Le vétéran de l’époque héroïque des grands orchestres du Ghana est toujours en pleine forme, et il le prouve ! À 81 ans, il sort son nouvel album, Yen Ara.
Ebo Taylor est un trésor vivant, né avec les premiers big bands d’avant l’indépendance. Insubmersible, il a su rester en mouvement et évoluer avec son temps. Mieux, il l’a souvent devancé. Camarade de Fela qu’il rencontre à Londres au tout début des années 60 s, il fait partie de ceux qui ont su pousser le highlife — influencé par le jazz — dans de multiples directions : le funk, la soul, et bien sûr l’afro-beat qui, incorporant les rythmes traditionnels du golfe de guinée, en est la synthèse.
On retrouve dans ce nouveau disque, Yen Ara, toutes les couleurs de ce long voyage qui se poursuit. Certains morceaux font la part belle à des chœurs tout droit venus du village (que les zougloumen ivoiriens, voisins du Ghana, ont popularisé) et s’acoquinent même avec le disco. Justin Adams, le guitariste britannique qui a travaillé avec les Tinariwen ou avec Juldeh Camara a aussi mis sa patte sur ce disque rutilant. Car c’est ce qui frappe (encore !) à l’écoute de ce nouveau disque : la musique d’Ebo Taylor conserve la splendeur de l’héritage passé tout en incorporant des textures et des sons nouveaux. Bref, elle est indémodable, tout simplement parce qu’elle n’a jamais suivi les modes.
Yen Ara, sortie le 6 avril 2018 chez Mr Bongo.