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The Pan African Music Magazine
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Triplego, le rap des « Twaregs » 2.0

Le duo Triplego, qui arbore fièrement ses origines marocaines et égyptiennes, est parvenu grâce à ses influences éclectiques, à développer un nouveau type de sonorités au fil des projets. En témoigne leur nouvel EP, Twareg, sorti le 3 juillet 2020.

Près de deux semaines après leur hit confidentiel, “Petit Nez”, sur un beat reggaeton signé King Doudou – connu pour ses collaborations avec PNL, le rappeur Sanguee et le beatmaker Momo Spazz sortent un six titres qui intègre leurs singles aux rythmiques caribéennes « Morenita » ainsi que « Sans Parler ». Leur neuvième projet reprend l’intitulé de leur label, Twareg, et décline leur univers onirique et terriblement mélancolique à travers une série de beat dansants taillés pour assombrir l’été.

Cet EP démarre avec « Brrr », un morceau produit par Juxe, un beatmaker proche de Triplego, qui caractérise l’essence artistique du duo montreuillois : des nappes de mélodies froides se mêlent à la voix venue d’outre-tombe de Sanguee, grâce aux effets qui lui sont appliqués. L’atmosphère est à la fois sombre, aérienne, vaporeuse et peut se décliner en une infinité de tons comme en témoigne cette nouvelle sortie. Ses déclinaisons mènent autant à l’introspection qu’à la naissance de mouvements frénétiques sur le refrain deep house de « Zombie ».

Avec des batteries qui varient en fonction des morceaux, inspirées du reggaeton sur « Brrr » ou « Sans Parler », d’autres héritées de la deep house, l’architecte sonore Momo Spazz s’assure qu’aucune lassitude ne s’empare de l’auditeur. D’autant plus que la grande culture musicale du duo – allant du rap d’Alpha 5.20, à la French Touch avec le tube Intro d’Alan Braxe et Fred Falke, en passant par la musique châabi et gnawa – enrichit continuellement leur musique.

Les influences de musiques traditionnelles nord-africaines se ressentent généralement dans la composition instrumentale, mais aussi dans les intonations de Sanguee lorsqu’il se met à chantonner sous autotune. A l’image des couplets et refrains entonnés sur  “Que tu reviennes”. Un titre désabusé sur un amour impossible à entretenir à cause du comportement autodestructeur de Sanguee et sa soif d’argent.

Le morceau est immédiatement suivi par « Game Over », un titre filant les mêmes thèmes avec des couplets interprétés en arabe cette fois-ci, relayés par des refrains en français. D’origine marocaine, Sanguee a toujours placé quelques couplets en darija (arabe dialectal marocain) dans ses projets. Couplé aux influences qu’ils ont pu glisser dans leurs morceaux en samplant des instruments traditionnels, depuis le 113 de DJ Mehdi et avant l’explosion de Soolking, Triplego est sûrement l’un des groupes de rap français qui a le plus intégré et représenté la culture nord-africaine dans sa musique.

Proposant une musique personnelle en terme d’approche artistique, Sanguee demeure plus conventionnel dans les thèmes abordés en parlant essentiellement d’argent, de femmes et de cannabis. Bien qu’il parvienne parfois à se détacher de certains clichés en évoquant ces thèmes par l’angle de l’exclusion ou de l’autodestruction avec des textes teintés de spleen.

Formant un tout, l’univers de Triplego est loin de se limiter aux textes et se lit tout autant à travers les effets appliqués à la voix de Sanguee que dans la richesse des compositions orchestrées par Momo Spazz tant elles apportent du relief et parviennent à transmettre des émotions fortes. D’Eau Calme au désert de Merzouga (Maroc) où ils ont interprété « Morenita » en live Triplego a développé une musique nomade, à la fois insaisissable et en voyage perpétuel. Triplego, aka les twaregs  2.0.

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