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The Pan African Music Magazine
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Et Nkrumah s’en va
Dr Kwame Nkrumah (1902 - 1972) - Photo by Terry Fincher/Express/Getty Images

Et Nkrumah s’en va

Au mitan des années 60, le père du Ghana devient de plus en plus autoritaire et le mécontentement gronde, en particulier chez les militaires. Au Ghana s’ouvre une période incertaine. Ghana Freedom (5/5)

1964 : Nkrumah met fin au multipartisme, comme nombre de ses pairs en Afrique à cette époque. Il se proclame même président à vie. Histoire de donner du temps au temps. De plus en plus paranoïaque, il se barricade. Il faut dire qu’il a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat, ce qui forcément pousse à la défiance. Mais en Afrique, c’est bien connu, quand on est président, il y a deux choses fondamentales qu’il faut craindre. Primo : les fêtes de Noël ou de la Saint Sylvestre, qui sont souvent choisies pour faire des coups d’état, à la faveur du relâchement ambiant qui parfois gagne les forces de l’ordre censées surveiller (Bokassa ou Henri Konan Bédié en savent quelque chose). La seconde, ce sont les déplacements à l’étranger : en février 1966, c’est ce qui arrive à Kwame Nkrumah, déposé sans coup férir par une junte militaire alors qu’il séjournait en Chine. La CIA, toujours bienveillante, y a gracieusement contribué.

Nkrumah s’exile alors en Guinée, et l’année d’après, quoi qu’à mots couverts, Nana Ampadu et les African Brothers d’Accra évoquent les jeux de pouvoir qui se déroulent en coulisses, pour savoir qui prendra le fauteuil présidentiel. Bien sur, il chante sous formes de paraboles, car on ne s’amuse pas avec les autorités, surtout quand elles sont militaires.

Nana Ampadu et les African Brothers – Ebi Te Yie

La chanson s’appelle « Ebi Te Yie », qu’on pourrait traduire par « Certains sont bien assis ». Elle raconte en images comment les animaux de la brousse se battent pour être assis près du feu de camp, c’est à dire du pouvoir et des richesses auquel il donne accès. Oui, comme on dit en Côte d’Ivoire, quand on critique en chanson, on ne « dit pas nom de quelqu’un », mais la métaphore permet à celui qui écoute de comprendre, et à celui qui chante de dire, en cas de problèmes,  que lui n’a jamais voulu dire ça.

Kwame Nkrumah a donc perdu son fauteuil, bien d’autres le perdront au Ghana après lui puisque le pays va être pour longtemps abonné aux coups d’état militaires. Cela dit, son intransigeance et son autoritarisme, qui l’avaient rendus chez lui impopulaire,  ont fini avec le temps par laisser place à une réhabilitation dans son pays. A l’extérieur, il reste le héros du panafricanisme dont les discours soixantenaires sont encore souvent pertinents aujourd’hui. Et puis, grâce à Nkrumah et à sa vision panafricaniste, le Ghana est devenu la première destination des Noirs Américains qui cherchent leurs racines en Afrique.

A commencer par les artistes, puisqu’en 1971, le Ghana accueillait Soul to Soul, un fantastique concert (il aura duré 14h !) avec une floppée d’artistes ghanéens et les stars américaines de la soul : Ike et Tina Turner, The Stapples Singers, Carlos Santana lui apportait sa petite touche latine, et bien sur Wilson Pickett, tous en live à Accra.

Un an plus tard, Nkrumah mourrait dans un sinistre hôpital de Bucarest en Roumanie. Ses idées, elles, demeurent, et continuent d’inspirer tous ceux qui rêvent d’une Afrique unie, forte, et véritablement indépendante. 

Série #GhanaFreedom : épisode 1, épisode 2épisode 3, épisode 4

Wilson Picket – Festival Soul to Soul 1971

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