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The Pan African Music Magazine
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Vudufa, danse avec les démons

Le duo de Lima Vudufa explore les connexions possibles entre musiques latines, rythmes afro-péruviens et musique électronique sur leur nouvel EP South American Loa. Interview et avant-première.

C’est fini, Dengue Dengue Dengue n’a plus le monopole du duo péruvien masqué qui s’amuse à introduire l’essence de la culture afro-péruvienne dans les clubs. Derrière leur déguisement de cochons flippants, Pounda et Nomodico évitent la comparaison en proposant un son plus brut que leurs confrères. En référence à la divinité du culte vaudou, South American Loa rassemble les rythmes, l’esthétique et l’esprit de la culture afro-péruvienne en l’espace de six titres aussi farouches qu’hypnotiques. Sur le titre éponyme, Vudufa sample le quijada, cette mâchoire d’âne séchée amenée par les esclaves africains en Amérique Latine lors de l’époque coloniale. Des chants mystiques survolent l’électro lo-fi de « Damballa Boa », préparant l’auditeur à la techno midtempo sombre de « Baron Samedi is Here », basé sur les rythmes de la danse festejo. Ici, le duo nous propose de découvrir la friandise dancefloor « Ayahuasca Schock », en référence à la boisson hallucinogène consommée par les chamans des tribus amérindiennes d’Amazonie.

Quelle est l’histoire derrière le morceau « Ayahuasca Shock » ?

« Ayahuasca Shock » est une chanson dans laquelle nous avons utilisé des samples de voix d’une cérémonie ayahuasca. Les phrases n’ont pas de sens particulier, elles ont été modifiées et samplées pour s’harmoniser avec le son du morceau en général. Nous cherchions un son qui transmettrait un certain mysticisme et nous l’avons trouvé en utilisant les synthétiseurs et la basse. Nous ne voulions pas non plus perdre l’agressivité et la vitesse du morceau, c’est pourquoi nous avons utilisé des percussions assez dynamiques.

Vudufa – Ayahuasca Schock

Qu’est-ce qui vous intéresse dans l’héritage afro-péruvien dont vous vous inspirez dans certaines chansons ?

Nous pensons que la musique afro-péruvienne (qui est un héritage de la culture africaine) est présente dans presque tous les rythmes de la musique populaire péruvienne et fait certainement partie des plus importants d’entre eux. De plus, c’est un concept divisé en plusieurs sous-genres et styles musicaux tels que marinera, festejo, landó, tondero, zamacueca, toromata et plus encore.

Comment fusionnez-vous ces styles avec l’électronique dans vos morceaux, pour en donner votre propre interprétation ?

Avec Vudufa, nous sommes là pour partager notre proposition du genre. Les percussions afro-péruviennes sont rythmiquement parfaites et peuvent être fusionnées avec n’importe quel son. Ils sont également composés d’une incroyable palette d’instruments (cajón, cajita, quijada, etc.) qui donnent une atmosphère et une personnalité à nos compositions. Nous aimons fusionner les genres péruviens, à la fois afro et folkloriques, avec n’importe quel rythme électronique – de la house à la techno en passant par la synthwave. Nous ne nous concentrons pas sur la classification des genres, mais nous cherchons essentiellement à mélanger ce que nous apprécions avec les rythmes de notre pays.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les références à la culture vaudou au sein de votre travail ?

Nous ne sommes attachés à aucune croyance en tant que telle, mais nous croyons d’une certaine manière aux êtres supérieurs et à leurs divinités. Les différentes cultures sont responsables de leur division au fil du temps mais nous pensons qu’elles ont la même origine et sont juste racontées de différentes manières. Nous considérons que ce qui est hérité de la culture africaine va bien au-delà de la musique. Le mysticisme et la personnalité des esprits et des loas donnent en quelque sorte une idée d’une relation plus étroite entre la divinité et les humains.

Nous interprétons également la variante du vaudou dans cette partie du continent comme une union entre l’Afrique et la religion chrétienne. Nous pensons également que les divinités ne devraient pas être gouvernées par des étiquettes et que leur présence peut être ressentie partout – alors pourquoi pas en Amérique du Sud également ? Notre nom Vudufa cherche à relier cette identité à cette partie de la planète car il s’agit d’un mélange de deux mots – « vudu » et « burrofa » qui est un démon populaire péruvien.

L’EP sortira le 30 octobre chez Basy Tropikalne. Précommandez-le ici.

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