Le monde du reggae a perdu son artisan de hits. Véritable légende et pionnier de musique jamaïcaine, Bunny Lee est décédé à l’âge de 79 ans.
Son sourire malicieux et sa casquette de marin ont fait de lui le capitaine du navire rythmique jamaïcain. Edward O’Sullivan Lee, mieux connu sous le nom de Bunny « Striker », a produit les plus grandes stars de son île.
La cause de son décès n’est pas connue, mais on rapporte qu’il aurait souffert d’une maladie rénale ces derniers mois. Le DJ David Rodigan était parmi ceux qui lui rendaient hommage, en s’exprimant ainsi : « Le monde du reggae a perdu une autre figure emblématique (après Toots Hibbert le 11 septembre dernier, ndlr) ; Bunny « Striker » Lee était sans aucun doute l’un des producteurs de disques les plus charismatiques et les plus inspirants de la musique jamaïcaine avec un catalogue de tubes phénoménal. Il a fait avancer la musique à travers les décennies et il nous manquera énormément. » Il faut dire qu’à partir des années 60, le label de Bunny Lee devient une machine à hits incontrôlable. Il a produit les succès de John Holt, Slim Smith, Delroy Wilson, Peter Tosh, Horace Andy et d’autres encore, les faisant souvent enregistrer sous licence par d’autres labels comme Island Records.
Incubateur de nouveaux talents et pionnier du style dub dans les années 70, il participe au rebondissement du reggae à travers les époques, en travaillant notamment avec le producteur et ingénieur King Tubby, avec qui il mettra l’accent sur la batterie, la basse et les effets de mixage en studio. Le très prolifique Lee a également été l’un des premiers producteurs à travailler avec le groupe de Bob Marley, les Wailers, ainsi qu’avec d’autres stars jamaïcaines, dont Sly & Robbie, Beenie Man et Buju Banton.
Celui dont le sens du goût vestimentaire a toujours fait fureur, avait d’abord commencé sa carrière en tant que « plugger » de disques pour les stations de radio jamaïcaines avant d’entamer un formation d’ingénieur électrique et de créer son propre label, Lee’s. Ses productions ont permis de faire passer les styles ska et rocksteady de Jamaïque au tempo caractéristique du reggae. « Do the Reggay » de Toots Hibbert a peut-être cimenté le nom du genre, mais « Bangarang », un morceau de Lee enregistré avec Stranger Cole, est considéré par beaucoup comme la première chanson à sonner véritablement reggae. Lee s’est ensuite retrouvé dans le Top 10 britannique en 1969 avec le titre reggae « Wet Dream » de Max Romeo, qui est resté 25 semaines au hit-parade.
Un documentaire sur sa vie légendaire intitulé I Am the Gorgon est sorti en 2013, et permet de se remémorer son travail, ainsi que l’impact qu’il a eu sur la musique jamaïcaine. Si Bunny Lee a gagné le surnom de « Striker », c’est pour sa capacité à imposer des tubes, presque tous devenus des standards du reggae.