Des trésors inépuisables, uniques et excitants ressurgissent du passé pour trouver, ou retrouver leur place dans notre mémoire collective. Trouvailles de sons perdus, pépites expérimentales parfois incomprises de leur temps, ou classiques qui dormaient dans l’ombre : les albums ou chansons réédités sont le plus souvent le fruit du travail de passionnés qui veulent rendre justice à des héros oubliés, en remettant au jour les merveilles dont ils sont les auteurs.
Dans cette sélection, qui assume sa part subjective et sa nécessaire imperfection, sont à l’honneur cette année le maître de la mbira Dumisani Maraire, l’artiste tradi-moderne gabonais Papé Nziengui, la virtuose éthiopienne du piano Emahoy Tsege Mariam Gebru et la guitare hypnotique du kenyan John Ondolo. On retrouve également des compilations thématiques, qui plongent dans les sonorités psychédéliques de l’Afrique, la digital dance music ghanéenne, la culture sonidero du Mexique ou l’impact multigénérationnel des soundsystems , à cheval entre le Royaume-Uni et les Caraïbes. Il y a aussi les rééditions qui célèbrent des anniversaires, comme les 50 ans d’Idris Ackamoor avec The Pyramids ou le demi-siècle de Roforofo Fight de Fela Kuti. Mais la soul moins connue des Staples Singers ou les sessions emblématiques de l’Iftin Band à Mogadiscio méritent également d’être (re) découverts.
À tous ceux qui, comme nous, ont les oreilles curieuses et le goût des épopées, cette sélection de 30 rééditions, classées par ordre alphabétique, est faite pour vous. Elles vous accompagneront jusqu’à 2023, qui nous offrira c’est sûr de nouvelles pépites ressurgie du fond des océans.
Une sélection à retrouver dans nos playlists sur Spotify, Apple Music et Deezer.
Afro Psych: Journeys into psychedelic Africa 1972 – 1977
Various Artists
Africa Seven – 12/08/2022
Dans les années 70, la musique ouest-africaine a connu un virage rock psychédélique, négocié par des groupes de jeunes influencés par les riffs de Jimi Hendrix, Santana ou The Doors mais aussi par la soul et la funlk américaine (avec James Brown comme messie). Épicentre de cette scène émergente, la ville de Lagos était aussi le fief du mythique label Afrodisia, connu pour héberger quelques sorties de Fela Kuti, E.T. Mensah ou Christy Essien. Dès sa naissance en 1972, Afrodisia accueilla dans son catalogue ces artistes capables d’ajouter ces riffs guitares, ces solos d’orgues Hammond et ces lignes de basse funky, apportant une certaine magie psychée doublée d’une énergie rock’n’roll aux genres de l’époque. Les jumelles emblématiques de Lagos, les Lijadu Sisters, le highlife igbo des Oriental Brothers International band ou le groove presque garage d’Aura font partie de cette sélection fine et cohérente de 9 titres s’étalant de 1972 à 1977.
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Antologia, Vol.1
África Negra
Les Disques Bongo Joe — 01/04/2022
Accompagnés par leur curateur expert DJ Tom B, Les Disques Bongo Joe continuent leur travail de recherche autour des sons de São Tomé-et-Príncipe, minuscule pays insulaire d’Afrique à la richesse musicale inversement proportionnelle à sa taille. Le label suisse propose une première anthologie du supergroupe emblématique África Negra, 12 titres sélectionnés sur plusieurs supports sortis entre 1981 et 1990. Formé en 1970 par le boucher de formation Horacio et son ami guitariste Emidio Pontes, África Negra (Afrique Noire) deviendra l’un des symboles absolus du mouvement, amplifié par la révolution des œillets au Portugal, qui conduira l’archipel à l’indépendance le 12 juillet 1975. Sous la pression du pouvoir colonial portugais, África Negra avait même été contraint de changer de nom, mais sa musique, mélange unique de rythmes puxa et rumba, ne rompt pas. Des chansons synonymes d’espoir qui furent enregistrées, faute de place en studio, dans la cour de la radio nationale, face à la mer et devant leurs fans.
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AOMAWA: THE 1970s RECORDINGS
The Pyramids
Strut Records – 15/07/2022
Idris Ackamoor a cette année célébré 50 ans de carrière avec le goupe The Pyramids en sortant non seulement un nouvel album, mais également la réédition d’une partie du répertoire issu des débuts du groupe à l’orée des années 1970. Ce groupe globalisé, qui verra le jour aux États-Unis d’Amérique et répètera inlassablement aux Pays-Bas, eglanera rythmes et mélodies panafricains au gré de ses voyages au Ghana, Zimbabwe et autres territoires : il représente l’épique fusion du funk et du jazz nord-américains associés aux sons d’un groupe littéralement nomade. À ses débuts, ici compilés, le groupe s’imprègne de mythologie africaine et sonne les cousins Sun Ra ou Don Cherry. Cette réédition est une véritable fenêtre ouverte sur le studio d’un groupe qui, bien qu’encore jeune et déjà au sommet d’une carrière longue de cinquante années, n’en reste pas moins enthousiaste, virtuose d’une débordante créativité. Rassemblant pas moins de quinze pistes sur trois LP, cette collection n’est pas avare en cadeaux de fin d’année, offrant toutes les prises de studio originales, versions et démo d’un groupe qui deviendra le gagne-pain de ses membres.
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Balka Sound
Balka Sound
Strut Records – 11/11/2022
Cet opus rassemble 15 titres, dont le classique « Ah Lusialala ». Sur un air trépidant et à la manière d’un « 1er Gaou » ivoirien, la chanson conte avec humour l’histoire d’un homme affligé, tombé amoureux d’une femme cupide. C’est d’ailleurs de cette ballade en langue bembe que Nbiki Albert tient son surnom « Lusialala ». D’autres titres dévoilent la richesse du son balka. « Wa Yiwou », chant spirituel, loue le dieu des jumeaux en langue teke. « Nia Nia » rend hommage aux mères et aux grand-mères sur une mélodie aux accents rumba… La compilation Balka Sound est un véritable travail de préservation du patrimoine musical congolais. Il s’agit « d’une mise à jour, d’une unification et d’une internationalisation des cultures congolaises », explique Henri Nsika Nkaya, membre fondateur du groupe. Et pour parfaire le legs aux générations futures de cet héritage musical presque oublié, c’est la fille de l’artiste Makila Nsika Nkaya qui assure (entre autres) la curation du projet. Avec cet album, les sonorités balka sont enfin immortalisées.
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Borga Revolution! Ghanaian Dance Music in the Digital Age Vol. 1
Various Artists
Kalita Records — 17/06/2022
Mélange de jazz, de calypso et de rythmes traditionnels, le highlife n’a cessé d’évoluer depuis sa naissance au tournant des années 1920, s’inspirant au fil des époques du swing, du funk, de la soul et du disco. Á la fin des années 70, les coups d’État successifs, les années de dictatures militaires et leur couvre-feux, la crise économique et le taux de pauvreté croissant poussent beaucoup de Ghanéens – dont de nombreux musiciens – à partir chercher une vie meilleure en Europe et aux États-Unis. Influencés par la musique occidentale et les machines, ces artistes expatriés développent alors le « burger-highlife » et envahissent les ondes ghanéennes durant plus de deux décennies. Kalita consacre une compilation à ce phénomène en sélectionnant à la fois des artistes emblématiques du genre et des groupes plus obscurs, tous protagonistes de ce passage historique à l’ère numérique.
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Disco Reggae Rockers
Various Artists
Soul Jazz Records – 29/09/2022
Soul Jazz Records rassemble sur deux LPs les enregistrements disco-reggae qui font suite à la déjà culte compilation Hustle! Reggae Disco. On retiendra notamment l’interprétation géniale par Devon Russell du « Move On Up » de Curtis Mayfield, la version ultra-sirupeuse du « It’s My House » de Diana Ross par Risco Connection (également disponible sur la compilation dédiée au groupe jamaïcain exilé au Canada, incluse dans notre sélection 2022), la reprise par Valerie Harrison du « Fools Paradise » de Meli’sa Morgan, et la réinvention par Hortense Ellis du tube de Candi Staton, « Young Hearts Run Free ». Un disque qui convoque les vibes des îles sur un dancefloor disco haut en couleurs, poursuivant la mise en lumière d’un genre récemment redécouvert.
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Drive Unlimited
The Drive
Gallo Records Company – 15/07/2022
Pas facile de trouver des informations sur cette pépite disco-jazz enregistrée par le groupe sud-africain The Drive. Initialement sorties en 1975 sur Gallo Records, ces huit pistes funky et mouvantes naviguent à vue entre les ambiances sirupeuses et sensuelles de « God Bless Your Soul » et l’afro-funk tragico-groovy de « Ain’t Sittin’ Down Doin’ Nothin ». Si l’on ne devait en garder qu’un, ce serait sans aucun doute « Tears of Joy », parfaite combinaison de ces deux pôles sonores. La réédition de l’album de ce groupe formé par Adolphus « Bunny » Luthuli était la meilleure façon de redonner une seconde vie à ces hits désormais intemporels.
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Dumi-Maichi-Na Chi-Maraire & Nyunga Nyunga Mbira
Dumisani Maraire
Nyami Nyami Records – 6/05/2022
Né en 1944, Dumisani Maraire fut pionnier dans l’exportation de la musique traditionnelle du peuple Shona au-delà des frontières du Zimbabwe. Quittant son pays natal pour les États-Unis à la fin des années 1960, il y familiarisa les étudiants nord-américains à la mbira, cet instrument traditionnel des Shona fait de tiges de métal disposées en quinconce et fixées à un cadre de bois ou à une calebasse. Dumisani Maraire et sa famille – son épouse Mau Chi et sa fille Chiwoniso – sont rentrés au Zimbabwe peu après l’indépendance de leur pays où ils enregistreront ensemble l’album Tichazomuona, en 1986. La « Nyunga Nyunga Mbira » a même droit à son propre crédit sur la pochette originale, sans doute à cause de la relation toute particulière que Dumi entretenait avec son instrument. Sa fille, Chiwoniso, alors âgée de 10 ans, est créditée pour sa participation à la chanson qui donne son titre à l’album. Rapidement, elle deviendra elle-même une musicienne reconnue que la toute première sortie du label Nyami Nyami Records mettra à l’honneur avec sa chanson « Zvichapera », qu’elle enregistra peu avant sa disparition en 2013. Une véritable affaire de famille réunie au son de la mbira, par l’un de ses maîtres les plus renommés.
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El Rey De Caribe
Viviano Torres Ane Swing
Palenque Records – 07/03/2022
Né à San Basilio de Palenque en Colombie, Viviano Torres est considéré comme l’un des pionniers de la champeta, style hybride caractéristique de la côte caribéenne colombienne. Dans un pays dominé par la salsa ou le vallenato, Viviano est un musicien qui a toujours défendu le genre, débutant au sein du groupe emblématique Son Palenque. Alors que le style champeta se consolidait à Carthagène, l’artiste se différenciait en créant son groupe Ane Swing, imbibant sa musique d’une large palette d’influences comme le soukous congolais, le mbaqanga sud-africain, le makossa du Cameroun, le highlife ghanéen ou même l’afrobeat et le reggae. Palenque records compile ici les meilleurs tubes de Viviano Torres et son groupe Ane Swing sortis dans les années 80 et 90, racontant alors une partie de l’histoire et de l’évolution de la champeta à travers le son d’une de ses icônes.
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Emahoy Tsege Mariam Gebru
Emahoy Tsege Mariam Gebru
Self-release – 1 juillet 2022
Une bien belle réédition de l’œuvre d’une des pianistes les plus énigmatiques et originales de l’histoire de la musique : Emahoy Tsege Mariam Gebru, née en Éthiopie en 1923. Sa musique se trouve « quelque part entre Erik Satie, Debussy, la musique liturgique de l’Église copte en Éthiopie et la musique traditionnelle locale ». Ce touché de piano si particulier, dont l’enregistrement remonte aux années 1960, est pour le moins émouvant et chargé d’une histoire unique. Grâce aux notes de pochette rédigées par Emahoy elle-même – la musicienne aura vécu une vie tumultueuse partagée entre l’internat en Suisse, la prison de Asinara durant la seconde guerre italo-éthiopienne, et la salle d’études du violoniste polonais Alexander Kontorowicz au Caire – on retrouve le calme quasi religieux que diffuse la musique de la maestra. Au sujet de « Ballad of Spirits », Emahoy écrit : « On sait très bien que l’amour d’une mère représente un sacrifice au profit de ses enfants. Et c’est vrai ! L’amour d’une mère est une forteresse. » Détail notable, les bénéfices de la vente de ce disque seront reversés à sa propre fondation qui œuvre à « utiliser la musique comme un outil pour prendre soin de ceux et celles que la société a abandonnés, ou que les conflits laissent exsangues ».
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Hypnotic Guitar of John Ondolo
John Ondolo
Mississippi Records – 02/09/2022
Depuis 10 ans, le label de Chicago Mississippi Records préparait cette précieuse réédition consacrée à John Ondolo, héros méconnu de la musique est-africaine. Inspiré par l’explosion de la scène pop kényane et du rock importé des Etats-Unis, John Ondolo est toujours resté dans sa bulle, ne quittant sa ferme au pied du Kilimandjaro que pour se rendre en studio à Nairobi dans les années 50 et 60. Contrairement à la plupart des musiciens de sa région, il utilisait la technique des accords ouverts à la manière des guitaristes de blues américains, créant alors des boucles hypnotiques, réceptacles de variations rythmiques infinies inspirées de la musique traditionnelle du peuple Kuria. Cette collection regroupe 12 titres trouvés parmi les rares premiers enregistrements 78 tours de ce guitariste en avance sur son époque.
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Kadi Yombo
Papé Nziengui
Awesome Tapes From Africa – 08/04/2022
Awesome Tapes a réédité l’album Kadi Yombo, l’album le plus réussi de de Papé Nziengui enregistré vers la fin des années 80. Souvent décrit comme le meilleur joueur de harpe ngombi de son temps, Papé Nziengui s’est forgé une réputation au-delà des frontières du Gabon. Il est considéré comme un pionnier du « post-modernisme » gabonais car il associe les instruments modernes – comme la guitare électrique qu’on retrouve dans le titre « Gho Mitsaba Na Voko » – à la musique rituelle tsogho (celle du culte bwiti notamment) . Les dix titres de Kadi Yombo sont construits comme un voyage initiatique pour les non-initiés, comme le décrit lui-même Papé Nziengui.
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La Rebajada de los Sonideros
Saturno 2000
Analog Africa — 15/04/2022
Style méconnu, la rebajada fut inventée par les sonideros, des DJs qui trimballent des sound systems DIY dans les rues mexicaines en jouant des sons cumbia, salsa, ou guaracha. À Mexico, certains d’entre eux ont eu l’idée de ralentir les rythmes colombiens traditionnels pour les adapter aux pas de danse locaux, tandis qu’au Nord à Monterrey, une autre version naissait par accident. Selon la légende, le matériel du sonidero Gabriel Dueñez aurait fait un court-circuit, se mettant à tourner au ralenti pour le reste de la soirée. Devant des danseurs conquis, le DJ développa l’idée et enregistra une série de cassettes piratées de cumbia et porro colombiens ralentis, intitulées « Rebajada » (« ralenti »). Sélectionnés par DJ Lengua, ces 15 morceaux pour la plupart jamais sortis racontent l’histoire d’un style emblématique d’une génération de jeunes Mexicains au look branché, qui venaient chercher dans la danse une échappatoire à leurs dures conditions de vie.
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Le Tioko-Tioko
Idrissa Soumaoro, L’Eclipse De L’I.J.A.
Mr. Bongo — 13/05/2022
L’album Le Tioko-Tioko est initialement enregistré à Radio Mali sous l’égide du bluesman Boubacar Traoré en sa qualité d’ingénieur du son. Il est ensuite distribué de manière sporadique via l’Union Malienne pour les Aveugles à Bamako (UMAB). Fort heureusement, le label britannique Mr Bongo s’est évertué à dénicher ces titres oubliés. En 2017, la compilation The Original Sound of Mali éditée par le label comprenait déjà deux titres de l’album. On y retrouvait « Nissodia » (joie de vivre, en bambara) et « Fama Allah » (une ode à Dieu). La chanson-titre dansante « Nissodia » avait même bénéficié d’un remix en 2020 de l’ancien batteur et chanteur des Beastie Boys, Mike D, également édité par Mr. Bongo. C’est au tour de l’album complet de revoir le jour, 45 ans après sa sortie initiale, dans l’espoir de toucher un public plus large.
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Lèspri Ka : New Directions in Gwoka Music from Guadeloupe 1981-2010
Various Artists
Time Capsule / Séance Centre — 28/01/2022
Les sélectors Brandon Hocura et Cédric Lassonde s’intéressent à l’âme sonore de la Guadeloupe en condensant 30 ans de musique gwoka en 10 titres sélectionnés avec soin. La compilation n’est pas seulement centrée sur l’histoire de ce gros tambour appelé gwoka, instrument symbolique de la résistance face à l’esclavage, mais elle raconte surtout la manière dont les musiciens ont innové autour de ce genre ancestral. D’abord faits de chants et de percussions, cette musique ancrée dans les pratiques musicales, rituelles et sociales des esclaves africains et de leurs descendants a muté pour accueillir des atmosphères jazzy, funky ou électroniques. Les chanteurs et chanteuses y véhiculent de puissants messages d’indépendance sur des arrangements psychédéliques et dansants rarement entendus en dehors de l’île. Des artistes pionniers comme Gaoulé Mizik, Gui Konket ou Kalindi Ka conjuguent alors culture traditionnelle créole et innovation dans ce double LP indispensable.
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Life Between Islands
Various Artists
Soul Jazz Records — 28/01/2022
C’est l’une des compilations les plus éclectiques de la liste : Life Between Islands chez Soul Jazz est inspirée de l’exposition du même nom que le musée de la Tate Britain a organisée cette année, explorant ici plus précisément les liens entre les musiques caribéennes et britanniques depuis les années 1950, comme le souligne le sous-titre, « Soundsystem Culture : Black Musical Expression In The UK 1973 – 2006 ». L’album rassemble un line-up de stars du genre, dont Dennis Bovell, Shut Up and Dance, Cymande, Digital Mystikz, Brown Sugar, Funk Masters, Janet Kay, et Ragga Twins. Que ce soit l’impressionnante logorrhée jazz de Harry Beckett sur « No Time For Hello », le classique et rare dubstep de Digital Mystikz ou le succulent disco-rocksteady de Dee Sharp sur « Rising To The Top », cette compilation est une visite guidée exhaustive de la culture du soundsystem sur plusieurs générations.
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Mawood
Abdel Halim Hafez
Wewantsounds — 02/12/2022
Wewantsounds réédite finalement Mawood, une des pierres angulaires de la musique égyptienne, enregistré en 1971 par le légendaire chanteur arabe Abdel Halim Hafez. Notoirement samplé par Jay-Z sur « Big Pimpin », Hafez est ici montré dans sa facette live, accompagné de son orchestre au grand complet, au premier rang duquel Omar Khorshid à la guitare. L’album mélange la musique traditionnelle arabe à l’instrumentation et au groove typiques des années 1970. « Mawood » compte parmi les titres classiques intemporels de Hafez, composé par le non moins légendaire Baligh Hamdi. Enfin réédité pour la première fois depuis des décennies, ce double LP est une nouvelle preuve que le groove égyptien mérite d’être redécouvert.
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Mogadishu’s Finest: The Al-Uruba Sessions
Iftin Band
Ostinato Records — 18/11/2022
Mogadishu’s Finest: The Al-Uruba Sessions est le fruit de sept années de recherches des artistes et de restauration des cassettes, effectuées par Vik Sohonie et Nicolas Sheikholeslami. À l’éclatement de la guerre civile en Somalie dans le début des années 1990, les enregistrements ont quitté l’Al-Uruba, le fameux hôtel dont le club faisait la réputation des nuis de la capitale somalienne, et qui comprenait un studio d’enregistrement. Les cassettes ont alors voyagé aux quatre coins du continent, de Nairobi à Djibouti en passant par Dubaï, et même plus loin à Londres. Cette collection du travail de l’Iftin Band est donc une occasion exceptionnelle de redécouvrir l’une des époques les plus marquantes de l’histoire de la musique somalienne moderne. Les 13 titres de la compilation Mogadishu’s Finest sont des fables, des contes et des morales qui parlent souvent d’amour : de coup de foudre (« Wiilkii Aan Ku Waashee »), de passion (« Sig Sig Nima ») et de peine de coeur (« Kurbo Jaceyl »). Chaque chant est une précieuse fenêtre vers le passé et la vie des contemporains de l’Iftin Band. Mogadishu’s Finest : The Al-Uruba Sessions est disponible depuis le 18 novembre.
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Rhythm of the City
Pluto Shervington
Arabusta Records – 04/11/2022
A l’origine de la réédition du rarissime Já Bô Corre D’Mim du Capverdien Tchiss Lopes, Arabusta records s’intéresse à un artiste jamaïcain pour sa seconde sortie. Né à Kingston, Leighton « Pluto » Shervington a démarré la guitare de façon précoce, rejoignant des groupes comme The Presidents, The Hurricanes ou Tomorrow’s Children. Après quelques tubes reconnus dans son pays et à l’international, il se lance logiquement dans une carrière solo avant de déménager à Miami en 1977 pour échapper aux secousses politiques qui sévissent en Jamaïque. Dans cet album sorti en 1988, les vibrations urbaines, la vision technologique et la vie nocturne de la Cité Magique sont alors contées en musique par un savant fou du reggae qui n’hésite pas à en malmener les codes, en y injectant des éléments funk, disco et boogie.
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Risco Version
Risco Connection
Strut Records – 01/07/2022
Strut rassemble une compilation de singles et « versions » reggae-disco de Risco Connection, méticuleusement sélectionnés par le batteur et producteur du groupe, « Drummie » Joe Isaacs, à l’époque sortis sur Black Rose – le label de Drummie au Canada – et enregistrés au studio Integrated Sound de Toronto. « Avec Risco Connection, on cherchait à innover en composant des chansons à la croisée de la disco et du rocksteady, avec les paroles adaptées. Ça a été difficile d’obtenir une bonne distribution internationale à cette époque, mais les gens ont quand même accroché notre son. » Chacune des pistes est soutenue par un groove contagieux qui marie subtilement le meilleur du reggae et de la disco, le tout soutenu par le jeu classique de musiciens et vocalistes habitués des sessions en studio. S’ouvrant sur le plus gros tube de Risco Connection, « Ain’t No Stopping Us Now » – un classique des célèbres fêtes « Loft parties » de David Mancuso – l’album est un voyage sans heurts sur l’autoroute des bonnes vibes. Une pépite disco du passé… aucunement passéiste.
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50th Anniversary: Roforofo Fight
Fela Kuti
Partisan Records – 19/08/2022
Pour célébrer les 50 ans des albums parmi les plus mythiques du pionnier de l’Afrobeat Fela Kuti, Partisan Records réédite la discographie d’Aníkúlápó en vinyle, l’occasion de redécouvrir l’oeuvre d’un des artistes les plus révolutionnaires d’Afrique. La série de rééditions inclut l’important Roforofo Fight, qui dénonce – en pidgin – l’oppression, l’exploitation des classes pauvres et ouvrières par les élites et la violence de son époque. Et afin d’assurer la pérénnité de l’oeuvre du roi de l’afrobeat en version physique, le label publiera également les albums Afrodisiac (1972) et Shakara (1973).
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Saudade
Marcos
Groovie Records / Comets Coming — 15/02/2022
Les lisboètes de Groovie Records et leur sous-division Comets Coming apportent leur pierre à l’édifice du patrimoine funaná en sortant des oubliettes l’album Saudade du mystérieux Marcos. Spécialiste du disque rare et des pépites afros et latines, le label réédite pour la première fois cet album aussi généreux qu’introuvable. Auto-produit et enregistré dans un studio portugais en 1984 avec des musiciens mythiques comme Paulino Vieira ou Chibanga, Saudade est un disque de pur funaná qui va droit au but, sans synthétiseur, uniquement claviers, guitares, basse et batterie. Sur des arrangements funky, jazzy, et aux influences parfois reggae, Marcos nous balade de sa voix rassurante tout au long de ses six morceaux à découvrir d’urgence.
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Sharayet El Disco
Various Artists
Arabesquo / Wewantsounds — 03/06/2022
Né à la fin des années 80 en Égypte, Arabesquo s’est donné pour mission de dénicher ces pépites égyptiennes aux influences américaines, passées dans l’oubli. Sharayet el Disco est le fruit de ce travail de recherche. La compilation parue le 3 juin regroupe certains des titres les plus populaires de cette époque, qui pour la majorité d’entre eux, n’avaient jamais été gravés dans la cire du vinyle. Cet album fait suite aux rééditions des albums Giant + Guitar du rockeur égyptien Omar Khorshid et Khalik Hena de la diva algéro-libanaise Warda que le label Wewantsounds avait déjà publiés, et confirme l’expertise du label pour les trésors pop nord-africains.
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Siempre Afro-Latino
Los Kenya
Olindo Records — 27/05/2022
Le label britannique Olindo Records – à qui l’on doit les dernières sorties d’Isaac Sasson, Waaju ou Raúl Monsalve y los Forajidos – se lance dans un travail de réédition via sa sous-division Música Infinita et propose une perle afro latine avec cette édition limitée de Siempre Afro-Latino, album de Ray Perez et Los Kenya sorti à l’origine en 1968 sur Velvet. Pianiste et chef d’orchestre, Ray Perez a sorti de nombreux albums à la fin des années 60, période fertile pour le genre salsa, avec des groupes emblématiques tels que Los Calvos ou Los Dementes. Après un passage par New-York, il est retourné au Venezuela et a formé Los Kenya avec deux trompettistes et un batteur, une formation minimaliste dans une époque où les big bands étaient rois. En ajoutant une paire de vocalistes à l’équipe, Ray Perez enregistra le son brut, groovy et jovial qui caractérise cette réédition !
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Summer of Soul (… Or, when the revolution could not be televised)
Various Artists
Rough Trade Records — 28/01/2022
Voici la bande-son du documentaire que Questlove a consacré au Harlem Cultural Festival de 1969, avec des pistes de Sly & the Family Stone, Ray Barretto, Nina Simone et B.B. King. Une joyeuse plongée dans un événement qui longtemps fut éclipsé par le célèbre Woodstock Festival qui s’est tenu la même année. Rassemblant soul, jazz, rock ainsi que les sons plus expérimentaux des différents groupes à l’affiche, le festival donnait à entendre l’immense étendue de la créativité noire qui bourgeonna durant cette époque souvent associée à l’état d’esprit du « Summer of Love », nostalgie hippie déjà en voie de disparition. Heureusement, on ne pourra désormais plus ignorer l’influence durable de ces modèles, des plus connus comme Nina Simone, aux moins célébrés comme The 5th Dimension, pourtant auteurs de quelques hits fameux. Une compilation à voir autant qu’à écouter grâce au long-métrage qu’elle accompagne, Summer of Soul, témoignage ciné d’un moment culturel à part.
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The SLAM! Years (1983 – 1988)
Hamid El Shaeri
Habibi Funk — 25/02/2022
Habibi Funk est allé fouiller dans les premiers albums d’Hamid El Shaeri, avant qu’il n’atteigne le statut de superstar dont il jouit aujourd’hui. Selon le label, le joyau synthétique « Ayonha » est instantanément entré dans sa liste de morceaux emblématiques dès la première écoute, et s’est retrouvé compilé sur leur premier recueil de musique arabe sorti en 2017. Cinq ans plus tard, Habibi Funk va au bout de l’idée en rencontrant l’artiste au Caire, un homme humble qui adhère immédiatement à l’idée de rééditer une partie de ses premiers travaux, à l’époque sous-estimés. Cette pépite est donc représentative du groove de l’Hamid El Shaeri des années 1983-1988, période pendant laquelle le prince des synthétiseurs enregistra cinq albums pour le label SLAM !
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The Sounds of S.E. Rogie & Further Sounds of S.E. Rogie
S.E. Rogie
Mississippi Records – 04/02/2022 & 04/03/2022
Ces deux recueils sortis à un mois d’intervalle compilent les meilleurs morceaux de S.E. Rogie, Sierra-Léonais passé de tailleur à l’un des musiciens les plus populaires de l’Afrique de l’Ouest des années 60. Ce chanteur à la carrière flamboyante excellait dans le style Palm-wine, un genre précurseur du highlife né dans les années 1920, également appelé maringa. Réputé pour ses mélodies douces et intemporelles, S.E. Rogie chante ici en plusieurs langues locales, en solo ou avec son groupe The Morningstars, avec qui il a fait le tour du monde avant de décéder sur scène en Russie, en 1994.
Trotamundos del Sabor
Son Palenque
Palenque Records – 23/10/2022
Groupe légendaire fondé à Carthagène au début des années 80, Son Palenque a toujours été une cible de choix pour les diggers, Palenque Records en tête. Le label de Lucas Silva a proposé cette année une nouvelle réédition digitale avec cet album de 1987, pour le plus grand plaisir des amateurs de musique afro-colombienne. Le groupe qui tire son nom de San Basilio de Palenque village intimement lié à l’histoire afro-colombienne d’où proviennent ses membres – s’est forgé un son unique ; la rencontre de la palenquera ancestrale et des rythmes africains ou brésiliens avec la côte caribéenne colombienne comme point d’intersection, le tout boosté par la puissance de la culture des sound-systems.
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When Do We Get Paid
Staples Singers
Luaka Bop – 06/05/2022
Les Staples Jr. Singers faisaient partie de l’avant-garde des artistes de gospel des années 1970, de ceux qui ont osé briser les codes de la tradition pour rendre justice au groove. Lorsqu’ils composèrent ces chansons, une seule question les lancinait : « When Do We Get Paid? » [« Quand allons-nous être payés ? » ; NdT], titre d’une de leurs chansons. « Nous étions si jeunes et si différents des autres », se remémore Edward Brown, un des vocalistes du groupe et un tiers de la famille qu’il forme avec sa sœur Annie et son frère A.R.C., « mais la plupart des gens ne le comprenaient pas ». Les Brown seront touchés par le sort en 1975, lorsqu’un chanteur de gospel en tournée, Joe Orr, les présente à celui qui tenait alors un studio d’enregistrement à Tupelo, aujourd’hui malheureusement désaffecté. Ce personnage, digne de figurer dans une parabole des Évangiles, était simplement connue sous le nom de Big John. La fratrie, alors dans la fine fleur de l’adolescence, sera marquée de la rencontre pour le reste de la vie. immédiatement pour le reste de leur vie. D’ailleurs, quarante ans plus tard et après avoir épuisé trois générations et d’innombrables performances live, les membres originaux des Staples Jr. Singers sont toujours en activité, sur scène quasiment tous les weekends, et forcément en famille. Une seule chose a changé entretemps, leur nom d’artistes : désormais les « Brown Singers », et ce depuis la fin des années 1970.
Disponible ici.
World Spirituality Classics 3 : The Muslim Highlife of Alhaji Waziri Oshomah
Alhaji Waziri Oshomah
Luaka Bop – 23/09/2022
Cet album du Nigérian Alhaji Waziri Oshomah et édité par Luaka Bop, est le troisième volume de la série World Spirituality Classics (après The Ecstatic Music of Alice Coltrane Turiyasangitananda et la compilation de gospel The Time For Peace Is Now). Il compile sept titres mêlant la prière à la danse, la folk locale, le highlife et la pop occidentale. Chanté en anglais, en etsako et d’autres langues locales, les morceaux sont enregistrés sur une période de dix ans, à partir du milieu des années 70, juste après le pèlerinage d’Alhaji Waziri Oshomah à La Mecque. La voix de son épouse et collaboratrice Hassanah peut être entendue dans la chanson « My Luck ».
Disponible ici.