Le 12 février dernier, le highlife a perdu un de ses plus grands représentants avec la disparition du trompettiste Victor Olaiya.
Âgé de 89 ans, le « docteur » Victor Abimbola Olaiya a rendu son dernier souffle mercredi dernier à l’hôpital universitaire de Lagos. Immédiatement, l’annonce de sa mort a endeuillé le Nigeria, et déclenché la réaction des plus hautes autorités. le Président Muhammadu Buhari a évoqué la mémoire du musicien en ces termes : « Sa place est garantie dans l’histoire. Il ne chantait pas seulement pour le divertissement, mais aussi pour donner des leçons critiques sur la vie, sur le bon voisinage et la cohésion nationale. Il nous manquera énormément« .
Pour comprendre l’immense contribution de Victor Olaiya au highlife, il faut revenir en 1954, lorsqu’après avoir collaboré avec Bobby Benson, il forme le groupe Cool Cats qui comptera dans ses rangs Fela Kuti et Tony Allen à leurs débuts. Les Cools Cats ont fait évoluer le highlife dont le Ghana, avec sa star E.T. Mensah, donnait alors le tempo. Mensah et Olaiya se retrouveront d’ailleurs sur scène pour une soirée de concert exceptionnelle baptisée Highlife Giants, leur donnant l’occasion d’enregistrer un disque ensemble. Le groupe d’Olaiya connaît un tel succès au Nigeria qu’il est convié à jouer lors des cérémonies fêtant l’indépendance du Nigéria en 1960 puis, trois ans plus tard, lorsque le pays devient une république.
Dans une interview donnée au journal britannique The Guardian, Victor Olaiya expliquait comment il avait hérité du surnom ‘evil genius’ (« le mauvais génie ») qui lui colla à la peau une bonne partie de sa carrière : « le highlife, c’est 10% d’inspiration et 90% de transpiration. On m’appelle « evil genius » parce que je fais beaucoup suer mes fans. Pour faire la différence en musique, il faut transpirer« . C’était l’une des clef de sa réussite, avec l’harmonisation des cuivres et la place importante qu’il donnait aux guitares.
Jusqu’en 2017, Victor Olaiya continuait a jouer chaque semaine au Stadium Hotel dans le quartier de Surulere, à Lagos. Mais il dut se résoudre à prendre sa retraite, après plus de soixante ans de carrière, à cause de sa santé défaillante.
Les membres de la Copyright Society of Nigeria (COSON – la société des droits d’auteur nigérianne) ont eux aussi réagi à la nouvelle du décès du chanteur, trompettiste et superstar du highlife. Son président, Chief Tony Okoroji, a déclaré : « la disparition d’ Olaiya est comme la chute d’un grand Iroko (arbre sacré, ndlr) et la fin d’une époque. Olaiya était à tous égards l’un des plus grands musiciens nigérians de tous les temps, qui a su conserver son art intact décennie après décennie. Oui, il y aura d’autres musiciens au fil du temps, mais il n’y aura pas d’autre Victor Olaiya. Adieu, grand maestro. »
Dr. Victor Olaiya laisse derrière lui les nombreuses femmes de sa vie, ses enfants, ses petits-enfants ainsi que toute une époque, désormais reléguée dans les livres d’histoire : celle où le highlife était roi.