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The Pan African Music Magazine
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Dans les disques de Franck Descollonges : musique traditionnelle africaine

Cet été encore, le patron du label Heavenly Sweetness nous écrit pour partager les trésors de sa discothèque. À lire et écouter sans modération. Aujourd’hui, de la musique captée dans les villages d’Afrique…

C’est le coeur de l’été, il fait très chaud, voire caniculaire, c’est l’occasion de se parler de musique à la fois contemplative et rafraîchissante. De la « field music » idéale pour laisser son esprit vagabonder très loin. Je vais donc vous parler de plusieurs albums enregistrés en Afrique, non pas dans les champs (field) mais dans des villages. De la musique traditionnelle, captée par des explorateurs sonores dans des conditions souvent basiques mais qui retranscrivent la beauté et la force de ces chants ou instrumentaux.

Ces vinyles m’ont été recommandés par mon ami et dealer de galettes favoris David Jaloux, merci à lui pour ces belles découvertes.

Empire Centrafricain – Musique Gbáyá / Chants à Penser (1977)

« Chants à penser », dès le titre tout est dit ! On sait qu’on va faire un voyage auditif sortant de l’ordinaire. Ce vinyle fait partie de la collection de l’excellent label français Ocora, lié à Radio France et dédié à l’enregistrement de musique traditionnelle à travers le monde. Dans un objectif scientifique mais aussi pour garder la trace d’héritages musicaux parfois ancestraux. Les fans de vinyle connaissent bien ces albums qu’on reconnaît immédiatement grâce à leur charte graphique : un cadre noir avec une photo au centre et toujours la même typo pour le pays et les musiciens. Simple et beau, comme on aime. Je vous recommande d’ailleurs vivement le magnifique livre consacré à Ocora sorti par Sublime Frequencies et qui regroupe les photos prises par le patron du label, Charles Duvelle, lors des voyages et enregistrements des albums du catalogue.

Ce disque « à penser »  a été enregistré en 1977 dans l’ouest de la République Centrafricaine chez l’ethnie Gbaya, qu’on retrouve aussi au Cameroun. Les musiciens y jouent un de mes instruments préférés : la sanza, autrement appelée kalimba, m’bira ou terme que j’adore : « Piano à pouce » ! En effet, cet instrument qu’on pourrait qualifier de « rudimentaire »  est composé de lamelles métalliques, fixées sur une planche en bois avec ou sans résonateur. Les lamelles sont fixées de telle manière qu’on puisse les faire vibrer avec les pouces. La sanza peut prendre de nombreuses formes et tailles, les plus grosses étant les plus puissantes. Elles sont souvent fabriquées avec des matériaux de récupération comme des baleines de parapluie ou des rayons de bicyclette.

Cet enregistrement de toute beauté est composé uniquement de voix, de sanzas avec comme seule percussion des hochets et des bâtons entrechoqués. Simple et sublime à la fois.

La première face est consacrée à la musique d’ensemble avec plusieurs musiciens et chanteurs et la seconde (ma préférée) de musique de soliste, parfois juste un musicien à la voix et sanza. Ce qui fait écho à un titre du premier album sorti sur Heavenly Sweetness, « We People »  de Doug Hammond, enregistré en 2006 par mon partenaire Antoine Rajon. Ce dernier sortira également, quelques années plus tard, un autre titre sublime de sanza : « Zvichapera » par Chiwoniso. Vous retrouverez aussi dans la playlist de la semaine, des titres à la sanza du camerounais Francis Bebey, qu’on retrouve notamment sur une belle compilation des copains de Born Bad.

Africa – Ceremonial & Folk Music (1975)

Pour cet album, on part plus à l’est de l’Afrique dans la région des grands lacs en Ouganda, Kenya et Tanzanie. Un vrai disque de « field music » puisqu’il réunit de la musique enregistrée lors de cérémonies (mariage, fêtes religieuses ou guerrières…) dans plusieurs ethnies et régions. On y retrouve des titres très simples avec juste un chanteur jouant de l’enanga (une cithare acholie) mais aussi des morceaux regroupant de nombreux chanteurs, des femmes masaïs, des guerriers samburu… La plupart des titres sont vocaux, sans instruments, sauf le dernier enregistré en Tanzanie où l’on retrouve du marimba, qui nous rappelle Konono N°1.

À noter que cet album est extrait de la série Nonsunch Explorer series, spécialisée dans les musiques du monde, avec de belles pochettes dessinées. Collection d’albums qu’on peut rapprocher d’un autre grand label de world music américain : Folkways, chez qui on trouve également de belles pépites musicales.

Mateso Suffering : Master Musicians Of Tanzania (1985)

Un beau disque de musique traditionnelle tanzanienne, enregistré non pas en Tanzanie mais à Londres ! En effet, Hukwé U. Zawosé, leader du groupe, est l’un des plus grands chanteurs traditionnels de Tanzanie et a voyagé à travers le monde pour présenter sa musique. C’est lors de son second séjour à Londres en 1985, qu’il est allé enregistrer avec deux musiciens cet album. On y retrouve du marimba, qui est ici plutôt des grosses sanzas que des xylophones, du zézé (un instrument à cordes traditionnel) et des cloches. Une musique belle et profonde, parfois instrumentale, idéale pour la sieste ou autre temps calme estival.

À noter que Hukwe Zawosé a ensuite enregistré plusieurs albums pour Real World, le beau label de musiques du monde de Peter Gabriel.

Et comme chaque semaine, retrouvez la sélection de Franck en playlist sur Deezer et Spotify.

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