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The Pan African Music Magazine
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Zenobia زنّوبيا : « notre manifeste politique, c’est notre existence même ! »

Transe, place des artistes palestiniens, bouillonnement de la scène d’Haïfa… PAM a rencontré le binôme Zenobia زنّوبيا, qui sort aujourd’hui son premier album chez Acid Arab Records.  

Arabes d’Haïfa (au nord d’Israël), Nasser Halahlih et Isam Elias forment le duo Zenobia زنّوبيا depuis deux ans. Sur les scènes du Fusion Festival, de la Techno parade à Paris, des clubs de Berlin, de Londres ou au cœur de petits lieux de concerts à Haïfa, le binôme déploie son déluge de nappes électroniques et de synthés acides. Leur ode à la transe — sous influence d’un Nu-dabke*, barré et décentré — a charmé les membres d’Acid Arab, qui les ont immédiatement signés sur leur label éponyme, hébergés chez Crammed Discs. Intitulé Halak Halak (Bienvenue en arabe), ce premier album fait suite à l’impeccable EP paru  début 2019, KSR KSR KSR. Rencontre avec les tauliers de la scène d’Haïfa.

Le duo Zenobia existe depuis deux ans, mais votre rencontre avec Nasser Halahlih remonte a plus longtemps c’est bien ça ?

Oui ! Nasser et moi, nous nous connaissions d’avant la musique. Nous avions quelqu’un en commun via radio Ashams, dans laquelle je travaillais. Nasser était un ami, mais disons il n’y avait pas encore eu le déclic musical qu’on a connu par la suite avec la création du groupe.

D’autant que pour ta part, justement côté musique, tu étais déjà occupé avec le groupe de pop Ghazal…

J’y joue toujours d’ailleurs ! Ghazal est une formation qui continue de tourner. En fait, la rencontre musicale qui nous a conduits à Zenobia est liée à un lieu de Haïfa, le Kabareet. C’est au Kabareet que nous avons jammé pour la première fois ensemble, un peu par hasard d’ailleurs, car il se trouve que j’avais mes synthés dans la voiture ce soir-là. La session que nous avons faîte avec Nasser nous a enchantés, ainsi que le public présent.

Peux-tu nous parler un peu du Kabareet justement. Pourquoi est-ce un lieu important à Haïfa ?

Le Kabareet est un petit lieu, d’une jauge de deux cents personnes maximum, toujours bondé. Si l’endroit est si important ici c’est qu’il nous permet de nous réunir, nous les Arabes israéliens. Avant son ouverture, il n’y avait pas vraiment d’endroit auquel nous identifier et nous retrouver à Haïfa. Avec le Kabareet, on a désormais notre lieu à nous, un endroit où notre minorité peut se réunir, ça compte beaucoup. C’est un espace où les gens peuvent vivre des expériences de fête, de danse, de découverte musicale, de club, au sein d’une même communauté. Le Kabareet marque les débuts de Zenobia, et il continue de marquer la vie du groupe puisque c’est là-bas que nous testons nos nouveaux morceaux, sur un public d’initiés.

Zenobia زنّوبيا – Galbi Dari – قلبي داري

Comme un petit laboratoire live…

D’une certaine façon, mais je dirais plus que c’est une zone de confort, un lieu dans lequel on vient chercher une forme d’intimité, car nous nous y sentons chez nous. Cette forme de confort est propice à pouvoir proposer un nouveau set, tester un nouveau track ou de nouveaux sons devant une audience de confiance.

Quel effet cherchez-vous justement à imprimer sur votre audience ? Il y a quelque chose d’hypnotique chez Zenobia, on sent que le basculement dans la transe peut arriver très vite avec votre musique.

Notre utilisation de boucles, naturelles ou synthétiques, produit cet effet de transe. Après, je pense qu’on cherche avant tout à imprégner un effet de nouveauté sur notre public. Nouveau son, nouvelles sonorités, nouveau souffle… On ne veut pas être ramené à un quelconque folklore ni aux seules rythmiques traditionnelles. On ne veut pas de cette étiquette. On s’amuse avec nos bases musicales certes, mais on veut surtout que notre musique tende vers une forme de modernité, qui puisse toucher tout le monde. Notre album s’intitule « Halak Halak », il s’agit d’une expression très courante qui signifie littéralement « bienvenue ». De l’Égypte à la Syrie en passant par la Tunisie ou le Maroc, tous les arabophones peuvent s’y référer, elle parle à tous. C’est le but des sons de Zenobia, nous invitons le plus grand nombre de gens à découvrir notre monde, partager nos émotions et nos histoires, voyager avec nous !

Comment s’est faite votre arrivée chez Acid Arab Records** ?

Par hasard, encore une fois ! Les garçons d’Acid Arab tournaient dans le coin, à Jaffa ou Haïfa, je n’arrive pas à me souvenir. Bref, ils ont vu qu’on ne jouait pas loin. Ils se sont jetés dans un taxi, ont débarqué à notre show, ont adoré et nous ont signés presque immédiatement, avec beaucoup d’enthousiasme ! On a partagé la scène en novembre dernier avec eux en France, c’était très cool, nos musiques ont beaucoup en partage.

De 47SOUL*** à plus récemment une DJ comme SAMA’ originaire de Ramallah, les artistes palestiniens sont animés par cette dynamique très forte, qui oscille entre racines et une envie de se raconter au plus grand nombre. Comme si identité et universalité se croisaient ici sans discontinuité.

Oui, c’est normal et lié à notre histoire. Sama’ est dans une dynamique de deejaying donc quelque part c’est différent pour elle. Mais 47SOUL est une référence, une influence qui a beaucoup compté. Après, si ce groupe a beaucoup posé de mots, et disons produit du discours autour de la situation politique palestinienne entre autres, pour Zenobia, nous préférons que ce soit notre musique qui parle pour nous. On laisse la posture politique aux médias, à l’armée ou aux gouvernants. Nous préférons nous effacer derrière nos morceaux, car nous croyons précisément en l’universalité du langage musical. Mais Zenobia est politique. Notre manifeste, c’est notre existence même. Deux jeunes arabes d’Haïfa qui parcourent le monde avec leur création, c’est politique par essence ! Nous sommes des Palestiniens d’Haïfa. Nous sommes une minorité arabe. Au sein de ce petit groupe, nous sommes artistes, donc minoritaires à nouveau. Minorité au sein d’une minorité, avoir la chance de pouvoir partager notre musique du Chili à la Corée du Sud, c’est incroyable ! Et nécessaire aussi. La connexion entre différentes personnes et différents publics nous enrichit les uns les autres, elle libère nos esprits. Finalement le leg militant d’un groupe comme 47SOUL, c’est d’avoir inspiré d’autres musiciens à créer, et c’est ce qui nous anime aussi, donner aux gens l’envie, l’espoir, le désir de s’exprimer en musique ! 

Halak Halak de Zenobia زنّوبيا est maintenant disponible chez Acid Arab Records/Crammed Discs

*le dabke est une danse traditionnelle présente dans plusieurs pays du Proche Orient.

** Hébergé au sein de la prestigieuse écurie Crammed Discs, Acid Arab Records est la filiale éditrice du sémillant collectif parisien. Acid Arab Records a déjà sorti le EP du Cairote Rozzma : Donya Fakka.

***Formé à Amman en Jordanie en 2013, 47SOUL est quatuor électronique qui célèbre la liberté et la lutte pour l’égalité. Le nom du groupe fait référence à l’année 1947, qui verra s’appliquer le plan de partage de la Palestine, et la fin de la libre circulation des populations arabes dans l’état.

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