usait de métaphores dans ses textes comme beaucoup d’autres artistes, mais se démarquait surtout par la fraîcheur de son style et son envie de faire danser. Il s’agit là d’une période clé de sa carrière qu’AfroSynth a décidé de mettre en lumière, même si l’intéressé décrit malheureusement ce succès comme éphémère dans l’interview qui accompagne le vinyle :
« J’avais une chanson qui a suscité de l’intérêt en Europe, intitulée « Gorilla Man ». […] J’ai été appelé une fois par Peter Gabriel, puis j’ai pensé que ma carrière allait décoller à l’international. […] Je ne pouvais tout simplement pas y croire, c’était à la fin des années 80. Ils se sont intéressés à cette chanson « Gorilla Man » et j’ai cru que les choses allaient prendre forme. Mais finalement, pour une raison qui m’échappe, l’engouement est retombé. »
Gorilla Man sera disponible en version vinyle et digitale en février 2021. Précommandez-le ici.