Deux ans après Soutak la musicienne et militante sahraouie Aziza Brahim revient avec Abbar el Hamada, un puissant témoignage, enflammé et poétique.
Aziza Brahim est sans aucun doute l’une des plus belles voix d’Afrique du Nord, qu’elle met au service d’une poésie engagée et sublimée par sa musique métisse. Elevée dans un camp algérien de réfugiés du Sahara Occidental, elle a vécu deux décennies durant en exil, à Cuba, dans un premier temps, avant de rejoindre l’Espagne et Barcelone, où elle vit aujourd’hui. Après « Mabruk » en 2012 et « Soutak » en 2014, la chanteuse présente, le 4 mars, l’album « Abbar el Hamada » (« A travers la Hamada ») où elle dénonce avec élégance l’injustice vécue par les dizaines de milliers de réfugiés regroupés dans des camps de cette étendue rocailleuse désertique à la frontière entre l’Algérie et le Sahara occidental.
Les murs qu’elle évoque dans ses paroles font référence aux fortifications de sable érigées par les autorités marocaines aux confins du Sahara occidental pour empêcher les Sahraouis exilés de revenir sur leurs terres. Comme un message d’espoir, la musique d’Aziza Brahim est, elle, ouverte au monde, imprégnée de musiques méditerranéennes et des sonorités qui fourmillent dans l’Afrique occidentale d’aujourd’hui.
C’est un album que j’ai voulu varié et intense (…) dans lequel les rythmes traditionnels sahraouis (tels que l’Asarbat et le Shaara) se mélangent avec la batterie et des rythmiques d’Afrique occidentale, en particulier sénégalaises, en y ajoutant bien sûr des sonorités méditerranéennes. Aziza Brahim
De la pulsation émanant du désert rocailleux de Calles de Dajla aux inflexions afrocubaines de « La cordillera negra », en référence aux enregistrements des années 70 de Super Rail Band, en passant par l’élégance crépusculaire d’ »El canto de la arena », les textes et la musique d’Abbar el Hamada sont imprégnés de cette quête et de cette soif incessante de trouver le refuge idéal, comme le suggère le titre de cet album lumineux et bouleversant.