Sur leur nouvel EP, les Suisso-Capverdiens Alma Negra développent un peu plus leur interprétation de la house music à travers les rythmes africains. Une interview à lire en écoutant le titre éponyme « Dakar Disco » en avant-première.
Les racines capverdiennes du duo Alma Negra ne disent pas tout sur leurs influences. En effet, les deux frères ont grandi dans un environnement familial où la musique transpirait des murs : « l’héritage africain a toujours été important pour nous, affirment-ils. Nos parents écoutaient beaucoup de musiques africaines : Highlife, Soukous, Afrobeat, mais aussi jazz et funk. » Tels des éponges, ils se sont imbibés de ces influences pour les recracher à l’âge adulte à travers la house music qu’ils défendent, néanmoins convaincus que ce genre ne suffit pas à les définir. « Nous ne sommes pas des producteurs house au sens strict du terme, continuent-ils. Nous essayons toujours d’être innovants, en mélangeant des sons originaux avec l’électronique, de façon fluide et naturelle. Nous voulons montrer que la dance music est bien plus qu’un beat 4×4 pour le dancefloor. »
Le midtempo « Dakar Disco » est une excellente introduction à cet EP riche en fusions électro-organiques. Accompagnée d’une guitare funky, de quelques cuivres et d’une mélodie synthétique, sa rythmique pacifique lui donne un caractère insulaire qui rend même le titre trompeur : « parfois nous nommons simplement nos morceaux en rapport avec une ville ou un pays, précisent-ils. Quand nous commençons à produire un track, nous imaginons un endroit spécifique ou un feeling, comme Dakar dans ce cas. C’est le fruit de notre imagination et ça n’a rien à voir avec la musique sénégalaise ! » Côté remix, c’est le maître japonais du cosmic funk Kuniyuki qui s’occupe d’enrober le morceau d’une pellicule psychédélique. De retour les pieds dans le sable, on se laisse bercer par la house groovy mâtinée de percussions lives de « Contra », puis par « Back in Town », hymne dancefloor tribal et acide ponctué par les notes d’un balafon bienfaisant.
S’il ne fait nullement référence au Sénégal dans sa musicalité, « Dakar Disco » vient tangenter une série plus explicite dans laquelle Alma Negra explore le Maloya ou les rythmiques de Cotonou et d’Erythrée, avec des EP éponymes : « sur notre propre label Alma Negra Records, nous avons démarré la série 12 Rhythms en 2018. Nous voulons amener différents rythmes d’Afrique dans la culture club autour du Monde. » Cette science du rythme les a d’ailleurs récemment conduits vers l’île Maurice : « en ce moment nous travaillons sur EP basé sur un rythme 6/8 pour le label mauricien Babani Records, révèlent-ils. C’est intéressant d’apprendre au sujet des rythmes Sega et Maloya de l’océan Indien. Nous pouvons en faire notre propre interprétation, et bien sûr, la house music est l’un des éléments que l’on y insuffle. »
l’EP sortira le 28 août sur le label Heist. Précommandez-le ici .