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The Pan African Music Magazine
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PAM Meets Jupiter & Okwess : il était une fois à Coachella

PAM a suivi Jupiter & Okwess cet été lors de leur tournée américaine passant par … Coachella, un des plus prestigieux festivals de musique des États-Unis. Un voyage au pays de l’oncle Sam commenté par le cow-boy congolais, et raconté en images par le réalisateur Florent de La Tullaye.

Jupiter dans la ville des Anges

C’est à 5h du matin, le 14 avril 2023 que Jupiter et ses quatre partenaires de scène (Montana, Yendé, Eric, Richard) arrivent à Los Angeles.  Les voilà repartis pour une tournée américaine, qui passe par Coachella, l’un des plus grands – sinon le plus grand festival du monde, avec ses plus de 200 000 spectateurs qui déambulent, deux week-ends durant, sur les 33 hectares de l’Empire Polo Club. Beyoncé, Billie Eilish, Ariana Grande, The Weeknd, Rosalia, Blackpink… les grandes stars de la pop américaine et mondiale défilent toutes ici. Il ne manquait que Jupiter, une des étoiles du Congo qui tourne le plus à l’étranger, et qui ne joue pas de la rumba, contrairement aux stars de son pays. A peine sorti de l’avion, le voici avec son staff dans un mini-bus qui traverse les paysages californiens. Au bout de trois heures, comme un mirage au beau milieu du désert californien, apparaît une gigantesque silhouette : c’est celle de la grande roue emblématique du festival. Coachella.

Jupiter n’est pas impressionné : il y a quelques mois, il ne connaissait pas Coachella. Mais il en a compris l’ampleur quand tout le monde s’est mis à l’appeler en voyant son nom dans la programmation. Avant lui, Konono N°1 (avec Björk) en 2007 et le groupe Mbongwana Star sept ans plus tard avaient déjà planté le drapeau congolais dans ce désert qui reprend vie avec le festival. A son arrivée, c’est dans une voiturette de golf qu’on le fait monter pour l’emmener jusqu’à la scène Gobi où il doit se produire le jour même, aussi la semaine suivante, à l’heure difficile où le soleil est le plus chaud et où les festivaliers sont nombreux à chercher l’ombre et le repos. Mais à 13h20, quand Jupiter déboule sur scène, le son d’Okwess rameute les festivaliers : ici, très rares sont ceux qui le connaissent, mais ses transes électriques inspirées des rythmes traditionnels mongo font mouche. Qui en doutait ?   

Un cow-boy congolais

Qu’on ne s’étonne pas de voir Jupiter en cow-boy : sa tenue fait le lien entre le Congo et les USA. Comme il l’explique dans le film, l’image des Etats-Unis a depuis les années 50 été véhiculée par les films western dont les Congolais, comme ailleurs en Afrique, étaient abreuvés. Au point de contribuer au style de vie d’une partie de la jeunesse kinoise, qui aimait poser devant l’objectif habillé en cow-boy. L’argot de la rue, durant les années 60, s’appelait d’ailleurs l’hindou-bill, car il puisait dans la culture des films Bollywood comme dans les films « de Bill » (en référence à Buffalo Bill), c’est-à-dire les westerns. Jupiter, le général de la commune kinoise de Lemba, en a gardé des traces et elles jouent à plein ici, au pays des cow-boys et du rêve américain. A tel point qu’à Coachella, on l’affuble vite du surnom “Django di Kongo” (en référence au cow boy du film Django, sorti en 1966). Mais le chanteur n’est pas dupe : habillé en cow-boy, sa sympathie va aux Indiens. Dans le film, on le voit jubiler en assistant aux répétitions d’un groupe autochtone de la Nation Cahuilla. Il en est convaincu : eux aussi ont des ancêtres africains

Congollywood

Evidemment, Jupiter et les siens ont eu le temps de se promener entre leurs deux concerts à Coachella, et ils n’ont pas manqué d’aller marcher sur Hollywood Boulevard, dont les trottoirs sont frappés d’étoiles recensant les plus grandes stars de la chanson et du cinéma américains. Sur le Walk of Fame (la promenade des célébrités), Montana le batteur fait la photo de celle de Mickael Jackson. Et puis, coup de chance, il reste une étoile vierge, sur laquelle on n’a pas encore inscrit de nom. Et si c’était celle de Jupiter et Okwess ? l’occasion était trop belle, saisie par un facétieux inconnu (il tient à garder l’anonymat) qui avait un marqueur sur lui… les voici entrés dans l’histoire. La photo, postée par Florent de la Tullaye sur son Facebook, est même devenue une « information », à la vitesse de celles qu’on ne vérifie pas sur internet. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée, comme un fait établi, sur des sites d’information congolais.


Le roi du bofenia-rock (du nom du style musical qu’il a inventé), après avoir ravi les spectateurs curieux de Coachella, a poursuivi sa tournée au Mexique, au Brésil, au Japon, avant de rentrer chez lui reprendre son souffle à Kinshasa. En attendant le prochain marathon : car sa participation au fameux festival a permis de décrocher une nouvelle longue série de concerts, quelques semaines plus tard, aux Etats-Unis et au Canada. C’est que les Amériques, qu’elle soient du Nord ou du Sud, s’ouvrent de plus en plus aux musiques africaines. Jupiter le sait, et sait aussi combien cette curiosité croissante doit aux afro-descendants qui, désireux de renouer avec leurs racines, ont faît grandir l’intérêt du public. Et puis, il y a le prochain album à terminer… Une nouvelle contribution à la grande épopée de la musique congolaise, et à la « Congology » dans son ensemble.

En guise de mot de la fin, comme l’écrit le réalisateur Florent de La Tullaye (qui signe aussi les photos ci-dessus) : « La congology est une science complexe, qui allie les défis du quotidien à la vitalité de la rumba, et la capacité de sourire face aux caprices de la vie, qui offre des bananes avec une main mais disperse leurs peaux sous nos pas avec l’autre. En bref, c’est l’étude approfondie de l’existence entre splendeur naturelle et absurdité humaine. Cette philosophie se reflète dans la musique de Jupiter, mélangeant joie et mélancolie, richesse culturelle et dures réalités sociales du Congo.» 

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