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The Pan African Music Magazine
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Bienvenue à FLEE et à sa première parution consacrée au Benga du Kenya

Bienvenu, c’est le mot ! Les quelques mordus qui ont créé FLEE, à la fois un label, un magazine, une « plateforme d’ingénierie culturelle », signent un travail remarquable en braquant nos oreilles et nos regards sur un genre qui fut immensément populaire au Kenya, le benga.

Article publié une première fois le 10 octobre 2017.

Un son qui naît dans la province de Nyanza, sur les bords du lac Victoria, au cœur des années 60, accompagnant le souffle d’espoir de l’indépendance. Kisumu en sera la première capitale, avant que Nairobi et sa River Road n’en devienne le cœur battant, faisant briller le benga au firmament jusqu’au début des années 80.

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FLEE nous raconte l’histoire d’un genre et de ses héros (comme D.O. Misiani, pilier des Victoria Boys puis du Shirati Jazz), de leur ascension fulgurante à leur déclin dans les années 80, quand vint le règne de Daniel arap Moi. Laissés sur le carreau par des producteurs peu scrupuleux, privés de pitance par les pirates, s’enfonçant malgré leur talent dans la misère,  les chantres du Benga ont aussi souffert du souverain mépris des élites kényanes, qui y voyaient – et c’était bien son génie – une musique de ruraux fraîchement débarqués en ville, qui transposaient à la guitare la manière dont on pinçait la harpe traditionnelle nyatiti. Complexe colonial? ou peut-être parce que ce nouveau son allait élargir son public au point de dépasser les clivages régionaux et tribaux.

D.O. Misiani dit le mwalimu (le professeur)

D.O. Misiani dit le mwalimu (le professeur)

Le benga fut ainsi chanté dans toutes les principales langues du Kenya, devenant selon FLEE le vecteur d’une identité musicale populaire et commune, soufflant dans le sens contraire des politiciens qui dans ce pays ont si bien su attiser les rivalités ethniques. Les sanglantes élections de 2007 continuent de hanter les mémoires, et l’inédite annulation du scrutin d’août dernier par la cour suprême, maintiennent le pays sous tension à l’approche du nouveau scrutin organisé fin octobre 2017.

L’idée de FLEE, c’est de faire découvrir et documenter des mouvements culturels, en les éclairant sur leurs origines, les circonstances qui les ont vu se développer, et, finalement, le sens qu’ils ont eu dans la société qui les a portés.

Et le Benga dans tout ça ? Est-il mort ?

Ce qui est sur, c’est que son héritage ne l’est pas. FLEE republie donc sur un vinyle trois petits bijoux d’époque (face A) et leur réinterprétation par des musiciens contemporains d’Afrique et d’Europe. Pour l’accompagner, seize pages fouillées et richement illustrées, où se croisent les éclairages de journalistes, spécialistes (Emmanuel Mwenda) et écrivains kényans (Ondiso Madete), sans oublier le regard d’un amoureux de longue date du benga : le musicologue américain Douglas Peterson.

L’idée de FLEE, c’est de faire découvrir et documenter des mouvements culturels – musicaux en particulier, en les éclairant sur leurs origines, les circonstances qui les ont vu se développer, et, finalement, le sens qu’ils ont eu dans la société qui les a portés.

Et tout ça, en tentant de se tenir à distance des modes qui agitent de manière éphémère producteurs et diffuseurs occidentaux, frénésie des diggers, ou catégories trop figées des musicologues. En termes plus clairs : faire connaître ces musiques pour les faire aimer, introduire à l’esthétique du benga pour la faire apprécier.

On peut être touché par un tableau de maître, mais il prend une toute autre dimension quand on connaît le peintre, son parcours, et ce que sa peinture nous dit de son temps.

C’est le formidable boulot que fait FLEE. À suivre, absolument.

Benga Music (A Signature Genre From Kenya), 9 octobre 2017 via FLEE

Face A : Daniel Owino Misiani, George Ramogi et les Migori Superstars,
Face B : les artistes de la face A revisités par Jaakko Eino Kalevi, Africaine 808, Nik Weston et Rudy’s Midnight Machine.

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