DJs Di Guetto
DJs Di Guetto
Le label Príncipe n’a jamais cessé de mettre en avant les sonorités afro-portugaises singulières et propres à la scène lisboète. Et c’est aujourd’hui avec DJs Di Guetto que le label de DJ Marfox continue de faire rayonner le kuduro angolais au Portugal et dans le monde. L’album est une compilation de 13 titres tirée du Volume 1 sorti en 2006 (qui comptait, lui, 37 morceaux). Une sélection parfaite où se concentre l’esprit originel de l’album : celui de la danse, et des métissages afro. Souvent imprévisible voire décalé, DJs Di Guetto a été conçu pour faire vibrer les corps sur ses rythmes saccadés : pieds et hanches s’activent seuls à l’écoute de cet album et nous vous mettons au défi d’y résister. Le chaos ambiant est parfois bousculé pour laisser place à une techno plus minimaliste comme sur « Techno ». L’union de Marfox, DJ Nervoso, DJ N.K, DJ Foxufo, DJ Pausas et DJ Jesse a ouvert la voie avec ce bijou qui brille par son authenticité.
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Drunken Love
Elvin Brandhi et Lord Spikeheart
Depuis leur rencontre à Kampala, Elvin Brandhi et Lord Spikeheart n’ont eu de cesse de partager leur vision en créant de concert. Drunken Love est le point de convergence de leur travail. Un projet où la musique va au-delà des instruments usuels pour emprunter des chemins peu défrichés. Les cris gutturaux se suivent dans une atmosphère qui n’est pas sans rappeler le death metal mais ces cris sont entrecoupés par des sonorités électroniques et des voix cybernétiques. Parfois hyperpop, souvent grindcore, Drunken Love donne l’impression de chuter, de tomber loin des sonorités connues pour explorer un territoire de distorsions. Les Grognements et interjections d’Elvin Brandhi et Lord Spikeheart s’enchaînent dans une performance qui se refuse à chercher le confort des tendances contemporaines. Chaque son, chaque cri, chaque frottement peut être instrument musical au sein de cet album expérimental aux allures de folie sonore.
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Hommage A Zanzibar
Gibraltar Drakus
Direction le Cameroun de la fin des années 80 avec Gibraltar Drakus et son vibrant Hommage à Zanzibar réédité cet été pour notre plus grand plaisir. Dans ce disque originellement publié en 1989, le membre du groupe de légende Les Têtes Brûlées offrait un dernier hommage au grand guitariste Zanzibar qui a révolutionné le bikutsi. Le genre, traditionnellement joué et chanté par des femmes béti, rejointes ensuite par les hommes et leurs balafons, a migré vers les villes – les guitares remplaçant les balafons- au point de devenir une des musiques urbaines emblématiques du Cameroun. Fondé au mitan des années 80, Les Têtes Brûlées, emmenées par Jean Marie Ahanda qui en assurait la direction artistique (et en conçut l’incroyable look), vont vite devenir un des groupes les plus flamboyants et réputés du pays, s’exportant à l’international. Zanzibar y brillait grâce à son maniement singulier de la guitare électrique. Gibraltar Drakus, plus jeune membre du groupe en était le protégé, et il rendait hommage à son mentor peu après sa brutale disparition dans ce projet court produit par Mystic Jim. Gibraltar Drakus y transmet cette énergie que les Têtes Brûlées avaient réussi à créer avec leur version moderne et débridée du bikutsi. Une pépite à redécouvrir.
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ISOLATION
Slikback
Le prolifique DJ kényan ne prend pas de repos et sort ce mois-ci ISOLATION . Son univers est toujours aussi indescriptible, sorte de grande toile sur laquelle Slikback a apposé le meilleur de plusieurs styles. On y retrouve l’énergie de la bass music, l’imprévisibilité de la techno industrielle, des éléments de grime et une atmosphère propre à la dark ambient. « VOIDOUT » et son martèlement nous emmènent jusqu’au climax avant de se transformer en un genre d’EDM transfiguré, « KENEKI » et ses basses ponctuées d’ultrasons évoluent de manière imprévisible, deux échantillons qui rien qu’à eux sont une belle démonstration de l’étendue des possibilités présentes dans le répertoire de Slikback. L’artiste l’avait déjà prouvé avec le projet Lasakaneku qui était beaucoup plus organique et infusé de footwork. ISOLATION est un projet brut et futuriste qui risque de faire trembler vos soubassements, et bien sûr vos fessiers.
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I Told Them
Burna Boy
L’African giant nous avait prévenu que son album serait sensationnel, il n’avait pas menti : I Told Them est un incontournable du mois. L’occasion pour Burna Boy de revenir sur sa carrière dans ce 15 titres, ode à la résilience et à la poursuite de ses rêves. « J’ai prédit tout ce qui se passe aujourd’hui. Donc c’est juste ça. C’est amusant de dire aux gens que quelque chose est vrai, qu’ils en doutent et qu’ils finissent par le voir. Il n’y a pas de meilleure sensation. » déclarait l’artiste à Zane Lowe sur Apple Music 1 au sujet du titre de l’album. Et on peut dire que Burna est arrivé au sommet, l’album compte les présences de grands noms comme J. Cole ou Dave mais aussi des légendes du Wu Tang Clan, GZA et RZA… une flopée de rappeurs invités qui s’explique sans doute par la forte influence R&B des années 90 qu’a intégré Burna Boy à I Told Them. Ce qui ne l’empêche pas de faire la part belle à l’afrofusion, ou encore de s’adonner au néo-fuji avec Seyi Vibez sur « Giza ». La route de la superstar nigériane n’est pas prête de s’arrêter ici.
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Le Tchêpo : Tchêpoya Des Tchêpos
Lesky
Et si les rappeurs ivoiriens avaient trouvé la recette magique ? C’est bien l’impression que nous donne Lesky avec son nouvel album Le Tchêpo : Tchêpoya Des Tchépos qui sort un an après la sortie de Ouwo Boy. Un « tchêpo » en nouchi c’est un maudit, une personne qui fait ce qui est mauvais, et Lesky s’en amuse avec son emblématique second degré. Mais le rappeur tient aussi à nous rappeler qu’il n’est pas là que pour rire et découpe la prod avec une facilité déconcertante sur « Kpakites », un bon rappel qu’il n’est pas arrivé là où il est par hasard. Le Tchêpo : Tchêpoya Des Tchêpos ne compte d’ailleurs aucun invité a part Black K sur le déjà anthologique « Tout Est Loué ». Mais Lesky n’a pas besoin d’aide pour passer du poignant « Maman Ouwo 2 » à l’égotrip avec « Djakoto ». Ce qui est sûr c’est que son talent… il ne l’a pas loué!
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Semana Maluca
DJ Lycox et TYSON
Encore un DJ du Label Príncipe Discos à l’honneur avec DJ Lycox, mais il n’est pas seul, puisque TYSON l’accompagne pour le sublime Semana Maluca. Les deux DJs nous offrent un aller simple pour les rues ensoleillées de Lisbonne. Semana Maluca est un pur concentré d’une batida légère mais virevoltante à laquelle vient s’ajouter une belle dose de kuduro. Les drums et les synthés sont décontractés, et nous plongent dans une atmosphère calme et malgré tout dansante. Assez différent du dernier EP de DJ Lycox, Kizas do Ly, qui explorait des rythmes plus antillais tels que ceux du zouk mêlés à une forme de synth pop, Semana Maluca conserve néanmoins l’intensité propre au DJ et démontre, une nouvelle fois, sa capacité à se réinventer.
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Struggler
Genesis Owusu
Après Smiling with No Teeth, son premier album encensé tant par la critique que par le public, Genesis Owusu dévoile enfin son deuxième album Struggler, qui en est la suite directe, l’album évoquant la manière dont l’artiste fait désormais face à la notoriété après avoir été propulsé sur le devant de la scène. Situation symbolisée par le personnage central de Struggler habilement nommé The Roach (le cafard) qui affronte vents et marées pour ne pas se faire écraser. Le tout dans une narration inspirée par Kafka et Samuel Beckett mais surtout portée par le charisme du chanteur ghanéen-australien. Un fil conducteur qui nous permet de ne pas nous perdre tant Genesis parvient à contraster cet album de sonorités diverses. Son aisance lui permet de passer des battements post-punk à la douceur neo-soul en un claquement de doigts, sans jamais que sa voix ne soit noyée dans la flopée d’instruments. Struggler est un projet cohérent qui exhale une douce frénésie grâce à sa funk omniprésente, teintée de nuances de jazz.
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