Le guitariste et songwriter Saint Ezekiel annonce la sortie de Everything is Under Alarm, un mini-album qui flotte entre énergie afrobeat et plénitude soul. On vous propose d’écouter le titre « Original American Dream » en avant-première en lisant notre interview.
Né à Philadelphie de parents nigérians, Saint Ezekiel a été découvert lors d’une session open-mic par James Poyser, multi-instrumentiste et membre de The Roots. Poussé par cette bonne étoile, il sort aujourd’hui un premier mini-album qui marie ses racines africaines aux sonorités du monde occidental. Dans cette ode à la liberté sociale et spirituelle, il libère ses influences pour le high life et l’afrobeat pour les mêler avec légèreté aux musiques folk et neo-soul, à l’image de ce nouveau single « Original American Dream » qui dépeint l’illusion du rêve américain. La voix de Saint Ezekiel véhicule manifestement une aisance et une confiance naturelles, accentuées par la simplicité des mélodies, à l’image des jolies pièces que sont « Ikeja Dreaming » ou « Flee to the Amazon », qui plairont aux fans de Tony Allen, Keziah Jones ou Michael Kiwanuka.
Le titre de l’album sonne relativement pessimiste. Quels sont les messages et les principaux thèmes que tu abordes dans tes chansons ?
Le titre de ce projet sonne délibérément désastreux ou pessimiste car c’est une anastrophe de la phrase: «Tout est sous contrôle, pas de quoi s’alarmer». La gravité dans cette phrase vient du besoin constant du monde occidental d’apaiser le cœur des gens alors qu’en réalité, tout est alarmant. La nature apaisante de la pochette -une photo prise par Joshua Olumakin- diffuse en outre une énergie tranquillisante au spectateur.
Quelle est l’histoire de cette chanson en particulier, « Original American Dream » ?
Quand nous pensons au rêve américain, les images de succès entrepreneuriaux et de possibilités infinies sont celles qui peuvent inonder notre esprit. Depuis sa création, l’Amérique s’est comparée à une championne de la liberté, mais les diverses libertés dont jouissent cette nation et la plupart du monde occidental reposent sur la destruction des corps noirs et bruns. Le mythe du rêve américain est que lorsqu’un immigrant arrive ici, il pourra enrichir sa vie beaucoup plus facilement qu’il ne le ferait dans son pays d’origine. La difficulté d’être dans les mains du système, les brutalités policières et la division du pays sont les réalités du rêve.
Le communiqué de presse nous apprend que tu as été influencé par tes parents. Peux-tu nous dire ce que tu écoutais chez toi et qui t’a influencé jusqu’à aujourd’hui, en particulier dans cet album ?
Mon expérience sonore en tant qu’enfant a été une bénédiction et a certainement servi de fondement au développement de mes goûts et de mon inspiration pour écrire ma musique. J’ai passé la plupart de mon temps à écouter de la musique ouest-africaine des années 70-80, comme Ebenezer Obey, Fela Kuti ou Sunny Ade. Ces artistes m’ont aidé à construire ma compréhension du Nigéria et à me plonger dans des expressions idiomatiques, qui sont devenues une extension de moi-même. Aux côtés des artistes nigérians de base, j’ai été exposé à des artistes comme Magic System et Kofi Olumide sur les marchés africains de l’ouest de Philadelphie. En vieillissant, j’ai absorbé le son de Philadelphie par osmose, remplissant mes oreilles de jazz et de R&B pour en apprendre plus sur la structure.
Le communiqué de presse indique aussi « pour ceux qui écoutent Burna Boy et Sango », qui sont des artistes totalement différents. Comment définirais-tu ta propre combinaison musicale ?
A mon avis, Burna Boy et Sango racontent tous les deux des histoires à travers des morceaux de musique qui rendent hommage à la culture. Sango le fait en faisant appel aux morceaux de la diaspora et en mettant en lumière les ponts qui peuvent être créés à travers l’héritage unique de l’Afrique (Da Rocinha 1-4). Burna Boy le fait en ajoutant des samples d’artistes-héros africains dans son travail, que ce soit Angélique Kidjo ou Fela Anikulapo Kuti. Ces artistes illustrent le fait d’honorer les ancêtres et leurs traditions en les ajoutant à leur œuvre et en défendant de nouvelles méthodes pour la prochaine génération. Je crois que ma musique fait la même chose.
L’album sortira le 4 décembre 2020, précommandez-le ici.