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PANGAR lâche une mixtape de maloya expérimental
Photo : Fabrice Cilpa

PANGAR lâche une mixtape de maloya expérimental

Plus de deux ans après le massif EP1, les Réunionnais de PANGAR annoncent un premier album avec une mixtape de sombres polyrythmies électroniques, doublée d’une vidéo qui dérange. Interview.

« PANGAR is coming back », martèle l’intro de Position, cette mixtape qui annonce le retour de Kwalud et Betnwaar qu’on attendait tant. Après la claque assénée par le brutal EP1, on tendait pourtant l’autre joue, mais c’était sans compter sur la Covid. A mi-chemin entre l’énergie de leur île et un monde parallèle qu’on peut imaginer comme souterrain, dystopique ou de l’au-delà, le duo pousse leur culture créole d’adoption à l’extrême dans cette mixtape de 45 minutes en forme de session de rattrapage. Cette salve de polyrythmies expérimentales dans les tympans et cette vidéo tendue dans les yeux, on a voulu en savoir plus sur cette démarche cinématique, qui ouvre aussi les portes vers un premier album.

PANGAR – Position Mixtape

Pourquoi ce silence de plus de deux ans après l’EP1 ?

On ne va pas se mentir, on s’est pris la crise sanitaire en pleine gueule, elle est arrivée juste après la sortie de l’EP1 d’InFiné. On n’a pu commencer à défendre notre projet sur scène en dehors de la Réunion qu’à partir de mai dernier seulement, avec une première date aux Nuits Sonores à Lyon. A bien des égards, cette mixtape est un bébé de la Covid… Ce n’est pas nous qui avons fabriqué le virus, promis ! On a quand même sorti dans l’intervalle deux morceaux originaux pour les labels Nyege Nyege Tapes et Blanc Manioc, et un remix en collaboration avec le groupe mahorais Sarera, pour un bel album paru en vinyle et porté par le collectif Kayamba et Blanc Manioc, Walimizi.

Cette mixtape est-elle une façon de vous remettre en selle ? Dans quel contexte a-t-elle été créée ?

On est fan des formats hybrides, des bandes sons qui proposent un univers un peu plus grand que chacun des morceaux qui les compose, qui racontent une histoire. La mixtape permet ce geste, celui de mixer, mélanger, se faire percuter les matières et les documents sonores accumulés durant ces deux dernières années. Cette mixtape met en scène une partie de la musique proposée dans l’album du même nom à paraître le 5 mai, l’inscrit dans un imaginaire augmenté, habité par l’ombre bienveillante et les voix de quelques figures de la créolité, de la Caraïbe comme de l’océan Indien. Et puis aussi, on avoue, on voulait vraiment faire une K7.

Que vouliez-vous raconter dans ce clip ?

La vidéo rassemble 3 films réalisés en une seule journée par des collaborateurs de longue date, Samuel Malka et Freddy Leclerc. 3 moments dans 3 quartiers du Port, une ville foisonnante qui borde l’océan et s’étend jusqu’à la Rivière des Galets, l’une des portes du cirque de Mafate. Dans la même idée que la mixtape, on souhaitait prendre des libertés avec le cadre parfois un peu formel du clip. Cette histoire est une dystopie, elle met en scène deux humains livrés à eux-mêmes, dont on ne connaît pas vraiment les liens, et qui pourraient aussi bien être les derniers de leur espèce. Ça parle de vie et de survie, la frontière entre ces deux réalités étant chaque jour plus mince. Ça parle de la violence de nos sociétés contemporaines et de l’innocence perdue. Ça parle d’une île jeune au monde et qui en observe les grands mouvements avec les yeux d’un enfant qui sait pertinemment qu’il se fait avoir, qu’on se fout de lui. Et puis des deux protagonistes de cette histoire, qui est vraiment l’enfant ?

Pourquoi l’avoir nommée Position

La POSITION, c’est d’abord l’endroit où tu te trouves. C’est une vigie. Elle induit une perspective singulière, des lignes de fuite, qui façonnent ta réalité et nourrissent ton imaginaire. C’est aussi l’endroit que tu choisis « d’habiter », celui que tu veux occuper, ton agora, la somme de tes choix et de tes combats. C’est enfin pour nous la situation particulière des micro-sociétés insulaires, qui sont chacune à leur façon des centres du monde, des cœurs battants, des refuges en même temps que des espaces où se fabriquent les sociétés et les identités toujours plus mélangées de demain.

A quoi peut-on s’attendre sur votre album ? Quelles seront les évolutions musicales majeures ? 

PANGAR est encore et toujours un espace d’expérimentation musicale qui mélange bass music et rythmiques créoles, situé quelque part entre la vieille Europe de notre enfance et l’île de la Réunion où nous vivons depuis 15 ans et depuis laquelle, justement, nous observons et ressentons la marche du monde. L’album est certainement plus engagé, plus radical que nos précédentes sorties, mais il reste hybride, entre-deux-mondes, et joue encore avec les codes du maloya ou du dancehall pour fabriquer cet ailleurs fantôme et polyrythmique, cet endroit à l’ADN un peu trouble, forcément proche de l’équateur, et forcément traversé par le sentiment insulaire. Notre position.

La mixtape est disponible ici. L’album Position sortira le 5 mai, et une release party aura lieu au Kabardock de la Réunion le soir même, avec Greg, Ohjeelo et d’autres artistes de l’île.

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