Epoch
KMRU
Petit-fils du grand nom de la musique kényane de l’indépendance Joseph Kamaru, KMRU n’a choisi ni le benga, ni le gospel, mais plutôt l’ambient. Composé dans la ferveur et le joyeux désordre de sa tournée américaine avec le compositeur électronique autrichien Fennesz, Epoch est le nouvel album de l’artiste sonore. En avril dernier, l’EP 3 titres Limen en collaboration avec le parisien Aho Ssan était plus sombre. Il évoquait le chaos, la destruction et la résurrection. Mais alors que le monde s’emballe, pris dans un rythme effréné, cet opus vous invite à ralentir, à prendre le temps et à tendre l’oreille. Les couleurs de ce nouveau projet solo sont bien plus claires. Les neuf titres sonnent comme un éveil. Ils appelent au silence, à l’oisiveté et à la l’apaisement. Les techniques d’enregistrement du producteur comme le field recording (l’enregistrement de sons naturels sur le terrain), plongent dans une méditation contemplative, en harmonie avec la nature et ses sons.
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Ghetto Gospel
Focalistic
Le lyriciste amapiano de Pretoria Focalistic est de retour avec un nouveau sermon. Ghetto Gospel est le quatrième projet solo du rappeur, mais les invités ne manquent pas. Comme toujours, l’album enchaîne des guests de premier plan tels que DNB Gogo, Pabi Cooper, et même le rappeur français MHD. Il accueille également de nouveaux venu de la scène sud-africaine, comme la perle montante du R&B, Elaine. Ghetto Gospel démarre lentement et solennellement avec « Dipuo » (en featuring avec Sjava et Herc Cut The Lights) mais prend rapidement un rythme endiablé. Une fois arrivé au cinquième titre et single « Tabela Hape », Kabza De Small, Mellow & Sleazy, Myztro et M.J vous mettent en transe. Le tempo ralentit sur le spirituel « Bothloko », mais ne vous asseyez pas pour autant. Focalistic ne déçoit pas sur la seconde moitié de l’album, avec des productions diverses et toujours aussi entraînantes, et un dernier titre plus calme pour faire retomber la pression.
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Heart Of The Heavenly Undeniable
Somadina
Heart Of The Heavenly Undeniable est une perle surprenante de l’artiste nigériane Somadina. On y trouve à la fois du punk, du rock, de l’alté, de l’électro, du rnb, de la pop, du old school et du futuriste, le tout dans un projet court mais très complet de 11 titres. Somadina réussit à rassembler de manière cohérente des invités de différents horizons sur un projet impressionnant et bien pensé. Les pépites du highlife The Cavemen s’intègrent parfaitement au son de Somadina sur « Small Paradise », où l’on retrouve l’innovateur alté Odunsi (The Engine). Et la jeune L0la livre un rock bubblegum de qualité sur « WDYWFM ». L’opus est certes risqué et non conventionnel, mais « Imagine Giving a Fuck » (le titre de son featuring avec la chanteuse néo-soul Chi Virgo). Somadina a manifestement une vision et un plan. Le talent et la diversité qui émanent de cet album sont indéniables.
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Kel Tinariwen
Tinawiren
Enregistré au coeur de la Côte d’Ivoire durant l’été 1991, Kel Tinariwen (du nom des habitants du Ténéré, ou désert) est le premier album du groupe Tinariwen. Trente ans après sa sortie, la bande dépoussière ce projet qui n’avait circulé que de mains en mains, à la faveur des échanges de K7 dans le nord de l’Afrique. Émissaire des souffrances et des espoirs des touaregs, leur oeuvre parle pour tous les peuples berbères marginalisés du Sahara. Les huit titres de Kel Tinawiren content, en français et en tamasheq, les combats menés par une population en exil, touchées par les conflits armés. « À l’Histoire », la première piste de ce projet maintenant disponible en ligne, en CD et en vinyle, est devenue une hymne à la résistance. Ces messages forts sont portés par chants sonnant comme des conversations, et des douces notes de guitare aux accents new wave des années 80.
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Mariage
Wau Wau Collectif
Le Wau Wau Collectif, fruit de la rencontre entre le producteur suédois Karl Jonas Winqvist et les musiciens sénégalais du village de Toubab Dialaw revient avec un deuxième album qui reprend les thèmes explorés dans leur premier. « Je pense simplement que l’éducation devrait être offerte à tous les jeunes enfants. Et de manière égale. Mais ce ne sont pas (seulement) les jeunes enfants qui apprennent des personnes âgées. C’est aussi l’inverse », expliquait Karl Jonas Winqvist. Une théorie mise à l’épreuve dans le single « Xale » dans lequel les enfants occupent un rôle central. Le morceau est construit autour de leur chant, autour duquel d’autres sonorités sont progressivement introduites en soutien, d’abord des rythmes percutants, puis la guitare, puis le synthétiseur, comme si les musiciens apprenaient des voix des enfants. L’album est dédié au regretté flûtiste Ousmane Ba, qu’on peut entendre dans « Nécessaire » et « Mariage Forcé ».
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Mawingu
Boutross
Tout droit venu du Kenya, l’autoproclamé « dieu du shrap » Boutross livre une son sixième projet en l’espace de quatre ans, intitulé Mawingu. Le rappeur prolifique ne s’arrête jamais, mais cette fois, il ne s’agit pas d’un opus de 25 titres. Mawingu dure 21 minutes. Juste assez pour apprécier sa voix charismatique, ses textes pleins d’esprit et sa polyvalence sur des rythmes sombres comme « Wizo Man », ou des morceaux plus dansants, inspirés du dancehall, comme « Can’t Wait ». À travers ces huit titres, Boutross est sûr de lui. L’album comprend six featurings : Dope-I-Mean, l’acteur viral Trio Mio, Mandee sur « Rich Rich Man », Juicee Man sur le son club « Angela », ainsi que Savage et Bee Vee sur le titre finale sensuelle « Dapa Dapa ».
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More Love, Less Ego
Wizkid
Après un an d’attente et de teasing, la suite très attendue du classique de 2020 Made In Lagos de Wizkid est enfin arrivée. L’icône de l’afrobeats nigérian a développé une recette imparable, et More Love, Less Ego la suit à la lettre : de doux rythmes midtempo, des mélodies envoutantes, des paroles suggestives et six invités. Starboy n’a qu’un seul message : l’amour ! More Love, Less Ego est sensuel et sexuel. Les titres en solo comme « Deep » et le single « Bad To Me » montre Wizkid à son plus haut niveau, sur de l’afrofusion suave. Sur d’autres titres comme « Slip N Slid », en featuring avec les sensations caribéennes Sheenseea et Skilibeng, il importe les flows jamaïcains sans jamais perdre la direction du projet. Bien sûr, Wizkid utilise sa carte secrète, son producteur fétiche P2J. Le beatmaker nigérian été déjà le plus gros contributeur du quatrième album de Wizzy. Cette fois-ci, il est rejoint par Juls (“Special” feat Don Toliver), P.Priime (“P. Priime”), KDaGreat et Kel-P (“Balance”), et Sammy Soso (“Everyday”).
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Soot El Share3
Molotof
En avril dernier, PAM sortait un documentaire réalisé par Arthur Larie et Bastien Massa pour permettre au jeune producteur électronique Molotof de raconter sa vie en tant qu’artiste au Caire après le Printemps arabe. Depuis lors, le musicien n’a visiblement pas souhaité lever le pied. Après une année très prolifique et un album le mois dernier (Gabal Ahmar), Molotof livre Soot El Share3. Ce projet mahraganat mèle le rap égyptien et ses inspirations d’Outre-Atlantique à des sonorités électroniques sombres et au bruit entêtant des rues bomdées de la Victorieuse. Très ouvert, cet opus en neuf titres est plus riche en collaborations que le précédent, avec la participation de Shobra El General, Tamer Nafar, Karem Rush, Eyad Elkady, Sobeh El Fahd et The Sypnatik. Cheen, une jeune artiste alexandrienne, est envoutante sur le titre « Mesahebni ».
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Where I’m Meant To Be
Ezra Collective
Après leur premier album You Can’t Steal My Joy en 2019, le quintet britannique est de retour avec un nouveau projet lumineux, intitulé Where I’m Meant To Be. « Tout le monde pense que je vais jouer du jazz comme les Américains. Non, je vais jouer du jazz à ma façon », proclame la voix de l’icône nigériane du jazz Tony Allen, cité sur l’album. Et Ezra Collective joue dans un style qui lui est propre. Le groupe créé par le batteur de Gorillaz Femi Koleoso explore une impressionnante pallette de sonorités, du bossa-nova à l’afrobeat, au hip-hop et au reggae. Le jazz d’Ezra Collective est éclectique, moderne et international, avec des invités comme Sampa The Great, Kojey Radical, Emeli Sandé et la voix féerique de Nao sur le dernier titre « Love In Outer Space », en référence à l’oeuvre du musicien américain légendaire Sun Ra.
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YPSZN3
PsychoYP
« Il faut toujours continuer à rapper, continuer nourrir le public. C’est pour ça qu’en ce moment, s’il y a une conversation sur le rap, mon nom va forcément sortir ». En effet, depuis son ascension en 2016, PsychoYP fourni en quantité un rap de haute qualité. Après trois EP, le premier volet des trois YPSZN s’est fait une place dans la playlist de tous les aficionados du rap nigérian. Avec la suite YPSZN2, le rappeur d’Abuja est devenu un incontournable et une référence obligatoire sur la scène rap. En 2020, il explore l’afrobeats avec Azanti, la recrue d’Apex Village (son label), sur Yp & Azanti, Vol.1, suivi de l’album Euphoria en 2021. Aujourd’hui, il revient à la trilogie avec YPSZN3. Ce nouveau projet est une démonstration de ce que YP fait le mieux : de la trap lourde, des couplets calibrés, des beats infusés de drill et des productions très diversifiées. YPSZN3 comprend 11 featurings, dont bien sûr Odumodublvck et Azanti.
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