Le batteur londonien dévoile le clip de « Stranger Than Fiction », un titre qui questionne la dimension surréaliste des temps troublés que nous traversons.
La dernière fois qu’on a vu Moses Boyd, c’était au New Morning à Paris en février dernier pour une performance exaltante : le batteur et producteur britannique venait de sortir Dark Matter (Exodus Records), un disque remarquable conçu comme une “célébration de l’infinie beauté de toute la musique noire”, comme il expliquait à PAM dans une interview. En confrontant son jazz à la fièvre underground de Londres, du grime à l’afrobeat, eux-mêmes augmentés de polyrythmies afro-caribéennes, textures électroniques et autres collages sonores, Moses Boyd a donné vie à une œuvre moderne en totale adéquation avec sa soif d’exploration musicale.
Alors que le batteur dévoile aujourd’hui le clip de “Stranger Than Fiction”, il est clair qu’entre-temps, le monde a changé : l’épidémie de Covid-19 et l’indignation de la société civile suite à la mort de Georges Floyd aux Etats-Unis tendent à accentuer une perte de repères dont Moses Boyd semblait déjà avoir eu l’intuition. « Stranger Than Fiction a été créé pour mettre en lumière la façon dont le monde dans lequel on vit peut paraître surréaliste et nous faire douter de ce qui est vrai » explique Moses Boyd, qui achevait sa grande tournée européenne trois jours seulement avant le confinement.
Tourné dans un grand hangar désaffecté — parfait pour les mesures de distanciation sociale, le clip de “Stranger Than Fiction”, révèle des silhouettes filmées en négatif comme autant d’apparitions spectrales, retranscrivant à merveille l’atmosphère crépusculaire du morceau. On y retrouve Moses Boyd derrière sa batterie bien sûr, mais aussi les frères Cross, Theon au tuba et Nathaniel au trombone, Michael Underwood au saxophone ou encore Ife Ogunjobi à la trompette, soit la crème du jazz londonien qui peut compter sur ces musiciens talentueux pour se réinventer.