Monument de la musique mandingue, le “guerrier” Cheick Tidiane Seck livre Kelena Fôly, un quatrième album disponible le 18 novembre.
« S’exprimer seul en musique ». Telle est la signification de Kelena Fôly, titre en bambara du nouveau projet de Cheick Tidiane Seck. Le natif de Ségou, au nord-est de Bamako, est de retour pour un quatrième opus en solitaire. Son premier album Mandingroove sort en 2003 après 30 belles années de carrière – à croiser son clavier avec des jazzmen, Randy Weston, Wayne Shorter, Joe Zawinul, Hank Jones, Dee Dee Bridgewater…. sans oublier la crème des musiciens africains. Pas étonnant que sur ses propres disques, il ait proposé des collaborations vocales puissantes sur les notes éclatantes des cordes et des percussions maliennes. En 2008, Sabaly mélange inspirations afro-américaines, sonorités mandingues et duos d’exception (entre autres avec Oumou Sangaré, Manu Dibango). Ce chef d’oeuvre est suivi de Guerrier en 2013. Là encore, l’ambassadeur mandingue fusionne les genres et les influences. Ses morceaux font dialoguer instruments traditionnels et modernes, où affleure un nuage de blues. Vient ensuite, en 2019, son album-hommage de reprises des musiques de Randy Weston, baptisé Timbuktu.
Mais pour ce quatrième disque solo, Cheick Tidiane Seck propose des compositions sobres et solennelles, uniquement à la voix et au piano. Celui du Studio Pigalle, où Kelena Fôly a été enregistré en deux jours. Cette fois-ci, les neufs titres de Kelena Fôly sont plus graves et mélancoliques. Dans « Motherless Child », Seck reprend le déchirant negro spiritual éponyme interprété notamment par Louis Armstrong. Il y ajoute un couplet inédit, dédié à sa mère chanteuse, perdue très tôt. « Aimé Césaire » salue le héraut de la négritude, et intègre un extrait de « Souffles », l’épître du poète sénégalais Birago Diop. Le claviériste d’exception rend également hommage à la beauté du Djoliba, le fleuve Niger qui traverse l’Afrique de l’Ouest, sur des notes aussi légères que les oiseaux qui plannent sur ses eaux. Le piano Steinway est à l’honneur tout au long de l’album.
Cheick Tidiane Seck ne chante qu’avec parcimonie, laissant à l’instrument tout l’espace pour s’exprimer. Mais le musicien se livre à coeur ouvert sur la dernière piste improvisée au clavier : « Corona ». En 2020, l’artiste alors âgé de 67 ans avait été gravement touché par le virus. Aujourd’hui rescapé, il offre une lettre ouverte au monde, un appel au pardon et l’unité. Kelena Fôly est le nouveau souffle de Cheick Tidiane Seck.
Kelena Fôly sera disponible le 18 novembre. Pré-commandez ici.
Écoutez « Aimé Césaire » dans notre playlist Songs of the Week.
