La Kényane Makossiri a profité de sa résidence au studio Nyege Nyege pour accoucher d’un premier projet expérimental où la techno industrielle côtoie les polyrythmies africaines dans une vidéo épileptique.
Obscure Dark Matter est le tout premier projet musical de la DJ et productrice Makossiri, réalisé dans le cadre du festival anglais No Bounds et du dernier Nyege Nyege festival, qui l’a accueillie dans son line-up le 5 décembre dernier. Pendant le premier confinement, elle a observé le vide du monde extérieur, pour le traduire à sa manière dans un assemblage complexe et dense de polyrythmies africaines, noyées dans un clip immersif à l’ambiance dystopique. En revendiquant une vision cinématique et narrative de la musique club, elle torture toutes ses influences -du hardcore à la musique punk en passant par la mythologie égyptienne- dans une vidéo apocalyptique et résolument afro-futuriste. Ces visuels fous ont été réalisés par l’équipe du No Bounds Festival, et le tout a été enregistré aux studio Nyege Nyege avec un effet 3D, à écouter au casque histoire de plonger encore plus profondément dans son univers en l’espace de 3 titres et 10 minutes.
Le fait d’avoir réalisé cette vidéo pendant le confinement a-t-il eu un impact sur le résultat final ?
Oui, complètement. Avant ce confinement, j’étais chanteuse de folk acoustique. Je jouais de la guitare acoustique et créait de la musique dans une ambiance de groupe. Je venais juste de commencer le DJing et de m’intéresser à la musique électronique, mais je ne faisais pas encore de production, même si j’en ai étudié les bases pendant ces dernières années. Le confinement est ensuite arrivé, et c’est là que j’ai recommencé à étudier et produire de la musique. A un autre moment, ce projet aurait mis bien plus de temps à sortir.
Tu appelles ton style de musique Afro-future tech. Qu’est-ce que ça signifie ?
C’est un concept de développement continu pour ré-imaginer un nouvel avenir africain alternatif à travers la musique, la mode et la technologie. Mes principales influences musicales sont les polyrythmies africaines, la techno, le folk-punk-jazz, la trance et le noise industriel. Je m’inspire des concepts de l’afro futurisme, à travers des artistes comme Sun ra et Ibaaku.
Ce projet reflète-t-il tes DJ sets ? A quoi ressemble cette autre expérience ?
D’une certaine manière, je dirais que oui car la musique que je crée est un amalgame de musiques que je joue. Mes DJ sets sont toujours expérimentaux, ce sont de vrais voyages. C’est un mélange de musique expérimentale africaine, de techno hardcore, de noise industriel, de psy-trance et de mes propres beats que je mélange parfois avec ma propre voix.