PAM et le festival Spielact, main dans la main pour mettre Genève à genoux

Réflexif, ludique, critique et farci d’une programmation – panarabe et Ougandaise notamment – de haute voltige, le festival Spielact s’installe pour la cinquième année consécutive à Genève, pour mettre en pièce d’étranges idées comme « concert », « genre » ou « fête». Rendez-vous la première quinzaine de juillet entre le Commun et la décidément bien-nommée Makhno pour mettre la ville à genoux : « en quatre ans, c’est le line-up le plus pointu qu’il m’ait été donné d’aiguiser » s’enthousiasme Mabrouk Hosni Ibn Aleya, un des programmateurs de l’événement, par ailleurs désorganisateur bien connu de la scène bruitiste genevoise. Le garçon convie entre autres, pour cette cinquième cuvée, Big Murk, architecte sonore de la nouvelle scène Trap palestinienne, le duo genevois Zo.Ro ou Organ Punishment, la moitié de Scorpion Violente.

Mais ce n’est pas tout : « après six éditions dont deux tournées, la structure locale Bisque revient décapsuler son concept Gazouz le premier juillet, en invitant l’un des plus disruptifs labels souterrains du Caire, Hizz, qui débarque avec le légendaire Abo Sahar » commente Mabrouk. « On est également ravis d’accueillir lors de cette même soirée l’électronique ténébreuse de Liliane Chléla, ainsi que la dark phonk tunisienne de Hrizen. » Hrizen qui n’est autre que le chef de file du Toxic Gang, un collectif originaire de Sousse en Tunisie, qui oscille entre Horrocore tendance Memphis et Post-Shaabi, au sein duquel opérait le regretté rappeur Cheb Terro. La venue de Hrizen en Europe est – de mémoire – une première absolue ainsi qu’un véritable tour de force rapologique et diplomatique, que nous saluons : « la noirceur de cette nébuleuse rapologique tunisienne est d’une noirceur qui fait écho à toute une génération désillusionnée par la révolution. Producteur et Dj, Hrizen constitue à ce jour l’une des plus disruptives pierres noires d’une scène locale qui peine encore à se retrouver, mais qui balance des gauches-droites massives dans la map du post-moderne sonore. »

Autre promesse de taille, la résidence entre Emma Souharce et Aya Metwalli. La première, originaire des plus assourdissants souterrains sonores de Genève, drifte entre pop-noise et pulsations rythmiques home made. La seconde, elle, est biberonnée aux enregistrements d’Oum Kalthoum depuis sa plus tendre enfance. Depuis, Aya lacère ses souvenirs dans un bourdonnement de compositions minimalistes semi-improvisées, entre drone et vocalises froides : « c’est comme rouler une pelle à la Faucheuse durant une expérience de mort imminente scénarisée par une télénovela égyptienne » s’amuse le programmateur. « Niveau création, on amorce avec cette rencontre un virage ultra-laborantin. Les filles vont composer en binôme et en totale immersion durant une semaine, au Commun. Nous avons hâte d’expérimenter comment Aya Metwalli va croiser le fer avec notre productrice Emma, issue entre autres de l’excellent collectif local Copypasta. » Verdict agendé le 7 juillet à la BIG.

PAM se réjouit d’apporter son coup de griffe à une programmation aussi exigeante que culottée. Conséquence ? Nous débarquons en Suisse avec trois ambassadrices du collectif Nyege Nyege pour une carte blanche dédiée aux déviances sonores tirées des répertoires populaires des faubourgs de Kampala. Le 15 juillet, nous débarquons à Genève avec, dans nos valises, MC Yallah, figure clé de la scène hip-hop underground est-africaine depuis près de 20 ans ou la chanteuse ghanéenne Pö, hybrideuse patentée d’un spoken word décentré, agrémenté de bulletins post-punk râpeux ainsi que de rythmiques industriels pulsionnels. L’Ougandaise Catu Diosis est également attendue sur le dancefloor avec un set agité de bass music.

Parmi les nombreux ateliers et sémillants workshops présentés lors du Spielact, nous attirons votre attention sur le talk « Être LGBTQI + en Tunisie » de Bochra Triki qui se tiendra le 1er juillet au Commun. Née en 1990 en Tunisie, Bochra est artiste et co-organisatrice de Chouftouhonna, l’unique festival international d’art queer et féministe de Tunis. Elle a également co-fondé Shift, un projet de romans graphiques queers et féministes. Elle est actuellement co-curatrice du festival Tashweesh et réalise des podcasts aux côté de l’excellent média Tunisien Inkyfada. Pour cette rencontre, elle sera interviewée dans le cadre du podcast JINS – premier podcast sur la sexualité des personnes arabes et/ou musulmanes, 100% indépendant, féministe et inclusif. La fête, la musique, mais l’insurrection, aussi.

www.spielact.ch