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The Pan African Music Magazine
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Au IOMMA (La Réunion) : trois filles qui marchent en dehors des sentiers battus par leur père


La 7ème édition du IOMMA (le Marché des Musiques de l’Océan Indien) s’est achevée hier soir sur l’île de La Réunion. Trois filles ont retenu l’attention de PAM. Trois filles de, qui tracent une voie originale loin des sentiers battus par leurs illustres paternels.
 

Tapkal, ou le premier groupe formé par Ananda Devi Peters (La Réunion)

À 40 ans, la fille de l’emblématique poète réunionnais Alain Peters, vagabond stellaire mort trop tôt d’avoir trop bu, trop rêvé et peu dormi, sort du bois. Ou plutôt de la forêt de Tapcal, dans le cirque de Cilaos. Les âmes des esclaves marrons, réfugiés dans les hauteurs pour fuir leurs persécuteurs, ont imprégné ce site devenu d’autant plus mythique que l’épaisseur de la végétation rend son accès impossible. Aujourd’hui, cette forêt donne son nom à Tapkal, un groupe qui prend racine autour des textes en créole et des compositions d’Ananda. Takamba (n’goni) en bandoulière comme son père, celle dont le prénom signifie « félicité » en sanscrit, s’est entourée des musiciens de l’île parmi les plus talentueux de sa génération : Sami Pageaux-Waro (batterie, chœurs), le fils de Danyel Waro ; Gilles Lauret (ukulélé basse, merlin, chœurs), descendant d’une famille de ségatiers ; et Julien Grégoire (claviers, vocoder, flute traversière). Bien décidée à proposer une musique qui s’affranchit des codes et des héritages paternels, c’est d’une voix pétrie de blues qu’elle a livré, avec une sincérité poignante, portée par une basse rythmique rock, sa vision du monde. Pour Ananda, l’heure est venue du lâcher-prise, le « Lasépriz » (l’un des six titres à sortir d’ici fin 2018). Pour les professionnels présents dans la salle du Kabardock, au Port, une artiste vient d’éclore.


Nonku Phiri (Afrique du Sud)

Grande fan de kwaito mais aussi de maloya et de Danyel Waro, la Sud-Africaine Nonku Phiri a, elle aussi, pris son temps. Révélée en 2015 par le hit « Things We Do On The Weekend », chacun des titres rap (sous le pseudo de Jung Freud) ou electro auxquels elle a apporté sa collaboration a fait un carton. Le projet solo de celle qui ambiance les nuits de Jo’burg et du Cap, lui, se faisait attendre : « l’EP devrait sortir d’ici quelques mois, lorsque vous, en Europe, vous rentrerez dans l’hiver et que nous nous irons à la plage » annonce-t-elle, amusée. Veinarde, l’équipe de PAM en a eu un aperçu lors d’un set de 30 minutes au patio du Kerveguen, à Saint-Pierre, malheureusement trop bruyant pour pouvoir l’apprécier pleinement. Il semblerait toutefois que Nonku Phiri ait trouvé auprès de son concitoyen Dion Monti un partenaire et producteur de choix pour mener son projet à bien : « je suis influencée par beaucoup de musiques différents [de Kate Bush aux Blackstreet Boys, en passant par la musique pygmée ; NdA] et je voulais que cela s’entende. » Bien loin du jive de son regretté paternel, Ray Phiri, mondialement connu pour sa participation à l’album Graceland de Paul Simon, son premier EP s’annonce plus élaboré tant dans ses productions (house ou dowtempo) que dans ses textes, chantés an anglais, en venda ou en zoulou. « Nakupenda » (« je t’aime » en swahili) clame-t’elle sur l’un des titres à paraître. Nous aussi Miss Phiri !


Maya Kamaty (Le Réunion)

« Cela aurait trop facile de refaire Santié Papang (2014), j’ai besoin de me mettre en danger, de prendre des risques » confie la « fille Pounia » (du nom d’un des fondateurs du célèbre collectif Ziskakan) au lendemain de son showcase et avant de se produire, ce soir, au Sakifo. L’audacieuse Maya Kamaty a choisi de délaisser l’acoustique de son 1er opus folk-maloya et de faire évoluer en profondeur sa musique. Empruntant aussi bien au dubstep (qu’affectionne particulièrement son percussionniste passé maître ès machines), au hip-hop de Kendrick Lamar ou à la pop de Björk, Maya et sa « clique » de musiciens (à laquelle est venue s’ajouter un batteur) ont réussi l’équilibre parfait entre l’organique (kayamb, tambours malbars) et l’électronique. Avec un deuxième album album sonne le temps de la confirmation, on dira ici de l’épanouissement. Maya a trouvé son son et c’est avec un plaisir communicatif qu’elle en a fait la démonstration au Kerveguen (Saint-Pierre) : conquis, le public est resté pandiyé (« suspendu » en créole, titre de l’album à venir) à sa voix puissante, capable de toutes les variations. En créole réunionnais, mauricien et même, sur un tire, an anglais, il est question de transe, de famille et bien sûr aussi de son île. Des histoires que l’on vous racontera prochainement par le menu dans PAM.

Photographies de Mikaël Thuillier

Lire ensuite : De l’océan Indien ou du monde entier, la Réunion accueille toutes les musiques 
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