Dimanche à Bamako
Bounaly
Il est probable que vous ayez entendu parler des dimanches à Bamako sans y être jamais allés. L’expression, qui a donné le titre à plusieurs chansons et albums (dont le classique d’Amadou et Mariame), fait désormais partie du folklore, et renvoie aux festivités qui ont lieu chaque fin de semaine dans la capitale malienne. Sur Dimanche à Bamako, enregistré pendant un mariage ayant eu lieu… un dimanche à Bamako, Bounaly retranscrit aisément cette ambiance chaleureuse et excitante. Le guitariste malien, accompagné ici par un batteur et un chanteur, s’aventure à travers les morceaux dans un blues du désert irrésistible, ponctué par des riffs de guitare excitants. Aléas du live plutôt plaisants, on entend quand on tend l’oreille les cris de l’audience, ainsi que quelques bugs de micro et de synthétiseurs. Le voyage est assuré.
Écouter ici.
HOLD ON TO DEER LIFE, THERE’S A BLCAK BOY BEHIND YOU!
Kabeaushé
Kabeaushé décrivait il y a quelques années leur musique comme étant “complètement à l’opposé” de la musique électronique hardcore de leurs collègues du label Nyege Nyege Tapes. Sur HODLTABBBY, leur nouveau projet, cette distinction semble être un peu plus confuse. Après avoir été exposé à toutes sortes de musiques radicales dans plusieurs tournées de festivals électroniques, sa musique semble désormais être empreinte de beaucoup plus de bizarrerie, de crudité et d’énergie rave. “Kabeaushé peut devenir n’importe quoi”, nous déclarait l’artiste en 2022 . “Kabeaushé pourrait être une licorne, Kabeaushé pourrait être un arc-en-ciel, Kabeaushé pourrait être une chouette, Kabeaushé pourrait être un vampire !”. Message bien reçu.
Écouter ici.
I’m back
Ko-Jo Cue
Le titre du nouveau projet de Ko-Jo Cue suffit pour décrire l’énergie qui en émane. Le rappeur ghanéen fait son retour par la grande porte trois ans après l’intime For my brothers, qui dressait un état des lieux touchants de la société dans laquelle l’artiste évolue et de son ressenti par rapport à celle-ci. Sur I’m Back, pourtant, le propos est beaucoup plus léger et presque ludique : que ce soit accompagné des piliers de la Kumasi drill Kweku Smoke et Kwaku DMC, ou en featuring avec son insolent compatriote Joey B, on sent une volonté de rapper pour le rap, et une envie d’avoir le meilleur flow, les meilleurs placements et les meilleurs égotrip possibles. Comme l’artiste le dit lui-même sur ses réseaux, “Je voulais que mon retour soit une partie de plaisir avant de me replonger dans le dur. Ce projet s’adresse à tous les amateurs de rap qui réagissent quand une mesure est bien faite. Ce projet, c’est pour le genre qui m’a donné la vie dans la 50ème année de son existence.”
Écouter ici.
Midas Touch EP Vol 2 : Return of the Mask
Midas the Jagaban
En 2020, Midas the Jagaban et sa cagoule faisaient une irruption remarquée dans le milieu musical avec “Party with a Jagaban”, hit international dans la sphère afrobeats désormais mondiale. La rappeuse/chanteuse nigériane-britannique a continué à élever le niveau dans les quatre années qui ont suivi, enchaînant les singles et les mini-EPs souvent en bonne compagnie (Stefflon Don, Ruger, Mura Masa, Rexxie…). Sur Midas Touch EP Vol 2 : Return of the Mask, l’artiste nous livre un concentré de ses talents : sa voix, pourtant douce, se pose avec une énergie et une cadence électrisante sur chaque production, qu’elle soit dancehall, amapiano, afrobeats ou r&b. Le crooner français Tayc est à retrouver sur le hit “Louis Vitty”.
Écouter ici.
N E T A R I H I L A S
Slikback
Basé à Kampala, en Ouganda, Slikback est à l’origine de la création de Hakuna Kulala, sous label du collectif Nyege Nyege en collaboration avec les artistes Don Zilla et Rey Sapienz. Empruntant aussi bien aux rythmes est-africains qu’aux codes de la bass music, le jeune producteur nous fascine depuis plusieurs années par sa palette sonore éclectique et avant-guardiste. Avec N E T A R I H I L A S, l’artiste dévoile son quatrième projet de l’année, et s’enfonce encore plus profondément dans sa proposition jusqu’au boutiste. Les neuf titres font l’effet d’une déflagration, emprunant tout ce qu’il y a de plus puissant dans le gqom, la techno ou encore la bass music, pour en faire un condensé terrifiant. Les adeptes de musique électronique hardcore s’y retrouveront !
Écouter ici.
Rainbow Revisited
Thandi Ntuli with Carlos Niño
“Rainbow”, c’est avant tout un morceau que la chanteuse Thandi Ntuli avait dévoilé en 2018 sur son album solo Exiled. Le titre avait tapé dans l’oreille du producteur et instrumentiste américain Carlos Niño, qui avait fini par la rencontrer un an plus tard à Los Angeles. Le résultat : Rainbow Revisited, du jazz minimaliste et extrêmement beau, porté par la sensibilité et la délicatesse habituelle de Niño, et la voix remarquable de Ntuli. “Ayant eu connaissance de certains de ses travaux – en particulier ses projets collaboratifs sous le nom de Carlos Niño & Friends – je savais qu’avec Carlos comme producteur, la direction artistique de l’album m’emmènerait probablement dans un endroit où je n’avais jamais envisagé d’aller”, raconte la chanteuse. “Si ‘Rainbow’, de base, exprimait un mécontentement à l’égard de ce que nous avons accepté comme étant la liberté en Afrique du Sud, […] je me réapproprie maintenant sa signification en revenant en arrière, en allant vers l’intérieur, en guérissant et en reconstruisant avec l’espoir d’un lendemain moins déchirant et plus épanouissant.”
Écouter ici.
São Dicas
Tia Maria Produções
Tia Maria Produções est un collectif composé de Puto Márcio, Bboy, Lycox et Danifox, tous basés à Lisbonne et fers de lance du mouvement local de la batida. Le collectif nous avait déjà épaté avec les projets Lei Da Tia Maria et Angústia Nos Corações Da Tia, deux EPs de batida bouillante. Sur Sao Dicas, le procédé est le même : les producteurs et DJ du groupe se surpassent et essaient de créer les sons les plus entraînants possibles. Avec leurs rythmes kuduro et baile funk propulsés dans un paysage sonore sombre et urbain que l’équipe de producteurs se partage à distance sur des fichiers WhatsApp, les DJs prolongent la tradition des échanges de disques gravés en-dehors des circuits mainstream et incarnent l’esprit batida des débuts.
Écouter ici.
Siba Sawt-System #1
Aziz Konkrite
DJ Franco-Marocain avec plusieurs années d’expérience derrière les platines, le travail d’Aziz Konkrite se penche sur la fusion entre instruments traditionnels, claviers analogiques et musiques électroniques contemporaines. Sur Siba Sawt-System #1, le producteur retourne à des inspirations de sa région natale, se plongeant dans la musique Chaâbi, Aïta, Raggada, Amarg ou Gnaoua pour en proposer une interprétation dynamitée, futuriste et taillée pour les dancefloor. Les morceaux originels, issus de la culture populaire, du folklore marocain mais aussi de contestations et de luttes historiques, prennent ici une nouvelle dimension, portée par le titre du projet : “Siba” signifiant “anarchie”, “Sawt” pour son et “system” en référence évidente au penchant club de l’artiste. A répandre d’urgence chez les meilleurs DJs du moment !
Écouter ici.
Sweet Justice
Tkay Maidza
Tout au long de sa carrière, la rappeuse zimbabwéenne-australienne Tkay Maidza nous a habitué à des surprises, jonglant sans cesse entre rap soundcloud hardcore, pop ringarde, r&b expérimental et EDM avant-gardiste. Sweet Justice, son nouvel album marque un tournant de plus pour l’artiste, tant sur le plan psychologique que musical : nous y sommes invités dans des productions hypnotiques de Kaytranada, alchimiste de la deep house et du r&b. Mais Tkay ne s’éloigne toujours pas de son essence. “WUACV” (“Woke up and chose violence” – “Se réveiller et choisir la violence”), “Silent Assassin” (produit par Flume) et “Ring-a-Ling” renvoient tous à la rage qui poussait Tkay à “s’imaginer en super-héros” dans sa chambre d’enfant. “J’ai toujours été un peu triste et je trouve amusant de me plonger dans la rage”, a-t-elle confié à PAM lors d’une interview. “Et quand je suis chez moi, je fais des pogos sur des chansons toute seule !”
Écouter here.
TEARS OF THE SUN
Teni
C’est une Teni différente que l’on avait découverte lors de la sortie des premiers singles de TEARS OF THE SUN. En effet, la chanteuse nigériane avait troqué son allure de fifille rigolote, qui avait fait son succès sur des morceaux comme “Case”, pour un look beaucoup plus stylisé, largement inspiré par la culture “alté” locale, et une artiste beaucoup plus confiante et jusqu’au boutiste dans sa proposition. Le succès du morceau “No Days Off” en témoigne, ainsi que l’énergie nouvelle que la chanteuse apporte sur “Ino” avec Made Kuti ou “Devil Dance” en featuring avec ODUMODUBLVCK. TEARS OF THE SUN est bel et bien un renouveau pour celle qui s’appelait encore “The Entertainer” il n’y a pas si longtemps, et qui semble désormais se concentrer plus sur sa musique que sur le divertissement.
Écouter ici.