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The Pan African Music Magazine
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Syllart, l’Histoire continue  

Le label référence poursuit le travail de mise en valeur de l’extraordinaire catalogue constitué par feu Ibrahima Sylla, en rééditant une série d’albums emblématiques qui incarnent son histoire.

Photo : Gëstu de Dakar © Syllart

En 2021, le label Syllart, acteur essentiel de la diffusion des musiques africaines en Afrique et en Occident, aura quarante ans. Son fondateur Ibrahima Sylla, décédé en décembre 2013, aura consacré sa vie à faire connaître les talents de son époque et les trésors du riche passé musical africain. Salif Keita, Sekouba Bambino, Africando, Orchestra Baobab, Ismael Lo, Oumou Sangaré, Pepe Kallé, Nyboma, Gonnas Pedro, Kekele, Franco, Tabu Ley… la liste des monuments auxquels le producteur a donné leur chance, qu’il a tirés de l’oubli ou ressuscités sur disque pourrait remplir à elle seule la totalité de cet article.

Peu avant son décès, le pape de la production musicale africaine avait confié les rennes de son label à sa fille aînée Binetou Sylla (également en interview sur PAM). La réédition de plusieurs albums emblématiques de l’histoire du label, qui débute le 6 décembre prochain et s’étalera jusqu’en 2021, rend ainsi hommage au chemin parcouru, et fait ressurgir des trésors — célèbres ou plus confidentiels — qui constituent la Syllart Pearl Collection.

Gëstu de Dakar © Syllart

Elle s’ouvre en 1981, année de fondation du label. À cette époque, Ibrahima Sylla revient de Dakar où il a fait ses premières armes au studio Golden Baobab (dont le propriétaire n’est autre que Francis Senghor, le fils du Président) en produisant l’Orchestra Baobab et le premier album solo d’Ismaël Lô (qui vient alors tout juste de quitter le Super Diamono). C’est dans le même studio qu’il enregistre l’orchestre Gëstu de Dakar, que seuls connaissent les noctambules dakarois qui fréquentent le club Niney, où le band se produit en première partie de l’Orchestra Baobab. Derrière leur leader Ass Diouf, les musiciens qui le constituent — pour jeunes qu’ils soient — n’en sont pas moins réfléchis. Le nom qu’ils se donnent, Gëstu, désigne justement une recherche spirituelle. Cela se traduit par des textes en prise avec les problèmes qui traversent la société, et dont certains, comme Diabar, l’épouse, qui donne son titre à l’album, s’attireront les foudres des religieux, en critiquant l’organisation sociale polygame. La pochette, sobre et graphique, montre d’ailleurs un homme, entouré de ses deux femmes et de leurs enfants qui paraissent affligés. C’est d’ailleurs tout le talent de Djibathen Sambou, peintre et graphiste sénégalais, d’avoir su concentrer en une image l’idée de la chanson, et l’argument du Gëstu. C’est lui qui signera d’ailleurs toutes les premières pochettes du label, dont il deviendra le pilier graphique. 
 

Djibathen Sambou et trois de ses créations graphiques pour Syllart © SyllartMais pour en revenir au son de l’orchestre, il témoigne de cette époque dorée qui précède l’éclosion du mbalax, né de la fusion des rythmes afro-cubains et des rythmes traditionnels sénégalais, à grand renfort de tambours sabar et tama. Avec le Gëstu, c’est plutôt le bouillonnement musical dakarois de ce tout début des années 80 qui saute aux oreilles : l’influence cubaine qui a bercé tant de musiciens ouest-africains y est bien présente, mais aussi la funk, les riffs psychédéliques et les cuivres et vents qui flirtent avec un jazz qui aurait pris les routes du free, sans oublier les musiques traditionnelles qui affleurent. La clarinette (Madiama Diop), plutôt rare dans les grands orchestres de l’époque, ajoute un supplément de douceur aux voix qui se répondent. Le tout, dans une cohérence parfaite, produit des grooves efficaces et maîtrisés qui font de cet album unique du groupe une perle qui ne vole pas son nom. Il faut dire qu’Ass Diouf avait  pour l’enregistrement appelé cinq musiciens qui étoffèrent pour l’occasion le son du Gestu.

Son histoire, comme celle des sessions studio, sont racontées en détail dans le booklet qui accompagne Diabar, seul album du groupe qui connaîtra un succès aussi franc qu’éphémère, puisque le groupe bientôt se disloquera — les musiciens qui tirent le diable par la queue rejoignant alors les divers grands orchestres de la place (Baobab, Super Diamono, Ram Daan…). Cet album, paru au printemps 81 sur vinyle et pressé en nombre limité, n’en prend que plus de valeur. Il sera bientôt disponible, près de quarante ans après. PAM & Syllart vous en font découvrir un extrait, avant la sortie officielle de l’album le 6 décembre, en streaming et en vinyle

Les prochaines semaines verront la réédition de deux autres albums emblématiques des débuts du label. Le génial Mouhamadou Bamba, à paraître le 31 janvier prochain, qui s’ouvre sur l’extraordinaire titre éponyme. Un mois plus tard, le 28 février, ce sera au tour de Gor Sayina de « Ismaïla Lo L’Homme Orchestre », premier disque en solo où s’affirment la voix et la folk originale de celui que le titre « Tadja Bone », paru quelques années plus tard, fera connaître au monde entier.

En réécoutant ces trésors, on parcourt les premières années du label, mais aussi tout un pan d’une richissime histoire musicale. 

Outre ces trois premiers albums disponible en vinyle, qui seront suivis par d’autres rééditions, le label projette également de publier des compilations thématiques inédites.

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