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The Pan African Music Magazine
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La France enchantée : chansons pour réunir un pays pluriel

Le 28 mars à Paris, une pléiade d’artistes reprend des grands succès de la chanson francophone : de Gainsbourg à Khaled en passant par Anne Sylvestre et Manu Dibango. Un grand concert pour célébrer une France plurielle, contre les dérives nationalistes et xénophobes.

C’est en assistant à un concert d’Enrico Macias et Agnès Jaoui qu’Élodie Maillot, journaliste mélomane qui ressuscita l’orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, eut l’idée d’organiser une grande réunion de famille. Emportée par l’ambiance chaleureuse des rassemblements post-covid, elle ressent comme tant d’autres le bonheur de retrouver toutes les générations, ensemble, autour d’un patrimoine fait de chansons fédératrices. Une poire pour la soif, en ces temps où l’inquiétude s’invite à tous les repas, sous forme de pandémie, de banalisation des idées racistes, de guerre et de menaces nucléaires sur fond de vie chère. Elle est pas belle la vie ? Elle l’est toujours quand on sait l’enchanter.

Et c’est ce que feront les membres hétéroclites de cette famille créée pour l’occasion, transcendant les styles et les âges autour d’une idée : être ensemble, partager un patrimoine aussi divers et métissé que nous le sommes. En d’autres termes, « défendre l’exception culturelle française » complète notre collègue journaliste.

Patrimoine éclectique à partager

Cela ne pouvait avoir lieu qu’à Paris, une ville spéciale « car c’est ici, d’après Élodie Maillot, et pas à New York – qu’on peut voir Mamani Keïta et Arat Kilo croiser leurs histoires avec celles de musiciens afghans ou persans. C’est ici aussi, pas à New York, qu’on peut entendre ‘Ya Rayah’ jouée dans le métro ». La chanson, devenue un tube en France dans la voix du regretté Rachid Taha, est aujourd’hui un hymne qu’on entend dans bon nombre de mariages, et qu’on entendra dans la voix d’Enrico Macias, sur la scène du Trianon le 28 mars.

Son attendus pour cette « fête de famille » Jane Birkin, Angélique Kidjo, Agnès Jaoui, François & The Atlas Mountain, Yaël Naïm, Sofiane Saïdi, Fefe et Fixi et de jeunes talents émergents comme Eesah Yasuke dont on vous a récemment parlé. Gainsbourg y sera à l’honneur, chanté pour « Ces petits riens » par la diva béninoise, mais aussi Anne Sylvestre dont Sofiane Saïdi reprendra un morceau, ou encore Seb Martel qui a convié la Franco-Camerounaise Cindy Pooch à reprendre une chanson traditionnelle baptisée « Le Luneux ». Le Luneux, explique-t-elle, « c’est une personne aveugle et indigente, qui raconte le bonheur qu’il arrive à trouver dans cette condition. Je trouve ce morceau très poétique parce qu’il invite à changer notre regard sur quelque chose d’a priori discriminant et triste, pour en faire quelque chose de précieux, qui permet de vivre de manière sincère et douce. » Cindy Pooch devrait également rejoindre François and the Atlas Mountain pour une version inédite et adaptée en français d’« Ongeleba », titre de feu le doyen Manu – pilier de la chanson française et africaine – décédé il y a deux ans de cela presque jour pour jour. Il faut dire que pour François Mary, qui a travaillé à l’adaptation de ce groove redoutable, « Ongeleba » est son premier souvenir de concert – il n’avait alors que huit ans. Il se souvient de « l’énergie folle » que dégageait la musique du saxophoniste. On pourrait en dire autant de James BKS, son talentueux fiston, qui est attendu lui aussi le 28 mars sur la scène du Trianon.

https://www.youtube.com/watch?v=K-PmyUs2Y-o
James BKS – « No Unga Bunga » – live @ Trans Musicales 2020

La liste des participants est longue, et pleine de belles promesses, riches de duos- pour-la-première-fois et de versions inédites, à entendre seulement là, et seulement ce soir-là.

« Il y a eu des chansons dans l’histoire de France qui racontent des morceaux d’histoire, je trouvais que c’était intéressant de se pencher là-dessus pour rassembler. On assume qu’on a des choses en commun : comme nos identités, les chansons sont vivantes ! » rappelle Elodie Maillot, qui a une fois de plus tout misé pour la beauté de cette idée. Gerald Toto, qu’on avait croisé avant le Covid à Kinshasa, l’incarne à merveille : quand l’identité se fait fluide et libre, heureuse… enchantée ! Il sera lui aussi de la partie lundi. 

« Pour moi, raconte Cindy Pooch, la France enchantée c’est un peu la France dans sa meilleure version. À savoir dans sa diversité. Et puis la France sans la peur ! La France qui fait des câlins. » Voilà qui résume bien l’esprit de cette soirée décidément très spéciale baptisée « La France enchantée ». 

La France enchantée, le 28 mars au Trianon.

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