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The Pan African Music Magazine
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Muzi, prince de la zulu house, persiste et signe

Le producteur sud-africain Muzi est de retour avec Zeno, un véritable concentré de zulu house : solaire et sans compromis. En réunissant autour de lui la nouvelle garde de l’électro sud-africaine, il prouve à ceux qui en doutaient que son pays a toutes les ressources pour briller par lui-même.

Crédit photo : Lulama Mlamb

« J’en reviens pas », admet Muzi en se frottant les yeux, fatigués par une longue tournée européenne printemps-été qui s’achevait en gumba fire le 13 juillet dernier sur la scène d’Afropunk Paris. Plébiscité par Stormzy ou Diplo pour son kwaito solaire aux syncopes zouloues depuis Boom Shaka en 2016 — nommé d’après les pionniers du genre — puis l’audacieux Afrovision en 2018, le producteur est vite devenu incontournable, au point de participer aux côtés de FAKA ou Sho Madjozi au dernier Africa Express de Damon Albarn, dédié à la sémillante scène électronique sud-africaine. 

S’apprête aujourd’hui à paraître Zeno, disque pétri à son tour de tubes zulu house qui confirme toute la justesse de Muzi. Polo rayé, casquette donut, le jeune homme semble à sa place dans le décor branché du café vegan où il se livre volontiers, un verre d’eau à la main. Mais Muzi (re)vient de loin. 


ZULU BEATS

La source, c’est Empangeni, un township à deux heures de Durban au cœur du Kwazulu-Natal, berceau du maskandi zoulou. Bien que rompue « au mode survie », sa famille est surtout mélomane : la mère chante, gospel ou opéra, le frère rappe dans le quartier tandis que le père collectionne les vinyles, de Daft Punk à Hugh Masekela. Les percussions massives des rythmes traditionnels zoulous s’expriment quant à elles au quotidien à Empangeni, dans la rue ou les cérémonies. Timide, le garçon skate, observe et absorbe ce qui deviendra l’éclectique épine dorsale de ses futures productions. 
 

Crédit photo : Jay Teja


« 
La violence a également joué un rôle majeur pour moi. Le township n’était pas tranquille et ma mère nous imposait un couvre-feu à 17h. J’avais donc tout le temps du monde pour faire de la musique » se souvient-il avant d’ajouter d’un ton grave : « Jamais je n’aurai cru quitter Empangeni un jour »

D’un vieil ordi 40GB et de Fruity Loops, qu’il utilise toujours aujourd’hui, naîtront pourtant les premières productions de Muzi qui, après quelques DJ set mal payés entre Durban, Johannesburg et Pretoria, irait bientôt faire ses armes à Berlin, « là où la scène électro est plus pointue, moins commerciale. Un voyage initiatique, un pèlerinage qui m’a permis de me réaliser, mais aussi de comprendre que c’était en Afrique et pour l’Afrique que je voulais faire de la musique », souffle-t-il. 
 


BE HUMBLE

« Mes racines sont tout pour moi », poursuit Muzi qui, toujours très looké, porte parfois la ceinture traditionnelle des Zoulous sur scène. Fashion ? « Ma mère est une Zouloue du Zimbabwe, mon père un sotho du Swaziland. Chez nous, c’est un péché de ne pas honorer tes ancêtres et d’oublier d’où tu viens. La musique est une expérience très spirituelle pour moi, de l’ordre du plus grand que soi. L’inspiration me vient souvent en rêve. La spiritualité se cultive… et le temple, c’est toi. Je tâche de rester humble », explique Muzi, très sérieux. Pas de doute, le producteur sait d’où il vient. Dans Zeno, de « Good Vibes Only » à « Zulu Love Letter », les chœurs, rythmes et percussions sont indiscutablement enracinés. 
 


Du reste, Muzi connaît ses classiques. En mai 2019, le producteur sortait
Stimela Segolide (le train doré), un EP inspiré des trajets en train de son père et des mineurs éloignés de leurs familles pendant l’apartheid. S’il ne l’a pas connu, Muzi sait néanmoins que la route est encore longue pour noir.e.s en Afrique du Sud. Alors là, comme dans ses # MuziMondays sur YouTube, il rend hommage et remixe aux figures majeures, pionnier.e.s engagé.e.s contre l’apartheid, dont il honore et remixe l’héritage : Busi Mhlongo, Letta Mbulu, Brenda Fassie, Hugh Masekela ou Johnny Clegg. 

« J’ai du respect pour la house de Detroit et de Chicago, ou pour ce truc solaire qui vous fait penser à Kaytranada et aux mecs de Los Angeles quand vous écoutez ma musique, mais il suffit d’écouter les Sud-Africains : tout est là ! Harari par exemple, c’est Daft Punk avant Daft Punk ! » s’exclame-t-il en s’échauffant gentiment. À l’instar d’Afrovision en 2018, Muzi convie de nombreux talents et pairs sud-africains sur Zeno, tels qu’Espacio Dios, The TeMple, Sjava, BlackRose, Una Ram’s ou Tiro. Non content de soutenir la jeune scène sud-africaine qui, débordante d’énergie et d’idées fraîches, décloisonne sans complexe musique, mode, vidéo et entrepreneuriat, Muzi admet détester la vision réductrice qui aurait tendance à résumer l’Afrique à trois artistes. 

« L’art africain est si riche, je veux juste qu’il soit aussi respecté que les autres », conclut Muzi, qui dédie Zeno à sa fille « pour qu’elle trouve son père cool ». Sur ce point, il n’a aucune inquiétude à avoir.


Zeno 
de Muzi, sortie le 11 octobre 2019.


Crédit photo : Jay Teja

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