Balla Sidibé, le chanteur et membre fondateur de l’Orchestra Baobab est décédé mercredi 29 juillet à Dakar à l’âge de 78 ans. Avec sa disparition brutale, le Sénégal perd une icône, et l’un des plus célèbres orchestres du Sénégal perd son homme-racine.
Balla Sidibé repose désormais au cimetière de Thiaroye en banlieue dakaroise. Les mélomanes et ses collègues du Baobab, qui l’ont vu mardi aux répétitions du groupe, sont encore sous le choc. « Hier, nous étions en répétition à la maison de la culture Douta Seck pour préparer les 50 ans de l’orchestre. Il est parti brusquement« , a réagi Thierno Kouyaté administrateur du groupe. Balla Sidibé était le doyen de l’orchestra Baobab mais il en était aussi le pilier et le gardien du temple. Né en 1942 à Sédhiou (région de Casamance), il débarque dans la capitale au début des années 70 pour intégrer le Star Band. Suite à une scission au sein du groupe cher à Ibra Kassé, Balla Sidibé participe aux débuts de la formation qui deviendra le mythique Baobab avec les Barthélémy Attisso, Oumar Barro N’diaye, Rudy Gomis, Abdoulaye Mboup, Latfi Ben Geloune, Cheikh Sidath Ly ect. Il sera de toutes les aventures et de toutes les vies du fameux orchestre. De la période faste (1970-1983) à leur traversée du désert (1984-2000), jusqu’au retour au premier plan du Baobab en 2001 grâce au producteur Nick Gold et au chanteur Youssou Ndour, Balla Sidibé était celui qui veillait scrupuleusement à l’identité du groupe. Rappelons que pendant cette fameuse traversée du désert du Baobab, Balla Sidibé devint membre de l’African Salsa de son jeune frère et ami de toujours, Pape Fall. Il participa activement aux 3 premiers albums du groupe : KuJaraxam (1995), DoomouNdèye (1998) et Artisanat (2000).
Homme convivial et accueillant, Balla aimait transmettre et partager. Le guitariste René Sowatche se souvient : « Tonton Balla était un excellent conseiller. Il était humble et avait toujours de bonnes idées pour faire avancer les choses. Enfin, il ne manquait jamais de nous raconter des anecdotes croustillantes liées à l’histoire du groupe ou à la musique sénégalaise ».
Chanteur d’un rare talent et remarquable joueur de timbales, Sidibé était un musicien complet. Sa voix imprenable était la formidable ambassadrice des riches sonorités de la Casamance, carrefour des influences mandingues, mandjak et créoles de Guinée-Bissau. La mélancolie joyeuse de ses chansons a bercé plusieurs générations. « Ndiaga Niaw », « Mi Son », « On verra ça », »Sou Sédhiou », « Sama Xool Fatu Joop », « Sutukum », sont autant de chef d’œuvres que Balla Sidibé laisse à la postérité ou encore « Fayinkounko », sorti en 2017 dans l’album Tribute to Ndiouga Dieng du nom d’une autre légende du Baobab, disparue en 2016.
On n’avait pas encore fini de pleurer la disparition d’Issa Cissokho, saxophoniste et autre membre fondateur du Baobab, décédé en 2019, que Balla Sidibé se retire subitement. Une page est entrain de se tourner. Celle des grandes icônes de la musique sénégalaise des années 70. Pour assurer la relève du Baobab, de jeunes musiciens, c’est le cas du chanteur Alpha Dieng (fils de Ndiouga), sont périodiquement intégrés à la formation car, comme ils l’annonçaient déjà dans interview accordée au journal Le Monde en 2007 : « On nous croyait morts, mais un baobab ça ne meurt jamais. Même desséché, il refait de jeunes pousses et renaît. »