Ambassadeur rémois de la scène global bass et membre du collectif parisien Croustibass, Niz nous projette aux quatre coins du monde avec son PAM Club ayant comme seul ligne de mire : vous faire travailler votre cardio.
Originaire de la ville des sacres, Niz est un véritable couteau suisse du monde la nuit. Tour à tour DJ résident à Quartier Libre (Reims), programmateur et régisseur général, cet insatiable passionné ne lésine ni sur les efforts, ni sur les bonnes idées lorsqu’il s’agit de célébrer les métissages culturels. C’est au détour de la vingtaine qu’il commence à manipuler les platines, par la biais de la culture soundsystem jamaïcaine et britannique. Depuis,il est à l’origine de plusieurs rendez-vous incontournables pour les amoureux de la sono mondiale dans sa ville natale, dont font partie ses soirées Get Tropical. De part sa curiosité tout azimut et en sa qualité de fin connaisseur de la bass music sous toutes ses latitudes, Niz a déjà pu partager la scène avec des pointures telles que King Doudou, La Famille Maraboutage, Amor Satyr, Max le Daron, sans oublier le héros local Vanyfox pour ne citer qu’eux. Et parce que le partage est un trait de caractère qui le définit bien, Niz retrace son parcours de DJ et nous en dit plus sur les inspirations derrière son set à haut potentiel tonifiant ci-dessous.
Peux-tu nous raconter ton parcours en tant que DJ ?
Niz : Si je me suis mis au mix c’est parce que j’ai toujours été attiré par la fête en général. J’ai écouté beaucoup de musique et je suis beaucoup sorti avant de mixer. J’ai de nombreuses influences finalement, que ce soit en étant enfant avec la dance music jusqu’au rap français et américain de la grande époque, qui m’ont bercé jusqu’à une bonne partie de mon adolescence, avant d’aller vers d’autres styles de musiques électroniques, un peu plus proches de la culture reggae/soundsystem, notamment anglaise. Toutes ces influences musicales, on les voit souvent pratiqué sur scène par des DJs finalement, par du live aussi mais surtout par des DJs et j’aime bien cette partie de la fête. C’est ce qui fait qu’à un moment j’ai eu envie d’y aller. Je n’ai pas joué d’instrument étant enfant mais j’ai baigné dans un monde musical quand même parce quand j’étais petit, je traînais dans un festival de folklore international à Reims, où je naviguais entre des musiciens et des danseurs du monde entier. Je pense que ça m’a influencé toute ma vie. Ça m’a nourri pour qu’à un moment je me dise : “Je m’y mets, c’est à mon tour”.
Comment s’est formé le collectif Croustibass, auquel tu appartiens, et quelle est sa philosophie ?
N : Ça fait quelques années maintenant que j’ai intégré le collectif Croustibass. C’est un collectif qui s’est créé dans les années 2000 à peu près, qui a quasiment 15 ans. Il s’inscrit complètement dans la culture de la bass music anglaise, que ce soit notamment la jungle, drum & bass, puis le côté garage/UK bass. C’est la base du collectif qui a proposé ces influences sur la scène parisienne assez tôt finalement. On avait des résidences à l’époque au Batofar, des passages à la Java, quelques salles comme ça qu’on connait tous très bien. À un moment, le collectif s’est aussi nourri d’influences dancehall, qui était déjà un peu présente avec la jungle. Il y avait aussi des influences brésiliennes. Il y a eu des croisements avec le collectif Patamix, tenu par Trimaps et DK, qui s’est associé à Croustibass à l’époque pour un moment. Et c’est de là que sont nées les soirées Get Tropical (soirées afro tropical à Reims, ndlr), on est dans les années 2009 à peu près. Ils se sont associés et mutualisés pour garder l’identité Croustibass, qui est celle qui a le plus de notoriété sur Paris parce qu’historiquement ils sont là depuis longtemps. On est aujourd’hui composé d’une quinzaine de DJ’s, on a tous nos influences. Certains très rétro-tropical, d’autres clairement jungle/drum & bass, d’autres reggaeton/dancehall et avec tout ça on compose et on essaye de proposer des soirées avec un éventail assez large des musiques électroniques mondiales.
Qu’apportes-tu musicalement dans le collectif ?
N : J’ai une grosse touche dancehall un peu transpirante, de part la culture dub qui m’a beaucoup porté. Notamment dans l’utilisation des effets, bien que je ne sois pas un grand fan des effets, mais en tout cas ce sont les sirènes, les ragga horns, les dub horns qui font un peu mon truc. Et un gros Sean Paul avec une grosse ragga horn pour moi ça marche à tous les coups tu vois. (rires)
P : Qu’est-ce que t’inspire l’effervescence et l’essor à l’international des scène musicales électroniques locales comme l’amapiano, le baile funk, le reggaeton ou dans une moindre mesure la batida ?
N : Je regarde ça avec beaucoup de curiosité mais finalement avec beaucoup de plaisir, parce que moi je l’ai entendu quand je jouais ces sons-là il y a déjà quelques années, on me disait : “Tu joues un son de niche”. Pour moi, c’est une force de la mondialisation, tout n’est pas bon dans la mondialisation, mais il y a des barrières culturelles qui se sont baissées. Il y a des ponts qui existent aujourd’hui, qui n’existaient pas avant et qui font du bien. Moi ça m’en fait en tout cas. De voir que le reggaeton, le hip hop et les musiques électroniques puissent coexister dans des morceaux, qu’ils me touchent moi parce que je connais les cultures d’origines c’est une chose, mais que ça puisse toucher le grand public je trouve ça bien parce que je suis persuadé qu’il faut proposer de la richesse au grand public qui consomme de la musique à la radio.
Quand je parle de grand public, c’est parce que je pense qu’une majorité de la population prend ce qu’on lui donne, sous forme de consommation passive. Et finalement, de me dire que ce que je peux aller chercher dans certains morceaux quand je fais un mix, en connaissant l’histoire derrière ces influences, puis de le voir apprécier par des gens qui ne vont pas faire ce travail là, je me dis c’est déjà une avancée pour leur ouverture d’esprit. C’est un synonyme d’ouverture et je suis pour l’ouverture (rires).
P : Peux tu nous parler de ton PAM Club ? Quelle était ton inspiration derrière ton set ?
N : C’est un mix que j’ai pris le temps de travailler. Il y a des nouveautés qui n’en sont plus tout à fait mais c’est pas grave, pour moi ça marche toujours bien. J’ai fait le choix de partir sur un rythme un peu posé, un peu dembow qui sonne là que comme une intro et derrière on passe sur d’autres rythmiques avec une cadence plus élevée. J’avais envie de proposer une entrée en matière qui me parle. Ce dembow c’est ce qui m’a amené à la global bass music, la tropical bass music, c’est ma porte d’entrée à moi et j’avais envie de le proposer là. Après dans ce set, j’ai choisi des titres de certains artistes qui reviennent souvent, qui me parlent beaucoup et qui renvoient à la culture de PAM aussi. On retrouve Vanyfox, qui est un copain local de Reims, Gafacci, des artistes comme le Québecquois Fonté. J’ai mis très peu de remix dans ce set alors que j’aime beaucoup ça mais là je finis par un remix de M.I.A, qui est pour moi une des artistes qui m’a amené vers la sono mondiale. A un moment, M.I.A a fait des ponts entre les cultures, avec Diplo notamment, et ça a été un moment où j’entrais dans cet univers là. C’est une sélection tout en douceur où on retrouve des influences lusophones, afro, un peu orientales à certain moment. j’ai essayé de parcourir au maximum le monde sur une rythmique à 130 BPM qui est là pour faire danser, il n’y a pas de questions à se poser.
P : Est-ce que tu peux nous parler de la scène afro locale de Reims ?
N : La scène locale afro ici à Reims… Je pense que j’étais l’un des seuls à la représenter dans cette culture électronique pendant quelques années. Parce que des rappeurs avec des influences afro existaient et existent toujours sur Reims, mais ça reste quelque chose de niche, pour reprendre le terme. Dans l’esprit des gens, ce type de musique reste trop ancré dans la “world music”, la “sono mondiale » dirait Radio nova, et elle n’est pas encore pleinement validée par le public rémois. Parce qu’on a un public qui peut être un peu frileux d’apparence, en tout cas qui a besoin d’être en confiance et d’être accompagné. A titre d’exemple, pour voir des gens qui arrivent par hasard à l’une de mes soirées et qui ne savent pas trop à quoi s’attendre. Une fois qu’ils sont là, ils se rendent compte de la richesse de toutes ces influences, j’en suis persuadé. Les gens sont vite convaincus et leurs corps parlent rapidement à leur place (rires).
Je pense qu’on a la chance d’avoir un producteur important dans la culture afro, là pour le coup dans la batida, avec Vanyfox, qui a plus de lien avec le Portugal qu’avec la ville de Reims, mais il est tout de même bien implanté. Il y a quand même quelque chose qui pourrait naître à Reims de tout ça. Ce n’est pas à deux que ça se fait mais je me rends compte que dans les collectifs qui jouent des sons plus électroniques et breakés, ces influences sont là. Ces collectifs viennent à mes soirées parfois par curiosité et ils découvrent que ces ponts existent, je peux les convaincre avec un morceau baile funk alors qu’ils sont plutôt d’emblée techno/house. Les esprits sont prêts à changer !
Tracklist :
1. 7 Anos – Progressivu
2. Chicago 86 – Bandicut
3. Olissipo – Rolv.K & Bandicut
4. Ao Som Dos Homens (Gafacci Remix) – Lua Preta
5. Tcha Tcha – Vanyfox
6. Lost Town – Pekodjinn, Vanyfox
7. Toli – Jowaa
8. Woah – Moonshine, Ahadadream
9. Jersey Jalebi – Omar ؏
10. ALIEN – Elguero & Zwart-Wit
11. Jungle – Gafacci
12. Mandela Riddim – Booty Patrol
13. PURSUIT – BJF
14. Charge – Say3
15. Akelarre – La Diabla & Rastronaut
16. Bota Nela – kLap & Mina
17. Favela Madness – Sango feat. MC Delano
18. paruGa – Buarky & Shavozo
19. Ta Tum – M3B8
20. Sentando – M3B8
21. Trombeta – DYNE & DJ D-Tale
22. Outa – Mabrada
23. Jamuna – BJF
24. Hebe – Ckrono
25. Banbile – Fwonte
26. Tout se pa – Fwonte
27. TNGHT & M.I.A. – BAD GOOOORLS (BAVR RMX) – BAVR