Rumba, éthio-jazz, afrobeat ou rythmes du Wassoulou…les musiques d’Afrique ont rendez-vous au festival Rio Loco, à Toulouse, du 14 au 17 juin.
Du Brésil (Metá Metá) à l’Algérie (Sofiane Saidi), en passant par la Jamaïque (Johnny Osbourne) et le Liban (Bachar Mar-Khalifé), le festival toulousain reste fidèle à sa réputation de port d’attache des musiques du monde. Avec, en plus cette année, une large place accordée aux musiques d’Afrique et même une incursion aux pays de la Rumba. Sélection de concerts à ne pas louper, sur la Prairies des Filtres, en bord de Garonne.
Honneur aux doyens
On l’appelait « Papa Wendo » et sa voix rocailleuse faisait tourner les têtes. Wendo Kolosoy, un des « pères » de la rumba kinoise et de la musique congolaise moderne, est décédé il y a 10 ans. Peu de temps auparavant, ses vieux 78 tours avaient réédités en CD et notamment son plus grand succès, Marie-Louise. Une chanson qui, dès sa sortie en 1948, fit si irrésistiblement danser les deux Congo, qu’on raconta qu’elle pouvait « réveiller les morts » (il partit d’ailleurs se mettre quelque temps au vert pour échapper au courroux de l’Eglise catholique).
Avant de disparaître à l’âge de 83 ans, le leader originel du Bakolo Music International, l’avait prédit : ses musiciens feraient une dernière tournée internationale à l’âge de… 80 ans ! Nous y voici. C’est donc un concert en forme de baroud d’honneur qui s’annonce, ce jeudi, en ouverture du Rio Loco. Celui du plus ancien groupe de rumba congolaise encore actif à Kinshasa. S’il n’a jamais cessé de composer de nouvelles rumbas et annonce même la sortie imminente, 70 ans après son premier enregistrement ( !), d’un nouvel album, le Bakolo Music International (les « pionniers de la musique » en lingala), promet de chanter Marie-Louise et d’autres classiques du genre, comme l’irrésistible Philosophie, de Jean Serge Essous, l’un des leaders des Bantous de la Capitale.
Autre orchestre pionner à l’affiche du Rio Loco : Les Mangelepa. Quasi-exclusivement composé de musiciens congolais, il a été fondé en 1976 au…Kenya ! A cette époque, la rumba congolaise dominait les ondes et les pistes de danse presque partout en Afrique et ses membres fondateurs, originaires de l’est de la RDC, n’ont donc eu aucun souci à devenir l’un des groupes les plus populaires de Nairobi et même au-delà. Jusqu’au sommet de leur popularité, au milieu des années 80, la puissance de leur section cuivres et la dimension poétique et douce-amère de leurs paroles en swahili ou en lingala étaient saluées dans toute la sous-région (Ouganda, Tanzanie, Malawi, Zambie et Zimbabwe). En 2016, l’orchestre qui compte toujours parmi les groupes les plus populaires des clubs de Nairobi, part à l’assaut des scènes européennes et enregistre un nouvel album produit par Guy Morley (No-Nation) et distribué sur le label londonien Strut Records. Comprenant quelques-uns de leurs titres les plus célèbres réenregistrés pour l’occasion, Last Band Standing nous replonge dans l’âge d’or de la musique congolaise en même temps qu’il prouve que l’Orchestre n’a rien perdu de sa superbe.
De jeunes formations à découvrir en live, absolument !
L’année 2018 pourrait servir d’année zéro à la jeune scène hollandaise et, en premier lieu, au dénommé Nicola Mauskovic. Déjà batteur du combo hollandais féru de psychédélisme à la sauce turque Altin Gün, le garçon préside également aux destinées de The Mauskovic Dance Band : cinq Hollandais capables d’organiser les mariages les plus enthousiasmants entre afrobeat, cumbia et disco de l’espace. Résultat : un groove terriblement euphorique, qui ne ressemble à rien de connu. Toutes les envies et les goûts de ces doux frappadingues se réunissent joyeusement, dans un tourbillon sonore sans limite où les rythmiques de l’Amérique Latine percutent les lignes claires d’une cold funk tout droit surgie des années 80, où l’Afrique de l’Ouest entre dans une transe orientale teintée de guitares zébrées et de basses qui pulsent. Le premier EP du Mauskovic Dance Band, Down in the basement, est sorti au printemps sur le label londonien Soundway Records. La suite se jouera à l’affiche des meilleurs festivals européens, à commencer par le Rio Loco ce samedi 16 juin. Vous pouvez danser maintenant !
Après Rivière noire, autre trio à succès qui jetait un pont entre le Brésil et l’Afrique, le multi-instrumentiste et chanteur guadeloupéen Pascal Danaë frappe un grand coup avec Delgrès : un trio de blues créole, métissé d’un rock féroce et libérateur. Sur une vieille guitare Dobro, les voix des vieux héros oubliés sont revenus murmurer à l’âme de Pascal Danaë : Louis Delgrès, officier métisse qui combattit jusqu’à la mort les troupes de Napoléon chargées de rétablir l’esclavage en Guadeloupe. Mais aussi Louise Danaë, l’aïeule du chanteur, affranchie en 1841 à l’âge de 27 ans avec ses trois enfants, ou encore le souvenir de ce grand frère aventurier partit trop tôt. Accompagné de Baptiste Brondy à la batterie et de Rafgee au sousaphone (dont la basse débridée semble tout droit venue d’une fanfare de carnaval antillais ou d’une seconde line de la Nouvelle Orléans), Pascal Danaë chante pour la première fois en créole et la magie du blues opère, transformant les souffrances intimes en hymnes à la liberté. Le premier album de Delgres, Mo Jodi (Mourir aujourd’hui) est attendu pour la fin de l’été. On vous en reparle très bientôt.
Retrouvez la programmation détaillée du Rio Loco ici.
Et pour vous mettre en jambes, n’hésitez pas à consulter nos articles sur les artistes qui seront présents au Rio Loco et que nous avons déjà présentés dans ces pages : Oumou Sangaré, Baloji, Mélissa Laveaux, Ebo Taylor, Arat Kilo ou Kokoko.