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The Pan African Music Magazine
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Kyekyeku et Rocky Dawuni marient le reggae au highlife

Les deux ghanéens célèbrent la beauté et la force de l’Afrique dans cette chanson qui prêche l’unité, en mariant le flow du reggaemen Rocky Dawuni et le groove highlife du guitariste-chanteur Kyekyeku. Le clip d’ « Africa till I die » vient de sortir, une première PAM.

À ma droite, Rocky Dawuni – star ghanéenne connu pour son style baptisé « afro-roots », plusieurs fois nommé aux Grammy Awards. À ma gauche, Kyekyeku son cadet, guitariste et chanteur qui est l’une des figures du revival des musiques qui ont fait briller le Ghana : la palmwine et le highlife. Le premier a longtemps vécu à Los Angeles, le second vit à Bayonne dans le sud-ouest de la France. Tous deux pensent au pays quand ils en sont éloignés, et c’est donc là qu’ils devaient se retrouver. Car la chanson « Africa Till I die »  (L’Afrique jusqu’à ma mort) est d’abord un hymne à cette terre qui fut pionnière dans la reconnexion avec ses enfants disséminés de par le monde. Une terre d’accueil pour toutes les diasporas, et au-delà. 

Qu’on se souvienne, à l’époque coloniale déjà, des contingents caribéens du Commonwealth qui importèrent leur jeu de cuivre et une musique, le calypso, dont l’influence fut patente sur ce qui allait devenir le highlife, la musique de l’indépendance et des années qui suivirent. Tout aussi décisive fut celle du jazz, que les soldats afro-américains stationnés au Ghana durant la seconde guerre mondiale emportaient dans leur paquetage. Et puis, bien sûr, il y eut le Dr Kwame Nkrumah, passé par Londres et les Etats-Unis, qui fut l’un des grands leaders et théoriciens du panafricanisme, et ouvrit les bras aux Africains du monde entier, peu importe où les vents de l’histoire les avaient dispersés. On pourrait continuer cette longue liste par le fabuleux concert Soul to Soul, organisé en 1971 à Accra, qui réunissait des musiciens afro-américains et Ghanéens. Une longue tradition d’accueil, donc, qui se poursuit jusqu’à nos jours. 

Ce n’est donc sans doute pas un hasard si ces deux voix qui ont connu le manque de leur terre natale chantent justement leur continent comme une terre d’accueil, d’autant qu’en ces temps troublés où aucun continent n’échappe aux conflits armés, politiques et sociaux, certains pays d’Afrique soient apparus aux yeux de tous comme des havres. D’ailleurs, durant la pandémie de Covid, combien – Africains ou non, sont venus se réfugier sur un continent qui fut certainement le moins touché, et pour lequel « la distanciation sociale » était vue comme une hérésie. Pour Rocky Dawuni et Kyekyeku, « Africa Till I die » est l’occasion de rappeler la beauté du continent, le prix apporté aux relations humaines, sa résistance au chaos et aux difficultés, transformée en douceur de vivre une fois la paix installée. Une image à rebours du flow d’images catastrophiques généralement véhiculées à l’extérieur.

« Even when they paint you a picture  of starving and hunger
Nobody go fit put asunder
We keep on growing stronger. »

Tandis que Rocky, au bord de l’océan ou sur le toit d’un immeuble, chante la beauté de ce qu’il voit – celle des gens, des lieux, tous enfantés par la mère Afrique, et dont certains sont devenus « des géants » (« Now my people dey stand like giant ») – une manière d’ouvrir sur toutes les réussites des enfants d’Afrique sur et hors du continent. 

Enfin, au-delà du propos, « Africa Till I die » est une réussite sur le plan musical, qui marie le son natif du Ghana, lui-même né de brassages, et le reggae né en Jamaïque et revendiquant ses racines africaines. La rythmique highlife a été ralentie et, en laissant la basse s’épanouir, l’orgue et les cuivres placer leurs ponctuations, offre un parfait écrin pour le chant reggae, sans même un skank de guitare. C’est la plus belle démonstration d’une rencontre réussie, et elle ne pouvait se passer qu’en Afrique.

Kyekyeku + Ah! Kwantou en concert au festival Les Afropéennes, Lomé , Togo (23-25 juin)

Rocky Dawuni en concert au SOB’s, New York, USA 

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