Sur son nouveau titre « Je gère », extrait d’un prochain album à venir sur le label de Blick Bassy, la frondeuse prouve au monde entier que le rap malien est à la pointe.
Dans ce nouveau single, la jeune rappeuse et activiste féministe malienne Ami Yèrèwolo, s’impose dans le game encore très masculin du rap malien et dénonce dans un flot à la fois dansant et percutant les ragots qui brisent les relations amicales, familiales ou amoureuses. « La mauvaise interprétation, les commérages, la déformation de propos sortis de leur contexte peuvent parfois être à l’origine de conflits irréversibles », ajoute-t-elle. Accompagné de sa face B intitulée « Dowere flai », « Je gère » est un avant-goût de son prochain album aux sonorités hip-hop et trap dansante. Signé sur le label de l’artiste camerounais Blick Bassy (Othantiq AA), la sortie est annoncée pour le début de l’année prochaine.
Le parcours d’Ami Yèrèwolo n’est pas un long fleuve tranquille. Confrontée aux traditions étouffantes de sa famille qui aurait préférée qu’elle se marie plutôt que de devenir artiste – n’étant pas d’une lignée de griots mais de l’ethnie kakolo – la rebelle s’exerce en cachette, puis décide de quitter le foyer et d’entamer une série de petits boulots pour payer ses séances en studio. Grâce à la musique, Ami s’émancipe et signe un premier album autoproduit en 2014 intitulé « Ma Naissance ». Celle qui a toujours cru en elle, a choisi le rap par fascination pour Yeli Fuzzo et le groupe Fanga Fing, pionnier du genre dans les années 90 au Mali. Elle puise également son courage dans l’engagement d’Oumou Sangaré, à qui l’on interdit de participer à un concours de jeune talent pour les mêmes raisons qu’elle.
Sans aucun doute, l’indépendance a bon goût pour Ami Yèrèwolo, qui n’a pas attendu qu’on la prenne au sérieux pour s’exprimer, et s’épargner du même coup les « hommes pourris de l’industrie musicale malienne » qui ne la programmaient que trop rarement dans les balani show, des soirées de quartier organisées en pleine rue pour les artistes qui n’avaient pas les moyens de se payer des musiciens de balafon, également appelé balani.
Ami Yèrèwolo n’est plus à une bravade près, elle crée alors sa propre structure de communication, Denfari Events, et s’offre un moyen de diffuser librement sa musique et d’organiser des concerts. Denfari en bambara c’est « l’enfant qui n’a pas peur des défis ». Son déterminisme aura eu raison des phallocrates, elle reçoit en 2016 le trophée Femme battante du Mali, un Mali Hip Hop Awards et un Kalata Music Awards, allant jusqu’à finir deuxième du Prix Découvertes RFI en 2017. La rappeuse ne s’arrête pas là et organise un festival, Le Mali A Des Rappeuses, permettant à la scène hip-hop féminine de se faire entendre. L’union fait la force, l’adage a fait ses preuves, et Ami Yèrèwolo l’a bien compris. Elle collabore régulièrement avec les Amazones d’Afrique, la rappeuse Soultana au Maroc, N’Dat Bouwané en Mauritanie ou encore Mina La Voilée au Sénégal. Avec son rap mandingue enivré de sagesse, Ami Yèrèwolo prouve que l’avenir du hip-hop africain s’écrit au féminin.
Ami Yèrèwolo sera en concert en France en décembre :
- 10.12.2020 PANTIN, La Dynamo
- 12.12.2020 NANTES, festival Tisse et Métisse
- 17.12.2020 CHATEAU-THIERRY, la Biscuiterie
Écoutez Ami Yèrèwolo dans notre playlist Women Power sur Spotify et Deezer.