Logos II
Pappy Kojo
L’artiste ghanéen renouvelle le hip-hop avec son nouvel album Logos II. Rappant dès le plus jeune âge, il quitte son pays natal pour l’Italie en 2004, reprenant des chansons populaires, qu’il publie sur sa chaîne YouTube. Il finit par enregistrer ses propres morceaux, accompagné par des producteurs de musique italiens et ghanéens. Il connaît un succès grandissant à la fin de l’année 2014, après avoir collaboré avec la célébrité ghanéenne Joey B, dont son premier single officiel Realer No. Il se produit en Afrique du Sud lors de la finale de Big Brother. Il est ensuite nommé trois fois aux Ghana Music Awards en 2015, ce qui lui vaut un prix pour la Chanson hip hop de l’année. Son album peut à la fois nous bercer et nous faire vibrer, comme l’illustrent parfaitement les sonorités apaisantes de l’intro, mais aussi les rythmes effrénés d’ « Uomo ».
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Vamparina
Biga Yut
L’artiste ougandais fait honneur au sous-label de Nyege Nyege avec un nouveau projet aux rythmes toujours aussi surprenants. Ayant grandi au sein du ghetto de Gaba, il est notamment connu pour avoir accompagné Ecko Bazz dans le single « Tuli Banyo », rappelant l’âge d’or du grime anglais. Biga Yut finit par sortir son premier EP, intitulé « Walah » en 2020, parfaite symbiose entre sonorités présentes au sein de la nature et mélodies électroniques, sur lequel le jeune artiste revient sur sa trajectoire, du ghetto au studio, scandant des rimes intenses dans un tourbillon musical. Aujourd’hui, Biga Yut dévoile un nouvel EP nommé « Vamparina ». Indéniablement futuriste, le titre « Cash Boss » constitue le produit d’une collaboration avec le Portugais Jonathan Uliel Saldanha, ayant initié HHY & The Kampala Unit, en Ouganda. Biga Yut nous captive entre dancehall, funk, pop et reggae — vous l’aurez compris, un véritable cocktail explosif.
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The Moon and Stars: Prescriptions For Dreamers
Valerie June
Après son album The Order of Time, paru en 2017, Valerie June se lance dans The Moon and Stars: Prescriptions For Dreamer, d’une douceur infinie, à l’image du clip de « Call Me A Fool », dans lequel elle nous envoûte, avec sa voix enveloppée de soul. Ce titre demeure empli d’optimisme, malgré la tristesse des paroles : « On me traite d’idiote à cause de ton amour bébé. » Blues, country, folk, gospel, pop, rock psychédélique et soul s’y mêlent. Nous sommes également agréablement surpris par la sensualité de ce clip, dans lequel Valerie June nous livre sa vulnérabilité, de manière enthousiaste, transformant cette fragilité en une force époustouflante.
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Live At 131 Prince Street
JuJu
Strut Records nous offre une véritable pépite. La maison new-yorkaise poursuit ses rééditions du label Black Fire, notamment connu pour mettre en lumière de magnifiques œuvres de jazz et de soul. Strut nous permet ainsi de découvrir le Live At 131 Prince Street de JuJu, enregistré en 1973 à New York dans le loft-galerie d’Ornette Coleman, l’un des précurseurs du free jazz. On y trouve des compositions originales et des reprises, comme celle du morceau inédit « Thembi » que Pharoah Sanders, autre grande figure du free, avait écrit pour sa femme. Réunis pour travailler sur la pièce de théâtre The Resurrection of the Dead de Marvin X (figure du Black Arts Movement), les musiciens réunis autour du saxophoniste Plunky Branch fondèrent le groupe Juju pour y poursuivre leurs expériences, perfusant leur jazz de rythmes afro-latins, comme dans leur premier disque A Message From Mozambique paru en 1972.
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Freedom Fables
Nubiyan Twist
Le jeune collectif anglais originaire de Leeds bouscule les codes du jazz contemporain dans un brassage de soul, de jazz et d’afro-groove tout en invitant des artistes de talent à les rejoindre sur leur prochain album Freedom Fables. Ce melting pot musical met en valeur la talentueuse Anglo-Nigériane Ego Ella Ma, récemment passée par les studios Colors, ou encore la légende ghanéenne du highlife, Pat Thomas. Dans leur clip « Tittle Tattle », la chanteuse soul Cherise Adams-Burnett est une nouvelle fois invitée à rejoindre le groupe, mais cette fois, pour détrôner le maître d’un château de campagne anglaise et prendre sa revanche sur l’Histoire dans un clip comique digne d’une farce de Molière. On comprend l’engouement resté intact depuis les débuts du groupe dans les clubs undergrounds de Leeds, incarnant à eux seuls le bouillonnement musical qui perdure encore dans certains clubs de la capitale anglaise.
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El Hal / The Feeling
Electric Jalaba
Le groupe britannique composé de six musiciens explore l’effet sensoriel de la musique gnaoua. « El Hal » désigne en arabe « le sentiment », plus précisément celui qui vient quand on joue de la musique et qui nous fait oublier où l’on est. Cette sensation indéfinissable, les musiciens d’Electric Jalaba la ressentent lorsqu’ils jouent de la musique gnaoua. Le bassiste et producteur Olly Keen la décrit ainsi : « Le sentiment d’être saisi par la musique et perdu dans le groove. » Ce sentiment est d’autant plus fort pour le chanteur et joueur de guembri Simo Lagnawi pour qui l’arabe est la langue maternelle. Dans un répertoire groovy psychédélique en langue arabe, nous entendons les vestiges de dialectes d’Afrique de l’Ouest – le bambara du Mali, le peul et le haoussa de la région du Sahel – en témoignage du nomadisme séculaire de ces populations du désert. Nous y entendons l’ode doublée à Allah et au maâlem Mahmoud Guinea dont fait feu de tout bois le titre « Daimla ». Cette sensation que la musique leur procure depuis leur studio londonien est à la fois une forme d’arrachement à soi et un attachement collectif qui les lie plus que jamais, à l’image de ce peuple du Maroc.
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Vexillology
Guedra Guedra
Incontestablement auteur de l’une des plus grosses claques de l’année 2020 avec son EP Son of Sun, Guedra Guedra annonce la sortie de son nouvel album Vexillology, dans lequel il continue de bâtir une passerelle entre les clubs et les traditions africaines. Il insuffle la vie à sa bass music en y triturant chants tribaux, sons de la nature, ou percussions traditionnelles enregistrés directement à la source. A travers le prisme des pratiques tribales et ancestrales, il imagine alors une égalité utopique entre des sociétés séparées par les frontières, tentant de réunir l’Afrique du Nord à l’Afrique sub-saharienne à travers sa musique. Convaincu qu’aucun enregistrement studio ne peut rivaliser avec la pratique du field recording, l’artiste marocain est parti chercher sur le terrain la matière première du morceau « Aura ». Organisés en cercle, les hommes et les femmes chantent, récitent des poèmes et jouent du bendir (percussion nord-africaine), pour atteindre une transe collective, que Guedra Guedra retranscrit brillamment sur ce morceau en le transposant dans l’environnement des clubs.
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