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PAM Rewind : l’univers de Cheetah en 10 sons
Cheetah © Samuel Batcho

PAM Rewind : l’univers de Cheetah en 10 sons

Tous les mois, Cortega vous invite à découvrir un DJ ou un producteur à travers la playlist exclusive des 10 sons qui ont façonné son univers musical. Aujourd'hui, la DJ/productrice Cheetah

Fondatrice du média Black Square et organisatrice des soirées Trap Africa, Cheetah est une DJ/productrice dont les inspirations oscillent entre hip-hop, afrobeats, future beats, en passant par le baile funk. Elle est aussi une diggeuse de l’ère digitale, qui nourrit son répertoire en puisant sur SoundCloud et YouTube des titres inédits, remixes obscurs et autres sorties qui tabassent sans avoir nécessairement capté l’attention du grand public. C’est même là, je trouve, sa grande spécialité : garantir à son audience enjaillement et découverte en même temps, un exercice d’équilibrisme qu’elle maîtrise les yeux fermés. Elle qui a grandi à Douala s’est installée, quand la vingtaine eut sonné, en région parisienne pour se lancer dans le milieu créatif et contribuer à combler le vide de représentation des communautés afro-descendantes. Musique, mode, art et culture, elle s’intéresse à toutes formes de créativité afro-urbaines. Cette passion, couplée à sa qualité d’entrepreneuse en série, en font l’une des actrices les plus dynamiques de la scène culturelle parisienne. La go a trop de choses à partager, il faut se lever tôt pour la rattraper ! D’ailleurs Cheetah veut dire guépard en anglais – c’est l’animal le plus rapide du monde – je ne vous fais pas un dessin ! En attendant, on a tout juste le temps de découvrir avec elle 10 morceaux qui ont façonné son univers musical.

Kaysha – On dit quoi ft. Teeyah, Anofela & Top One Frisson

Ce morceau c’est vraiment précurseur pour définir la direction de ma musicalité. En vrai, il m’a permis de faire le pont entre là d’où je viens (Douala, Cameroun), et là où je vis (Paris). J’avais la naïveté de croire que des morceaux comme ceux-là n’étaient populaires qu’en Afrique, mais j’ai vite réalisé que ça n’était pas le cas… et voir un public qui ne vient pas d’où j’ai grandi kiffer sur cette musique, ça m’a trop inspirée. C’est très fort de partager une connexion comme ça. En tant que DJ ça m’a vraiment encouragée à proposer une sélection musicale qui crée des liens avec le continent africain et sa diaspora.

https://www.youtube.com/watch?v=1NeaRkyQE-0
Petit Yodé & L’Enfant Siro – Victoire

Ah ! Ce son symbolise pour moi la période où la musique ivoirienne a commencé à envahir l’Afrique tout entière… Pour moi ça remonte à la fin de l’école primaire, début des années collège (rires). C’est un morceau de zouglou avec un tempo bien comme il faut. Chez nous, c’était devenu une sorte d’hymne qui a marqué le début de la domination ivoirienne, avant même la vague coupé décalé ! La première fois que je l’ai joué en DJ set c’était au Wanderlust… j’observe la foule et je me dis que ça à l’air d’écouter de la trap matin, midi et soir (rires). Pas grave, je prends mon courage à deux mains, je tente le son et je vois la réaction des gens – j’hallucine comme ils kiffent ! En fait, ils connaissaient le son, les fêtes de famille étaient passées par là. C’est pas forcément le genre de morceaux qu’ils vont revendiquer, mais qui sont calés là, quelque part dans le registre des sons qui font partie de leur culture. En vrai, j’ai toujours voulu passer du zouglou, mais pendant longtemps j’ai hésité à pousser le bouchon jusque-là. Depuis ce jour, je ne me pose plus la question (rires).

Iman Omari – Energy

Ah vraiment, ça là, ce morceau, il a fait quelque chose à mon cerveau (rires)… C’était en 2015 à la période où je démarrais Black Square – un media en ligne que j’ai créé pour valoriser les scènes créatives afro-diasporiques – qui a été un des principaux points de départs pour énormément de choses dans ma carrière, et notamment la définition de mon identité artistique. A cette période, je m’interrogeais aussi beaucoup sur ce qui est spiritualité et j’aime trop la vibe du morceau qui te plonge dans tes pensées. La musique est douce, et un de mes kiffs serait d’organiser des évènements où je ne joue que ce genre de musique, où les gens sont là en mode détente totale. En caricaturant, on « libère les chakras » (rires), on profite juste de la musique, on se pose, pas plus de question à se poser que ça.

Chronixx – Loneliness

Chronixx je l’ai découvert au hasard de balades sur internet, en cherchant des sujets pour Black Square. J’ai beaucoup aimé sa voix et son esprit et depuis je n’ai plus lâché. Ce morceau en particulier m’a touchée parce que j’étais dans une période de transition. Je venais de perdre ma mère, j’avais quitté mon ancien taf, je me posais plein de questions sur la suite. Ça faisait longtemps que je mixais mais c’est aussi à cette période-là que je me suis lancée à pieds joints dans le DJing. En gros, c’était ça ou rien, pas d’autre choix que de me jeter à l’eau et cette chanson tournait en boucle dans ma playlist à ce moment-là. Cet album c’est un de mes albums préférés donc il fallait le caler ici. 

Kanye West – Champion

Ça c’est le Kanye que j’aime. Graduation c’est son meilleur album, et d’ailleurs c’est le dernier album de Kanye que je peux dire avoir écouté en entier, sans sourciller. Et bon, je choisis ce son – Champion – pour son message positif, pour l’âme du morceau, pour la manière dont Kanye l’a samplé et produit comme lui seul sait si bien le faire … Je ne dirais pas que c’est un morceau que je joue dans mes sets, parce qu’en vrai, il n’est pas du tout évident à passer. Pour moi, c’est vraiment un morceau de connaisseur. Le son est mélodieux et même doux, mais ego trip en même temps, c’est un combo assez unique en vrai. C’est décalé avec les codes du hip-hop d’aujourd’hui qui est très percutant. En fait, je pourrais le jouer en mode nostalgie, mais ça fait partie de ces morceaux que j’aurais un peu peur de jouer, en me demandant si les gens auront la référence… 

KAYTRANADA ft. GoldLink, Eight9FLY, Ari PenSmith – Vex Oh 

Bubba, c’est sans aucun conteste l’album que j’ai le plus écouté en 2020. Et sur ce morceau « Vex Oh », j’ai vraiment admiré comment KAYTRANADA a su s’approprier les codes ou rythmiques afro et ramener ça a sa sauce, mais d’une manière incroyable. Même le couplet de Goldlink dessus, c’est tellement chaloupé. On sent qu’il y a ses origines haïtiennes qui ont une influence ici. En tous cas cet album, pour moi c’est 20 sur 20, à part peut-être le dernier morceau, Midsection, avec Pharell… d’ailleurs, je pense que lui-même ne va jamais l’admettre, mais il ne doit pas complètement kiffer ce son, hein, c’est pourquoi il l’a mis en dernier sur l’album (rires). Quand tu as Pharell sur ton album, tu ne le sers pas comme ça en dernier, en laissant passer tous les hits, à moins d’avoir des doutes… bref, ça c’est ma petite analyse (rires).

Sango – Agorinha

Aie aie aie ! Ça c’est les débuts de ma période baile funk. Je découvre ce genre avec Sango et je commence à creuser et faire mes recherches. Depuis le baile funk ne m’a plus quittée… « Agorinha » c’est un morceau pivot pour moi aussi, parce qu’il marque en particulier mon attachement à la plateforme SoundCloud, où j’ai découvert Sango, KAYTRANADA et tellement d’autres artistes – toute la scène future beats. De toute façon tous les projets que Sango a sorti dans cette esthétique-là, c’est toujours le petit coup de cœur qui fait plaisir.

Koffi Olomide – Loi

Bon. Ça c’est la base … Ça, c’est la maison même ! « Loi » c’est quand je veux définitivement transformer mon DJ set en fête de famille. Avec ce morceau, je sais que là, comme on dit, soit tu sais, soit tu sais … C’est-à-dire que même si tu ne connais pas, tu verras l’attitude des autres et tu vas comprendre que quelque chose est en train de se passer. Même l’intro du morceau, c’est un peu comme l’appel à la prière en fait. J’exagère à peine mais tout le monde sait que là, on est fini ! On ne peut plus rien faire, on n’a pas d’autre choix que bouger ! Et à nouveau sur ce morceau, le lien afro-diasporique est tellement fort. On vit ça ensemble, on partage ça ensemble, c’est un classique. Moi j’appelle ça un classique « de la fin du monde » (rires). Je pense que si tu demandes à plein de monde, quel est le dernier morceau qu’ils aimeraient entendre avant que tout explose, ça peut être ça (rires), tellement il est prenant et entêtant. En vrai, si les artistes que je joue en DJ set étaient des ennemis dans Street Fighter, Koffi c’est clairement le plus fort. C’est le dernier des méchants à battre pour remporter la coupe (fou rire).

Meiway – Babayèrè

Là c’est pareil… Meiway c’est une icône. Moi je (si) le vois demain, je suis une groupie ! Je l’ai croisé une fois, j’ai couru pour demander une photo. J’ai choisi « Babayèrè », bien que ça ne soit pas sa chanson la plus connue, mais parce qu’elle m’a permis de comprendre la connexion musicale entre l’Afrique et les Antilles. En fait le morceau commence en mode carnaval, et part seulement après en mode afro. J’aime bien le jouer, parce qu’il permet de faire le lien. Les gens ne le connaissent pas forcément, mais vu comment il est composé, il permet de faire la jonction entre les deux univers. Meiway c’est trop un boss. Le boss incontesté… si tu le mets côte a côte avec Koffi Olomide, il faut bagarrer avec les deux… c’est des légendes quoi. D’ailleurs ils avaient sorti un morceau tous les deux – « KK Mou Prudencia » – je n’ose même pas imaginer si c’était sorti à l’heure actuelle, le boucan que ça aurait fait, avec les réseaux sociaux et toute l’effervescence autour des cultures africaines aujourd’hui, ça serait un délire !!! Moi en tous cas j’aurais pété un câble sur les réseaux, niveau Beyoncé, très honnêtement !!!

Monique Seka ‎- Missounwa

« Missounwa », c’est tellement doux, c’est pour faire pleurer les gens. Pour moi c’est un morceau toujours en mode nostalgie, et je me souviens encore la première fois où je l’ai joué en soirée. Une pote DJ était à côté de moi, elle me dit « Marina pourquoi tu fais ça ? Tu vas me faire pleurer, ça me rappelle trop d’histoires avec ma mère ». C’est vraiment quelque chose d’émotionnel. Moi ça me rappelle l’insouciance de la jeunesse, quand tu ne te posais pas de questions par rapport à la vie. Tu étais juste là et tu kiffais. Monique Seka est une artiste qui mérite plus de reconnaissance, qui a vraiment marqué son temps. C’est une telle référence, j’aimerais trop la rencontrer un jour. Ce morceau est vraiment posé, par rapport à ma sélection qui est beaucoup plus rythmée, mais là on rentre dans une sorte de nostalgie intense. Si j’ai une session zouk, je vais forcément intégrer ça… je ne peux pas me contenter des morceaux récents, il faut transmettre le savoir aussi.

© Samuel Batcho
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