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The Pan African Music Magazine
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Une compilation fait chanter les oiseaux d’Afrique de l’ouest en voie de disparition
Yellow casqued hornbill © Lionel Sineux

Une compilation fait chanter les oiseaux d’Afrique de l’ouest en voie de disparition

Spécialiste des musiques électroniques sud-américaines, le label Shika Shika se tourne cette fois-ci vers l’Afrique de l’ouest pour le troisième volume de sa série A Guide to the Birdsong. PAM a discuté avec El Búho, patron du label et co-curateur de la compilation.

En 2015 puis en 2020, le label Shika Shika sortait deux compilations où des artistes comme Nicola Cruz, Dengue Dengue Dengue, The Garifuna Collective ou Equiknoxx se prêtaient à un exercice singulier, celui de composer un morceau inédit en incluant le chant d’un oiseau en danger de leur région. Après l’Amérique latine, Le Mexique, l’Amérique centrale et les Caraïbes, El Búho et Barrio Lindo ont choisi l’Afrique de l’ouest pour lancer le financement participatif de ce nouveau projet. Grâce à un objectif largement atteint sur la plateforme Kickstarter, le projet a vu le jour le 16 juin et met en scène des musiciens et instrumentistes emblématiques comme Vieux Farka Touré ou Sierra Leone’s Refugee Allstars, aux côtés d’artistes qui intègrent à leur musique l’électronique comme les Mamans du Congo, la Nigériane Sensei Lo, les Sénégalais Wau Wau Collectif ou le Malien Luka Production. Tous rendent un hommage subtil au gazouillis, au sifflement ou au chant de la grue couronnée noire du Sahel, du calao à casque jaune ou du perroquet Timneh entre autres volatiles rares et en voie de disparition. Ce projet à but non lucratif promet de sensibiliser les auditeurs à la situation critique de certains oiseaux et de reverser la totalité des bénéfices à des organismes de conservation qui s’acharnent quotidiennement à sauver et préserver ces espèces et leur habitat. Pour en savoir plus, on a posé quelques questions à Robin Perkins aka El Búho, véritable « ornitho-musicologue » du projet.

Les deux premiers volumes étaient consacrés à l’Amérique latine et centrale. Au tout début, comment l’idée a-t-elle germé dans ton esprit ?

Ça a commencé en 2014, je travaillais pour Greenpeace, j’essayais de voir comment allier musique et activisme environnemental. En tant que producteur, j’ai commencé à utiliser des chants d’oiseaux dans ma musique, j’ai fait quelques morceaux et sorti un EP avec les chants de quatre oiseaux d’Amérique du Sud. Ensuite, j’ai pensé que ce serait génial si nous pouvions faire la même chose sous forme d’une compilation. Nous inviterions un groupe d’artistes d’une région, et chacun composerait un morceau inspiré par un oiseau. Nous pourrions utiliser la musique pour parler des espèces en voie de disparition, sensibiliser et collecter des fonds. L’Amérique du Sud avait du sens pour commencer parce que c’est le monde que je connais. J’ai vécu à Buenos Aires et j’ai beaucoup d’amis de cette scène.

Nimba flycatcher

Je comprends que tu as une sensibilité particulière envers l’environnement, mais que représentent les oiseaux pour toi ?

Quand j’étais enfant, ma mère travaillait pour une organisation de conservation de la faune et pendant les vacances, nous allions camper dans des parcs nationaux. J’ai grandi dans une famille d’ornithologues, donc les oiseaux ont toujours fait partie de ma vie. Mon nom (Robin) est aussi un oiseau, ce qui est assez drôle, et mon nom de producteur est aussi un oiseau, puisqu’il signifie « hibou » en espagnol. De plus, l’oiseau est l’animal le plus musical, et il existe un lien profond et ancien entre l’homme et les oiseaux.

Raso Lark © Rene Pop

Vous avez collecté et distribué plus de 50 000$ suite aux deux premiers projets. Comment cela a-t-il été accueilli par les associations, et qu’ont-elles fait de l’argent ?

Toutes les organisations auxquelles nous avons parlé étaient super heureuses de toucher de nouveaux publics. De plus, nous avons toujours fait appel à de petites organisations locales qui avaient vraiment besoin d’argent. On savait que l’argent serait dépensé dans les régions. Par exemple, en Équateur, nous avons payé un an de salaire à un garde forestier pour l’une des espèces. Dans les Caraïbes, nous avons financé un programme de formation pour les guides locaux. Au Costa Rica, il s’agissait de financer du matériel pédagogique pour un programme scientifique, et au Mexique, nous avons aidé un centre de réhabilitation et de sauvetage d’une espèce de perroquet en voie de disparition.

Ibadan malimbe

Pourquoi avez-vous pensé à l’Afrique de l’Ouest cette fois-ci ?

On sentait que musicalement et historiquement, il y avait beaucoup de liens entre l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique du Sud. Le label se concentre beaucoup sur l’Amérique latine mais Agustin (Barrio Lindo) et moi-même sommes tous les deux de grands fans de musique africaine. Nous imaginions le genre d’artistes que nous pourrions inviter pour ce projet et nous n’avons pas pu résister ! Aussi pour les oiseaux, c’est si diversifié sur le plan écologique, et ils ont tellement d’espèces.

Parle-moi du processus. Avez-vous personnellement choisi les oiseaux, pour ensuite les distribuer aux artistes choisis ?

Nous avons établi une shortlist des espèces d’oiseaux les plus menacées de la région en utilisant la liste rouge, qui donne le statut de tous les oiseaux du monde. Ensuite, nous avons cherché s’il existait un enregistrement de bonne qualité de leur chant. La liste s’est raccourcie, et nous avons choisi un oiseau pour chacun des 10 pays. Pour les artistes, nous sommes partis d’une shortlist de personnes avec qui nous voulions travailler, nous avons ensuite discuté avec eux pour voir s’ils étaient intéressés et à la fin nous avons attribué les oiseaux aux artistes. Nous leur avons donné un pack avec le chant des oiseaux, des photos et des informations. Ils font ce qu’ils veulent mais la seule règle est d’utiliser d’une manière ou d’une autre le chant des oiseaux dans leur morceau !

Rufous Fishing Owl © Paul_van_Giersbergen

Sur la compilation, on trouve un mélange d’artistes, disons plus « organiques », et d’autres plus électroniques. Quels étaient les critères de choix ?

Les deux premiers volumes étaient beaucoup plus axés sur l’électronique. Pour celui-ci, nous avons juste senti que nous ne pouvions pas faire une série en Afrique de l’Ouest sans inclure plus de musique « traditionnelle ». Nous avons commencé à réfléchir à qui nous aimerions inviter, nous avons également demandé des recommandations à des personnes que nous connaissons, par exemple l’équipe de Sahel Sounds. Aussi, par exemple Ruth Tafébé n’est pas très connue mais quelqu’un nous a mis en contact, nous disant qu’elle serait parfaite pour ce projet. Nous avons eu une conversation avec elle, elle était très enthousiaste. Il ne s’agit pas de l’importance des artistes, mais surtout de leur degré d’engagement et d’intérêt.

Peux-tu nous en dire plus sur un éventuel prochain épisode ?

C’est une bonne idée de faire toutes les régions du monde mais pour nous, la créativité s’épuisera à un moment donné, car ce serait la répétition de la même idée. Pour le prochain, nous voulons faire quelque chose de différent. Il ne s’agirait pas d’une région, mais de la migration. Par exemple 10 musiciens migrants et 10 oiseaux migrateurs !

La compilation sera disponible à partir du 16 juin, précommandez-la ici.

Pour en savoir plus sur l’impact des deux premières compilations, rendez-vous ici.

El Búho et Barrio Lindo représenteront le label Shika Shika au festival Week-end au bord de l’eau du 1er au 3 juillet 2022 aux côtés du PAM Sound System !

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