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The Pan African Music Magazine
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À Toulouse, le festival Rio Loco se met à l’heure de l’océan indien

Après une édition 2016 partie à la découverte des mondes celtes, le festival toulousain met cette année le cap sur les îles métisses de l’Océan indien – des Comores à Maurice en passant par La Réunion ou Madagascar.

Du 15 au 18 juin, les bords de Garonne vont vibrer au rythme du maloya, du séga, du tsapiky ou du salegy, des musiques chaloupées (et pour certaines revendicatives) où l’Afrique n’est jamais loin. Tour d’horizon non exhaustif d’une programmation ambitieuse qui, si elle accorde une large place à La Réunion (près de la moitié des concerts), met aussi en avant des artistes souvent méconnus en Europe.

Jeudi 15. Le premier soir du festival, direction Tulear d’abord, une ville côtière du sud-ouest de Madagascar. C’est là-bas qu’est né, de la rencontre entre traditions villageoises et musiques modernes africaines, le tsapiky : un véritable hymne à la transe collective dont le groupe Damily est le meilleur ambassadeur. Une famille de cinq musiciens, forcément complice après 20 ans de scène, fondée autour du guitariste prodige qui lui a donné son nom. Une basse dangereuse, une guitare survoltée, une batterie, elle, carrément débridée : un appel à sortir de ses gonds pour oublier la dure réalité quotidienne de Madagascar et transformer la Prairie des Filtres en véritable « bal poussière ».


Damily, ovni malgache

On file ensuite rejoindre le réunionnais Danyel Waro, chantre du maloya, ce blues ternaire hérité du chant des esclaves malgaches et africains. Ses armes à lui : le kayamb, le rouler ou le piker  -les percussions traditionnelles du maloya- et les mots. Cet infatigable militant de la cause créole vient de sortir son septième album studio, Monmon. Hommage aux mères mais aussi à sa terre mère, La Réunion, Danyel Waro y chante ses religions mêlées (malbar, chrétienne) ses épices, sa cuisine et les histoires qui façonnent ses habitants. Sur scène, à ses cotés, son neveu, Jean –Didier Hoareau alias Jidé et, pour le Rio Loco, Carlo de Sacco, l’un de ses fils spirituel et leader charismatique du quintet Grèn Sémé. Le lendemain, le public toulousain découvrira son maloya à la fois novateur et enraciné dans une créolité fertile, entre rock abrasif et slam conscient.

Le deuxième jour de ce voyage insulaire à Rio Loco fera la part belle aux nouvelles voix du maloya, tour à tour sensibles et rageuses. En plus de Gren Semé, deux femmes libres au caractère bien trempé, deux interprètes réunionnaises intenses : Christine Salem et Ann O’Aro. La soirée se terminera par le concert du malgache Eusèbe Jaojoby, maître incontesté du salegy, la musique moderne la plus populaire de la Grande Île. Très dansante, elle porte en son cœur les rythmes de transe qui appellent les esprits chez les Malgaches du Nord de l’île. Jaojoby saura faire guincher, à n’en pas douter, les abords du Pont-Neuf qui enjambe la Garonne et domine la Prairies des Filtres où se produira le roi du salegy.


Madagascar toujours avec l’énergie furieuse du quatuor rock The Dizzy Brains.

L’essence du garage est là, pure : guitare, basse, batterie et chant furieux suffisent à prendre aux tripes. Un choix musical en parfaite adéquation avec les textes de leur premier album à l’international Out of the cage, sorti l’année dernière. En malgache et en anglais, les Dizzy Brains disent les maux qui rongent leur pays chéri : la corruption, le manque d’argent et de perspectives. Ils refermeront la troisième soirée du Rio Loco, ouverte avec les treize voix hypnotiques de Deba, un chœur de femmes intergénérationnel venu de Mayotte et qui se poursuit avec le combo de vétérans du séga,  Kool Kreol Konektion. Un projet inédit hors des frontières de l’île Maurice qui fait revivre le séga empreint de soul et de funk des années 70, redécouvert l’an dernier grâce au succès de la compilation Soul Sok Sega (Strut Records).

Dimanche, dernier jour de réjouissances avec, entre autres, un projet mené par Rosemary Standley, une partie de son groupe (le délicieusement rétro Moriarty) et la chanteuse rock Marjolaine Karlin : Wati Watia Zorey Band. L’an dernier, ces « zoreys » (blancs débarqués de métropole et dont l’oreille, dit-on non sans malice à la Réunion, a tendance à rougir sous le soleil des tropiques) livraient un magnifique album de reprises du poète Alain Peters, disparu en 1995 et dont la figure hante encore l’imaginaire réunionnais. Un unique concert au Cabaret Sauvage à Paris avait suivi, rien depuis. Wati Watia Zorey Band relance donc la machine. Avec cette vidéo du titre Caloubadia (une ré-interprétation version western du titre original publié en 1981) et avec une série de concerts. Le premier au festival Rio Loco le 18 juin.

Bien connus des habitués du Rio Loco et des auditeurs de France Inter, les MCs de L’Afrique enchantée et leur orchestre, « Les Mercenaires de l’ambiance », viendront clore ses quatre jours de festivités accompagnés d’un all-stars d’invités : le malgache Rajery, et sa harpe de bambou (valiha) et les réunionnais Danyèl Waro, Christine Salem, Ann O’Aro, Jidé Hoareau et Bernard Joron. Avec « Le Bal de l’Afrique enchantée plonge dans l’Océan Indien », le maloya réunionnais prend les couleurs du blues malien, retrouve ses ancêtres malgaches et s’acoquine avec la morna que chantait la capverdienne Cesaria Evora.

Un projet à l’image du Rio Loco : populaire, festif et fédérateur.

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